"Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu."
Cinq pains et deux poissons
Sculpture de Luc Vandevelde (pierre)
Le raisonnement de Gamaliel au Conseil suprême, formule ce qui est a posteriori l'une des causes de crédibilité de la foi à l'Eglise: "si leur entreprise vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber." On pense à cette scène pathétique vers la fin du film "La Pourpre et le Noir", de la rencontre du monsignore du Vatican avec l'officier nazi, au Colisée, nuitamment. Aux abois parce que les Alliés vont entrer dans Rome, l'officier a encore comme un pincement d'arrogance, auquel le monsignore réplique: "vous voyez ces ruines? C'est là que vos prédécesseurs martyrisaient mes prédécesseurs: les vôtres ont disparu, mais nous, nous sommes encore là". Loin de tout triomphalisme désormais impossible, la Sainte Eglise semper reformanda, stupéfie par sa capacité à se réformer elle-même; si le rêve des "trois blancheurs" de S. Jean Bosco est clairement daté, gageons que nous verrons encore des merveilles.
Si du moins, pour lire la suite du texte, nous sommes "joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus." On sait l'ampleur des persécutions de chrétiens partout à travers le monde, et curieusement, nous donnons l'impression de penser encore que chez nous, le consensus avec le monde resterait la norme, et même un devoir. De sorte que ce qui nous concernerait le plus directement dans le discours de Gamaliel, ce serait l'avertissement redoutable: "Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu." Comme nous répugnons à "choisir notre camp"! Pourtant, c'est la base du discernement et de la vie spirituelle façon ignatienne: des deux étendards, il faut se ranger sous un seul.
Voilà pourquoi, sans doute, lors de certains moments-clés, le Seigneur Jésus commence toujours par "passer de l'autre côté de la mer", aller de l'autre bord. Ce n'est pas au temps pascal que nous pouvons ignorer les significations profondes de ce passage qu'il nous invite continuellement à faire avec lui: "Sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. Au cours du repas.. sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu.." Voilà ce qu'annonce déjà la multiplication des pains; voilà pourquoi elle se finit pour Jésus: seul, dans la montagne. Alors que le monde en aurait fait son roi. Judas ne l'a pas supporté. Mais nous: apporterons-nous cinq pains et deux poissons, pour qu'il en dispose selon son bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité?
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