DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR

"Il est écrit: je frapperai le Pasteur et les brebis se disperseront."

"Il est écrit: je frapperai le Pasteur et les brebis se disperseront. Quand je reviendrai du séjour des morts, je vous précéderai en Galilée". L'antienne du Magnificat au soir de ce jour résonne de façon toute particulière en ces temps de confinement. Car les moyens numériques virtuels de communication, qui nous permettent d'expérimenter quelque peu les liens spirituels qui demeurent entre nous, ne parviennent pas à masquer la frustration profonde de la situation. C'est que la communion des saints est un mystère de la foi, et par conséquent elle se tient essentiellement dans l'invisible.

De sorte que les paroles nous atteignent au plus profond: le Pasteur est frappé dans sa Passion, et les brebis sont dispersées. Nous reviennent alors en mémoire les fameux numéros 675, 676, 677 du Catéchisme de l'Eglise Catholique, enseignant que l'Eglise devra "passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants"; "Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection". Nous aurions évoqué a priori des persécutions extérieures, selon l'archétype de l'Antiquité chrétienne; pourtant la réalité semble bien là, et nous la vivons dans notre chair selon une modalité improbable.

Mystère de dépouillement, d'abaissement, de "kénose" pour reprendre la deuxième lecture de ce jour (le mot grec inclut aussi le sens de "se vider"): pour ainsi dire une réduction à néant, dans le registre de l'activité apostolique habituelle. Mais lorsque le Seigneur reprend personnellement les rênes, il s'agit de s'en réjouir, et surtout de le laisser faire en lui offrant notre confiance. Et s'il va maintenant à la Mort, il a promis qu'il ressusciterait. Voilà pourquoi les Hosannah s'affichent partout: s'il s'agit pour l'Eglise elle-même de purification intense pour un renouveau véritable, ne manquons pas les conversions les plus profondes qui nous sont demandées. Dans une simplicité déconcertante: c'est Lui Dieu, et non pas nous!

Le Christ Jésus,

ayant la condition de Dieu,

ne retint pas jalousement

le rang qui l'égalait à Dieu.

Mais il s'est anéanti,

prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes,

reconnu homme à son aspect,

il s'est abaissé,

devenant obéissant jusqu'à la mort,

et la mort de la croix.

C'est pourquoi Dieu l'a exalté:

il l'a doté du Nom 

qui est au-dessus de tout nom,

afin qu'au nom de Jésus

tout genou fléchisse

au ciel, sur terre et aux enfers,

et que toute langue proclame:

"Jésus Christ est Seigneur"

à la gloire de Dieu le Père.