18 septembre 2020

Notre Dame des Douleurs

 "Femme, voici ton fils. Voici ta Mère"

Dessin Yves Mathonat (1976)

Marie au pied de la Croix évoque immanquablement pour nous, la tendresse inexprimable de notre consécration par Jésus lui-même à Marie, moyen le plus simple et le plus sûr pour que nous soyons fidèles aux promesses de notre Baptême. Et nous ne pensons pas spontanément que cela se vit pour Marie dans des souffrances telles, qu'elle a mérité le titre de Reine des martyrs sans mourir. Or le glaive qui transperce son âme en cet instant, comme l'ont remarqué les Pères de l’Église, c'est justement la parole de Jésus : Femme, voici ton fils ; voici ta Mère. Par cette parole, en effet, Jésus transfuse dans le Coeur immaculé de sa Mère, l'amour qui est dans son propre Coeur, et il y prend la forme du coeur qui l'accueille, du « récipient » comme disaient les anciens, celle de l'amour maternel. C'est ainsi que la Maternité divine de Marie, conduite à sa perfection par les souffrances qu'elle endurât, pour paraphraser la Lettre aux Hébreux, trouve son achèvement dans sa Maternité universelle.

L'unité du Sacré Coeur de Jésus et du Coeur immaculé de Marie avait déjà affleuré à la surface de l'Histoire à l'instant même de l'Incarnation. Tandis que le Christ entre dans le monde en disant : tu n'as voulu ni offrande ni sacrifice, mais tu m'as façonné un corps, alors j'ai dit voici que je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ; la Vierge Marie dit : je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole. Mais cette unité remonte avant la création du monde, à « un unique décret de prédestination » du Christ et du Coeur immaculé de sa Mère en vertu « d'une grâce venant déjà de la Croix de son Fils ».

En cet instant suprême, l'adhésion éternelle du Fils à son Père se vit dans l'âme humaine de Jésus lacérée par tous les péchés passés, présents et futurs, comme l'obéissance réparatrice, jusqu'à la mort et la mort de la Croix, avec la certitude de sa résurrection qu'il doit absolument garder. Ce que nous croyons être d'une totale légèreté : « de toutes façons, je vais ressusciter dans trois jours », constitue en réalité l'immense défi, la dernière tentation du Christ : nous sommes ici au-delà de la foi. L'âme du Christ s'enfonce dans l'abîme de la mort et la traverse, la transperce et ainsi en devient vainqueur, et elle est encore toute tendue jusqu'à s'ancrer en Dieu, où il devient source du salut pour tous ceux qui regardent vers lui avec foi. Ce que la Lettre aux hébreux affirme, commentée par Benoît XVI-Ratzinger : « Ayant prié dans les supplications et les larmes celui qui pouvait le sauver de la mort, il fut exaucé en raison de sa piété. »

Cela se vit pareillement en Marie, sous les espèces de l'amour maternel, comme la kénose de la foi la plus abyssale de toute l'histoire du genre humain, laissant loin derrière la foi d'Abraham. Car elle a sous les yeux la négation même des paroles de l'Ange : il sera grand, il sera appelé Fils du Très Haut, le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera pour les siècles des siècles. Une plénitude de foi telle, que toute l’Église, pasteurs et fidèles, vient toujours y puiser à longueur de Je vous salue Marie, pour soutenir sa propre foi. Surtout que l'Eglise elle-même est enfantée là à la vie nouvelle, et chacun de ses membres jusqu'à la fin des temps, dans la Mort du Christ et la Compassion, pour nous indicible, de sa Mère : Marie doit regarder ces scélérats, et les Juifs, et les païens, et les Apôtres, et même saint Jean qui est là par qui et pour qui son Fils meure, les regarder désormais comme ses enfants, et les aimer littéralement dans l'amour de son Fils. Marie est bien Mère de l’Église.

Certains évêques, consacrant leur diocèse, ou la ville de Paris, ou la France, pendant ou à l'issue du confinement, aux Coeurs Unis de Jésus et de Marie, ont été en vérité bien inspirés. Car cet amour doit aussi passer dans nos coeurs, et y prendre la forme du « récipient », en l'occurence la compassion tous azimuts que nous vivons tandis qu'on plonge les gens dans le malheur. Compassion qui est dès lors appelée à une conversion crucifiante que nous pressentons peut-être sans avoir le courage même de la penser. Le monde, à l'évidence, se referme sur lui-même, sur sa techno-science, ses ressources et ses moyens à l'exclusion de tout autre, mobilisant les moyens de propagande et de contrainte des Etats modernes, pour tout verrouiller. Il est donc possible que nous soyons peu à peu acculés à la volonté de Dieu la plus fondamentale dans sa rugosité même : seulement offrir des prières et des sacrifices pour la conversion des pauvres pécheurs pendant qu'il est encore temps, et annoncer jusqu'à la fin les récompenses éternelles et la résurrection, anticipées et déjà accessibles ici-bas dans la vie chrétienne et les Sacrements de l’Église.


14 mai 2020

Fin de l'épisode

Avec le déconfinement qui s'amorce, la Vieille Poste réduit la voilure, comme disent les marins. En fait, on ne voudrait pas ressasser jusqu'à plus soif, vox clamans in deserto, avec un peu l'impression d'avoir tout dit, sinon quelques cui-cui et re-cui-cui pour rester dans le cir-cuit:

LaVieillePoste @babass2012
"C'est moi qui vous ai choisis et établis."
Fête de saint Matthias


Ce 14 mai 2020, le Saint Père François a accueilli et promu l'initiative du Haut Comité pour la fraternité humaine, lui-même fruit de la rencontre du Pape avec le grand mufti d'Al Azhar à Abu Dhabi. C'est l'occasion de revenir sur un texte capital pour tout le Nouveau Testament, où saint Paul explique en quoi Jésus est-il notre paix: Ephésiens 2, 13-17.
Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C'est lui, le Christ, qui est notre paix: des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix: en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. (Ep 2, 13-17)
Ce que saint Paul enseigne, ce sont deux choses absolument décisives, dont il nous faut retrouver le goût et prendre la mesure.
Premièrement: les prescriptions juridiques de la loi de Moïse séparent les hommes en deux camps, érigeant entre eux un véritable mur de haine. En supprimant ces obligations, le Christ a fait tomber ce mur. Pouvons-nous, sur l'autorité du Saint Esprit, nous rendre compte de la violence inouïe que représente en effet ce genre d'apostrophe: je ne mange pas ce que vous mangez; je n'entre pas sous votre toit; parce que tout cela est impur, et vous-mêmes qui n'êtes pas circoncis ("purifiés", en arabe) vous êtes impurs! Nous sommes immédiatement divisés au niveau de ce qui est le plus spontanément humain, le partage authentique devient inaccessible.
N'y a-t-il pas alors une contradiction à relever le mur de telles prescriptions, en ayant pour but la paix universelle et le vivre ensemble, en esprit de respect et de fraternité? Contradiction aussi théologique parce qu'elle prend à rebours l'oeuvre que le Christ a accomplie sur la Croix: en relevant à l'envers le premier et immense défi qui faillit faire exploser l'Eglise au commencement. Et puis c'est un peu un reniement de ce que nous sommes: quand à défaut de partager de grandes choses avec les autres, on peut au moins boire un coup avec eux!
Deuxièmement: le Christ fait l'unité des uns et des autres, en les réconciliant tous avec Dieu par sa Croix, où s'offrant lui-même en sacrifice pour les multitudes, il détruit le péché et la mort. C'est cela la paix véritable, il n'y en a pas d'autre. Ne régressons pas à l'esprit de Babel, en nous y mettant tous pour y arriver; alors que le Ressuscité annonce la paix et promet l'Esprit de Pentecôte, magnifiquement exprimé par le Concile Vatican II en clé ecclésiologique: "l'Eglise est en quelque sorte le sacrement, c'est à dire à la fois le signe et le moyen, de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain" (LG 1). En ces temps étranges que nous traversons, méditons l'avertissement navré de Jésus à sainte Faustine: le genre humain ne connaîtra pas la paix, tant qu'il ne se tournera pas vers ma Miséricorde. C'est donc bien Jésus, et Jésus Christ crucifié qu'il faut annoncer à tous les hommes, pour que le monde ait la paix.

Dans une cohérence remarquable et en court-circuit ultra-contemporain, voici les derniers mots de l'Appel pour l'Eglise et pour le monde, de Mgr Vigano et quelques autres, le 7 mai dernier.
"Nous sommes tous appelés à évaluer les faits actuels conformément à l'enseignement de l'Evangile. Cela implique de choisir son camp: avec le Christ, ou contre le Christ. Ne soyons pas intimidés ou effrayés par ceux qui nous font croire que nous sommes une minorité: le Bien est beaucoup plus répandu et puissant que ce que le monde veut nous faire croire. Nous nous trouvons en train de lutter contre un ennemi invisible, qui sépare les citoyens entre eux, les enfants des parents, les petits-enfants des grands-parents, les fidèles de leurs pasteurs, les étudiants des enseignants, les clients des vendeurs. Ne permettons pas que des siècles de civilisation chrétienne soient anéantis sous le prétexte d'un virus, en laissant s'établir une tyrannie technologique haineuse dans laquelle des personnes anonymes et sans visage peuvent décider du sort du monde en nous confinant dans une réalité virtuelle. Si tel est le plan auquel les puissants de la terre entendent nous plier, sachez que Jésus Christ, Roi et Seigneur de l'Histoire, a promis que "les portes des Enfers ne prévaudront pas" (Mt 16, 18).
Confions à Dieu tout-puissant ceux qui gouvernent les nations, afin qu'Il les éclairent et les guident dans ces moments de grande crise. Qu'ils se souviennent que, tout comme le Seigneur jugera les Pasteurs pour le troupeau qui leur a été confié, de même il jugera ceux qui détiennent le pouvoir et qui ont le devoir de préserver et de gouverner leurs peuples.
Prions avec foi le Seigneur pour qu'Il protège l'Eglise et le monde. Que la très Sainte Vierge, auxiliatrice des chrétiens, écrase la tête de l'ancien serpent, confonde et déroute les plans des enfants des ténèbres."

13 mai 2020

Notre Dame de Fatima

AVE, AVE, AVE MARIA!


Aujourd'hui, Notre Dame de Fatima, Notre Dame du Rosaire, Notre Dame des Victoires. Nous avons tout de même un serrement de coeur, en pensant qu'il y a plus de cent ans, la Vierge Marie affirmait, pour notre bien et salut: "Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé". Et en encouragement elle confirmait: "À celui qui embrassera cette dévotion, je promets toutes les grâces nécessaires à son salut." Mais qu'en avons-nous donc fait? Et pour un 13 mai, en pleine pandémie, et avec le battage invraisemblable que nous subissons depuis des semaines et des semaines, où sommes-nous? Quelle motivation?
Comment ne pas constater que nous avons largement mérité ce qui nous arrive et même bien pire encore, si ce n'était la douce pitié de notre Dieu! Un miracle effrayant vu par des dizaines de milliers de personnes, des prophéties d'une précision confondantes à l'ampleur mondiale de deux guerres apocalyptiques, la signature du pontificat de lumière que fut celui de Karol Wojtila devenu saint Jean Paul II, le recoupement avec la Miséricorde divine, confirmé par un centenaire des apparitions partiellement recouvert par le Jubilé de la Miséricorde divine en raison d'une volonté expresse de François, la béatification puis canonisation coup sur coup de François et Jacinthe, en authentification de la dévotion au Coeur immaculé de Marie qui, apparemment, rend saint en deux ans! Qu'avons-nous fait?
Incapables même, en réponse aimante à la demande de Marie, de dire simplement à la fin de chaque dizaine de chapelet: "O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l'enfer, et conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre sainte miséricorde." Autant pour nous-mêmes que pour les pauvres pécheurs. La charité s'est-elle donc refroidie à ce point: ce ne serait pas étonnant, puisque la procède de la foi, comme le Saint Esprit procède du Verbe! C'est en n'hésitant pas à montrer l'atrocité de l'enfer aux enfants, non sans les avoir d'abord assurés qu'elle les prendrait avec elle au Ciel, que la Vierge Marie a obtenu leur généreuse adhésion à cette dévotion de son Coeur immaculé. En tout cas, laissant au Saint Père et aux Evêques du monde entier ce qui les concerne, pour ce qui est de nous, les fidèles du Christ: le chapelet quotidien avec l'oraison jaculatoire à la fin de chaque dizaine, les cinq premiers Samedis du mois en réparation avec confession et communion, les prières et les sacrifices pour la conversion des pauvres pécheurs "au Seigneur pour votre amour, pour la conversion des pauvres pécheurs, en réparation des offenses contre le Coeur immaculé de Marie", et pour le Saint Père.
Avouons que nous ne croyons pas qu'il y ait un enfer, et donc nous n'avons cure de rien; et notre amour de Dieu est purement sentimental ou notionnel, le petit truc qui fait bien dans certains milieux sélects, mais certainement pas existentiel, suspendu tout entier au Salut qui nous vient de Jésus Christ. Pourtant, à nous aussi, Elle a promis le Ciel si nous embrassons cette dévotion comme en "rescue", identique à la Miséricorde divine "comme ultime planche de salut": mais comme nous ne nous déclenchons pas encore, elle va nous montrer un tout petit coin de l'enfer, on le voit peut-être déjà poindre, pour les mieux avertis, et ce sera difficile à supporter, sachons-le. Mais tant pis pour nous: nous pouvions avoir des "croix confites et trempées dans la confiture" comme disait saint Louis-Marie Grignion de Montfort, nous aurons un peu la crainte qui est le commencement de la sagesse, selon l'Ecriture. Pouvons-nous comprendre que nous nous sommes peu à peu barré toutes les routes: nous n'avons plus guère de choix?

D'ailleurs ce que nous lisons dans l'Appel pour l'Eglise et pour le monde est du même tonneau, si l'on ose dire.
"Enfin, nous rappelons, en tant que pasteurs responsables du troupeau du Christ, que l'Eglise revendique fermement son autonomie dans le gouvernement, dans le culte, dans la prédication. Cette autonomie et cette liberté sont un droit inhérent que le Seigneur Jésus Christ lui a donné pour la poursuite de ses propres fins. Pour cette raison, en tant que pasteurs, nous revendiquons fermement le droit de décider de manière indépendante de la célébration de la Messe et des Sacrements, tout comme nous exigeons une autonomie absolue dans les questions qui relèvent de notre juridiction immédiate, telles que les normes liturgiques et les méthodes d'administration de la communion et des sacrements. L'état n'a pas le droit de s'ingérer, pour quelque raison que ce soit, dans la souveraineté de l'Eglise. La collaboration de l'autorité ecclésiastique, qui n'a jamais été refusée, ne peut impliquer de la part de l'Autorité civile des formes d'interdiction ou de limitation du culte public ou du ministère sacerdotal. Les droits de Dieu et des fidèles sont la loi suprême de l'Eglise à laquelle elle ne veut ni ne peut déroger. Nous demandons que les limitations à la célébration des fonctions publiques du culte soient supprimées.

Nous invitons les personnes de bonne volonté à ne pas se soustraire à leur devoir de coopérer en vue du bien commun, chacune selon son état et ses possibilités et dans l'esprit d'une sincère charité fraternelle. Cette coopération, souhaitée par l'Eglise, ne peut cependant être dissociée du respect de la loi naturelle, ni de la garantie des libertés des individus. Les devoirs civils auxquels les citoyens sont tenus impliquent la reconnaissance par l'Etat de leurs droits.

12 mai 2020

"Je vous donne ma paix; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne."


Avec le déconfinement qui s'amorce, nous avons la très grande joie de nous retrouver non seulement dans le Seigneur spirituellement, mais aussi dans la célébration du saint Sacrifice de la Messe et la communion sacramentelle pour ceux qui le peuvent. Et une nouvelle fois, nous constatons que le Seigneur vient nous retrouver par sa Parole exactement dans ce que nous sommes en train de vivre. Ne serait-ce qu'au premier degré: "je m'en vais, et je reviens vers vous". Après deux mois où il nous manquait, nous revoilà avec lui. Et il nous donne sa paix. Ah oui, formidable, mais enfin, pour tout dire, nous restons encore profondément marqués, secoués, ébranlés par ce que nous avons traversé; alors il ajoute "Que votre coeur ne soit pas bouleversé ni effrayé." En fait, nous avons manqué de foi.

Car le Seigneur nous révèle le secret de sa paix. Remarquons tout de même, que le seul fait de sa Parole souveraine devrait nous suffire pour le croire et entrer dans la paix qu'il nous donne. Mais quel est donc le contexte de ses paroles? La Passion vient de commencer: l'enfer est déchaîné, tous les démons sont dehors pour perpétrer le péché le plus grave, le rêve, ou plutôt le cauchemar absolu: atteindre Dieu et le mettre à mort. Et c'est précisément le moment où Jésus affirme: "Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix." d'où lui vient cela? Il le dit clairement à la fin du passage que nous venons d'entendre: "Voici qu'il vient le prince de ce monde: sur moi, il n'a aucun pouvoir. Mais il faut que le monde sache que j'aime le Père et que je fais comme le Père m'a commandé."

Pour recevoir et demeurer dans la paix de Jésus, non pas à la manière du monde, il faut donc deux choses. Premièrement: se détacher résolument du mal; même s'il nous domine, si nous sommes encore dans pleins de péchés, ne pas nous y attacher ni complaire, mais renoncer à tout cela et crier de toute notre âme vers le Seigneur qu'il veuille bien nous sortir de là; refuser toute complicité avec le mal, et au pire le subir seulement, tout tournés vers le Sauveur. Sur moi il n'a aucun pouvoir. Deuxièmement, faire la volonté du Père, obéir aux Commandements, avec confiance et courage. On nous l'avait dit, mais maintenant nous le savons d'expérience: tout ce qui arrive est soit positivement voulu par Dieu, et c'est magnifique; soit permis par Dieu, parce qu'il pourra en tirer un plus grand bien. C'est pourquoi saint Paul n'hésite pas à écrire, sous l'inspiration de l'Esprit Saint: "tout concoure au bien de ceux qui aiment Dieu." On le voit, dans le monde nouveau, comme dans le monde d'avant, on est toujours appelé à la conversion.

Voici la suite de ce que nous lisons dans l'Appel pour l'Eglise et pour le monde.
"Nous demandons instamment aux medias de s'engager activement dans une information objective qui ne pénalise pas la dissidence en recourant à des formes de censure, comme cela se produit couramment sur les réseaux sociaux, dans la presse et à la télévision. L'information correcte exige qu'un espace soit accordé aux voix qui ne sont pas alignées sur la pensée unique, permettant aux citoyens d'évaluer consciemment la réalité, sans être indûment influencés par des interventions partisanes. Une confrontation démocratique et honnête est le meilleur antidote au risque de voir imposées des formes subtiles de dictature, vraisemblablement pires que celles que notre société a vu naître et mourir dans un passé récent."

11 mai 2020

"Il n'a pas manqué de donner le témoignage de ses bienfaits."


Nous nous proposions une sorte de Vigile de Pentecôte, et voici que le discours de Jésus après la Cène, que nous avons comme évangile tous ces jours, voit à travers la Passion, la victoire de la Résurrection et le fruit inouï de son partage jusqu'à nous par l'Envoi de l'Esprit Saint sur l'Eglise, et par elle sur le monde. La communion du Père et du Fils dans l'Esprit Saint pour la vie éternelle: proposition qui peut être formulée sans retouche, pour exprimer aussi bien le mystère éternel de Dieu en sa transcendance, que le mystère du Christ en son Incarnation rédemptrice, et le mystère de l'Eglise triomphante, militante, souffrante; ainsi que le mystère de la vie chrétienne de chacun d'entre nous inaugurée par la grâce pour s'épanouir en gloire si nous persévérons, et la vocation divine de tout homme qui peut devenir réalité grâce à l'évangélisation, par la foi et l'acceptation du Baptême.

Cette splendide coïncidence de la vérité du mystère chrétien, qu'on appelle l'analogie de la foi, propose au niveau de "l'aimer", ce que la philosophie avait su reconnaître au niveau de l'analogie de "l'être": de l'Etre infini, à l'être selon son essence, à l'être en puissance, en acte, substantiel, accidentel, etc. c'est toujours participer de l'être. Nous comprenons alors ceci: ce que Dieu a fait par création, en posant dans l'être, à partir de rien, autant d'image et de participation possible aux splendeurs de sa propre bonté infinie; il a aussi voulu l'offrir, comme en un deuxième temps, en vocation à partager, cette fois, le plus intime de sa propre vie personnelle: son amour.

Voilà pourquoi les Apôtres annoncent la Bonne Nouvelle: "détournez-vous de ces vaines pratiques, et tournez-vous vers le Dieu vivant." Et Jésus dévoile le cercle vertueux qui nous fait entrer dans la vie même de Dieu: "Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c'est celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui." Et encore: "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole; mon Père l'aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure." Quel que soit le point où l'on embarque, où l'on est rejoint par la grâce, on est immédiatement au coeur du Mystère qui nous portera lui-même à la plénitude de sa Communion. 

Mais on peut se retrancher de cette vocation, et refuser son Amour: "Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi: elle est du Père, qui m'a envoyé." Eclairage redoutable et à échelle planétaire, si nous lisons l'Appel pour l'Eglise et pour le monde.
"Nous demandons à la communauté scientifique de veiller à ce que les soins pour le Covid-19 soient promus honnêtement pour le bien commun, en évitant scrupuleusement que des intérêts iniques influencent les choix des gouvernements et des organismes internationaux. Il n'est pas raisonnable de pénaliser des remèdes qui se sont révélés efficaces, souvent peu coûteux, uniquement parce qu'on veut donner la priorité à des traitements ou des vaccins qui ne sont pas aussi fiables mais qui garantissent aux sociétés pharmaceutiques des bénéfices bien plus importants, qui pèsent sur la santé publique. Nous rappelons également, en tant que pasteurs, que pour les catholiques, il est moralement inacceptable de recevoir des vaccins dans lesquels du matériau provenant de foetus avortés est utilisé.

Nous demandons également aux gouvernements de veiller afin d'éviter de la manière la plus rigoureuse toute forme de contrôle des personnes, à la fois par le biais de systèmes de suivi et par toute autre forme de localisation: la lutte contre le Covid-19 -aussi grave soit-il- ne doit pas être le prétexte pour approuver des projets douteux d'entités supranationales nourrissant de très forts intérêts commerciaux et politiques. En particulier, les citoyens doivent avoir la possibilité de refuser ces limitations de la liberté personnelle, sans qu'il soit imposé aucune forme de sanction à ceux qui ne veulent pas recourir aux vaccins, ni accepter des méthodes de suivi et tout autre instrument similaire. Il faut considérer également la contradiction fragrante dans laquelle se trouvent ceux qui poursuivent des politiques de réduction drastique de la population et que se présentent en même temps comme des bienfaiteurs de l'humanité sans aucune légitimité politique ou sociale. Enfin, la responsabilité politique de ceux qui représentent le peuple ne peut absolument pas être confiée à des techniciens qui vont jusqu'à revendiquer pour eux-mêmes des formes inquiétantes d'immunité pénale."

10 mai 2020

"La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle."


Saint Pierre, dans la deuxième lecture de ce Cinquième Dimanche de Pâques, expose magnifiquement le culte nouveau en esprit et en vérité, que nous exerçons par le Christ, avec le Christ et dans le Christ. Ce qui par contraste, nous permet d'apprécier avec plus de justesse, la manière lamentable dont a été traitée la question du culte public dans le cadre des restrictions sanitaires dues à la pandémie du corona virus. On a en effet parlé dans la plus totale indistinction, du mystère même de Jésus Christ, Verbe incarné, vrai Dieu et vrai Homme, à Qui nous associent les actes de notre sainte religion. Le comble est sans doute de considérer que le Corps du Christ eucharistique soit "la" menace, selon les modalités insolubles de sa distribution et de sa réception.

Avons-nous donc perdu à ce point le sens de la dignité chrétienne: pierres vivantes entrant dans la construction du temple éternel où la sainte Trinité, le seul vrai Dieu, le Dieu vivant, reçoit l'unique culte qui lui soit agréable, celui que le Fils rend à son Père dans l'unité du Saint Esprit; et qu'il étend désormais jusqu'à nous das la puissance du même Esprit, par l'onction sacerdotale de son Incarnation rédemptrice: il nous consacre par le Baptême prêtres, prophètes et rois de la nouvelle Alliance, nous donnant de nous offrir nous-mêmes en sacrifices spirituels, don de l'amour en retour pour ce Dieu qui nous a tout donné et s'est donné lui-même jusqu'à nous partager sa propre vie.

On le comprend maintenant, surtout avec l'usure rapide du confinement qui n'en finit pas de finir: la fausse dichotomie entre la communion spirituelle et la participation effective, rituelle, au culte de l'Eglise est en réalité insécable. Car le sacrifice du Christ est rendu réellement présent à la messe, lors de la Consécration: c'est cela la source et le sommet de notre propre offrande spirituelle, que nous joignons à l'offrande de Jésus lui-même en Personne. Là se scelle notre union à lui, dans l'Action de son passage de ce monde vers le Père. Union qu'il nous est donné, quand c'est possible, de vivre aussi sacramentellement en recevant l'Hostie, en mangeant le Corps du Christ.

Autant l'assistance réelle à la Messe est incontournable, autant la communion se prend au vu de la situation et des circonstances: empêchement d'une situation irrégulière, délicatesse de conscience ou crainte révérencielle, conversion différée, délai du jeûne eucharistique, maladie, contagion à éviter, etc. D'ailleurs, l'assistance à la messe est donnée comme de précepte tous les Dimanches et fêtes carillonnées; par contre, la communion sacramentelle n'est commandée par l'Eglise qu'une fois par an après s'être confessé, pour "faire ses Pâques". Telle est la proportion qui devait guider nos réflexions et nos choix.

C'est donc probablement par manque de théologie aussi, qu'on a été dans le tout ou rien en écho aux directives civiles. En réalité, ce qu'il faut garantir essentiellement c'est la participation effective au saint Sacrifice de la Messe, l'exercice du culte public, laissant à la responsabilité du pasteur et de chacun des fidèles, d'envisager la communion sacramentelle selon les situations locales et de chacun, au plan sanitaire, personnel, spirituel. L'avantage quand même, c'est que l'organisation sûre de la participation à la Messe est justement plus facile à assurer que le reste.

Mais le "tout ou rien" indistinct a des effets ravageurs aussi sur d'autres pans de notre activité, comme on peut le lire dans l'Appel pour l'Eglise et pour le monde, du 7 mai dernier.
"Nous croyons aussi que dans certaines situations les mesures de confinement prises, y compris la fermeture des activités commerciales, ont conduit à une crise qui a submergé des secteurs entiers de l'économie, ce qui favorise l'ingérence des puissances étrangères, avec des répercussions sociales et politiques graves. Ces formes d'ingénierie sociale doivent être empêchées par ceux qui ont la responsabilité du gouvernement, en adoptant des mesures pour protéger les citoyens, dont ils sont les représentants et pour les intérêts desquels ils ont l'obligation de s'engager. Il est également nécessaire d'aider la famille, cellule de base de la société, en évitant de pénaliser déraisonnablement les personnes faibles et âgées par la séparation forcée et douloureuse de leurs proches. La criminalisation des relations personnelles et sociales doit également être jugée comme une partie inacceptable du projet de ceux qui favorisent l'isolement des individus afin de mieux les manipuler et les contrôler."

09 mai 2020

"Puisque vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle."


La prédication des Apôtres est à l'origine percutante. Pourquoi celle de notre temps ne l'est-elle plus guère? Peut-être par manque de simplicité, avec la perte du goût (symptôme covid-19, encore un) de la vie surnaturelle. Osons-nous même penser, pouvons-nous nous imaginer dire à des interlocuteurs avec qui nous "dialoguons": "puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle.." L'enjeu de la foi chrétienne, l'Evangile et le Décalogue, est-il selon nous, la vie éternelle? 

Nous abandonnons ainsi les pécheurs, parmi lesquels apostats et impies, et nous ne réjouissons guère les païens auprès de qui nous ne relayons pas vraiment l'appel à entrer dans le Salut, et qui rendraient gloire à Dieu: "tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants." Pouvons-nous déjà confesser à quel point nous nous sommes fourvoyés en ne voyant plus que les enjeux sanitaires au plan le plus détestablement matérialistes ces dernières semaines? Comme le remarquait un prélat bien inspiré: nous sauvons des vies mais en sacrifiant tout ce qui donne du prix à la vie, en particulier la présence humaine et fraternelle auprès des plus vulnérables. Qui se laissent alors mourir, ou plus horriblement qu'on laisse mourir de désespoir dans leur confinement, "pour les protéger". C'est bien l'appel qui retentissait il y a quelques jours.

"Les faits ont montré que, sous prétexte de l'épidémie de Covid-19, en bien des cas les droits inaliénables des citoyens ont été violés, en limitant d'une manière disproportionnée et injustifiée leurs libertés fondamentales, y compris l'exercice de la liberté de culte, d'expression et de mouvement. La santé publique ne doit pas et ne peut pas devenir une excuse pour bafouer les droits de millions de personnes dans le monde, et encore moins pour exonérer l'autorité civile de son devoir d'agir avec sagesse pour le bien commun; cela est d'autant plus vrai que les doutes croissent quant à l'effective contagiosité, à la dangerosité et à la résistance du virus: de nombreuses voix faisant autorité dans le monde de la science et de la médecine confirment que l'alarmisme à propos du covid-19 amplifié par les médias ne semble absolument pas justifié.
Nous avons des raisons de croire -sur la base des données officielles relatives à l'incidence de l'épidémie, et sur celle du nombre de décès- qu'il existe des pouvoirs fort intéressés à créer la panique parmi la population dans le seul but d'imposer de façon permanente des formes de limitation inacceptables de la liberté, de contrôle des personnes, de suivi de leurs mouvements. Ces formes de limitations liberticides sont un prélude inquiétant à la création d'un gouvernement mondial hors de tout contrôle."

08 mai 2020

"Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples?"

Dessin de Henri Daillière

Aujourd'hui, Messe votive pro Ecclesiae defensione en forme extraordinaire, ce qui nous permettait d'avoir en prime, si l'on ose dire, les oraisons de la messe votive du Sacré Coeur puisque nous sommes Vendredi, avec en écho l'oraison du troisième Dimanche après Pâques, excusez du peu!
"Dieu qui par la lumière de votre vérité, éclairez ceux qui s'égarent, pour les aider à retrouver le droit chemin, accordez à tous ceux qui portent le nom de chrétien la grâce de rejeter ce qui est indigne de ce titre et de pratiquer les vertus qu'il exige."

C'est qu'en effet, il nous semble comprendre, que la dimension strictement sanitaire de la pandémie, commence à être derrière nous. Dès lors, les conséquences économiques, sociales et politiques du phénomène pointent sur le devant de la conscience, en même temps que chacun s'éveille à une évaluation plus objective des obligations, interdictions, contraintes qui continuent de peser sur les libertés personnelles et publiques, d'autant plus douloureusement que tant d'incohérences défient la raison. Dans ce contexte, un appel est lancé hier soir 7 mai, avec le retentissement mondial d'une publication en plusieurs langues,"pour l'Eglise et pour le monde, aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté", par quelques cardinaux et évêques, rejoints par un certain nombre de laïcs.

Le ton de gravité n'échappera à personne; la dimension planétaire de l'expression est frappante, parce qu'elle prend le relais de la mondialisation habituellement pratiquée par les locuteurs officiels, celle-la même qui vient de subir le zoom terrible de la Covid-19 (laquelle devrait être traitée grammaticalement au féminin, selon l'Académie Française, puisque le nom du propagateur est pris pour désigner la maladie: voilà qui est fait). L'Eglise, le genre humain: concepts appropriés à une sorte de Vigile de Pentecôte.

"En ce temps de très grave crise, nous pasteurs de l'Eglise catholique, en vertu de notre mandat, considérons comme notre devoir sacré de lancer un appel à nos confrères dans l'épiscopat, au clergé, aux religieux, au peuple de Dieu et à tous les hommes de bonne volonté. Cet appel est également signé par des intellectuels, des médecins, des avocats, des journalistes et des professionnels, qui en partagent le contenu."

07 mai 2020

"Lorsqu'elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS."

Crucifix en cire

Dès lors que l'on a intégré, avec Ratzinger-Benoît XVI, que le Lavement des pieds n'est pas une simple leçon d'humilité, mais surtout la consécration du Sacerdoce de l'Alliance nouvelle et éternelle, on comprend que Jésus qui sert, parle surtout de son sacrifice. Il l'avait révélé déjà au cours de sa vie publique: "le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude." L'imitation du serviteur au Maître ne sera donc pas d'abord morale, mais objectivement donnée dans l'ordination, avec le pouvoir sacré d'agir dans la personne même du Christ, et les grâces de sanctification personnelle dans la mesure où on les mettra à profit. "Moi, je sais quels sont ceux que j'ai choisis, mais il faut que s'accomplisse l'Ecriture: Celui qui mange le pain avec moi m'a frappé du talon."
Encore faut-il bien percevoir, comme nous y aide la liturgie et notamment la lecture des mêmes textes avant et après Pâques à la Messe, que le Sacrifice du Christ accompli une fois pour toutes il y a 2000 ans sur le Calvaire, est indépassable ici-bas. Nous ne pouvons pas sauter tout de go à la Résurrection: et si nous vivons déjà la vie du Royaume, c'est sous les espèces des sacrements que nous recevons en pèlerins. Spe Salvi: nous sommes sauvés en espérance, et il nous faut encore combattre et rester fidèles jusqu'à la mort, pour posséder enfin en plénitude ce qui nous est anticipé dans la vie chrétienne. C'est le sens des paroles de Jésus: "Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu'elles n'arrivent; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS." Autrement dit: elles vous sont données maintenant, pour vous permettre d'y arriver ensuite.
Entré dans le cours du temps, il le surplombe toujours depuis son éternité: et c'est ce que la foi nous appelle à faire aussi, lorsque nous gardons les yeux fixés sur Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Il l'avait dit par avance: "Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même, mais comme le Père me l'a commandé." Le mystère chrétien ne s'épuise pas pour nous dans sa dimension "chronologique": à travers la Croix, jusqu'à la Résurrection. Il nous aborde aussi dans une dimension "théologique" que saint Paul exprime magnifiquement: connaître la puissance de sa Résurrection afin d'avoir part aussi à ses Souffrances.
Lecture des textes avant Pâques: Jésus révèle le mystère de sa Mort et de sa Résurrection, et l'Envoi de l'Esprit Saint, par lesquels il nous a sauvés. Lecture des mêmes textes après Pâques: Jésus nous ramène au mystère de sa Mort et de sa Résurrection, et à l'Envoi de l'Esprit Saint, par lesquels il nous a sauvés. La Croix est le point crucial où le temps et l'éternité se touchent, tout est là, en Acte: les Trois Jours Saints de Pâques sont donc un Passage, un "PASSER", que nous font vivre réellement et à chaque fois, le saint sacrifice de la messe et la communion eucharistique.

06 mai 2020

"Moi, qui suis la lumière, je suis venu dans le monde."


Jésus tire lui-même les conclusions de ses trois années de ministère public, après quoi s'ouvrent dans l'Evangile selon saint Jean, les Trois Jours Saints de Pâques. Et nous pourrions y voir, en ce qui nous concerne, une sorte de conclusion d'une cinquantaine d'années "d'ouverture de l'Eglise au monde", car nous sentons bien que d'une certaine manière nous avons fait le tour de la question, d'autant que un certain nombre de cartes ont été redistribuées, aussi bien dans le monde que dans l'Eglise.
Le bilan commence pour ainsi dire en forme de constat. "Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres." L'Evangile a retenti, le témoignage a été donné: le Seigneur a montré la Miséricorde et mis en oeuvre le salut. Les signes authentifient la mission et l'Envoyé. "Je me suis fait tout à tous afin d'en gagner au moins quelques uns", proclame aussi saint Paul. Ce qui se joue en présence du Christ et de l'Eglise, c'est la question de Dieu, comme jamais auparavant, comme nulle part ailleurs.
Dès lors, la liberté de l'homme est puissamment interpellée, et c'est précisément cela que notre Eglise n'arrive pas encore à regarder en face, parce que la plupart refusent. Jésus, lui, parle pour nous dans une paix souveraine: "Si quelqu'un entend mes paroles et n'y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n'accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j'ai prononcée: c'est elle qui le jugera au dernier jour." En fait, nous sommes terrifiés à l'idée que l'énormité de l'amour du Christ, c'est justement cela qui met le comble au péché, et rend le jugement inéluctable. Nous faisons donc comme si tout le monde allait l'accueillir, et nous voulons reprendre et continuer encore comme depuis le Concile, à n'en plus finir.
Alors que Jésus nous donne le secret de sa paix, à laquelle nous devons nous ouvrir si nous voulons tenir notre poste en ces jours où nous sommes. La source de la puissance avec laquelle il affronte le refus du monde et en triomphe dans le Duel prodigieux célébré à Pâques, c'est sa fidélité au Père; c'est l'obéissance par laquelle il rassemble en un acte unique, celui de son sacrifice, la dédicace de tout lui-même avec une infinie confiance et par amour. "Car ce n'est pas de ma propre initiative que j'ai parlé: le Père lui-même, qui m'a envoyé, m'a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer; et je sais que son commandement est vie éternelle."
Telle est notre feuille de route. Ce n'est plus le monde qu'il faut regarder, ni même à lui qu'il faut parler. Il faut nous river au Christ et nous tourner vers le Père dans l'obéissance de la foi, sachant que cette docilité confiante qui nous dépouille peu à peu de tout nous-mêmes, nous fait entrer dans la vie même de Dieu et participer à la manière dont il a inauguré son Royaume et va manifester son règne. L’orgueil a été vaincu par l'abaissement; la transgression a été réparée par l'obéissance; le mensonge a été rétabli par la vérité. "Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé; la mort a été engloutie par la vie."
"Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l'a dit." Autrement dit, pour nous, nous avons par dessus tout, à être fidèles. Et les mots qui suivent immédiatement dans l'Evangile, sont ceux-ci: "Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. Au cours du repas..

05 mai 2020

"Personne ne les arrachera de ma main."


Messe de S. Pie V, entendre: selon le rite de S. Pie V et le jour de la fête de S. Pie V... Toussa pour ça!
L'occasion, probablement de se dire, dans la suite de réflexions précédentes, qu'il n'appartient pas vraiment aux fidèles de s'étriper pour des questions de liturgie, mais qu'il relève plutôt du ministère pastoral des prêtres de voir ce qui est à faire au regard des signes des temps, de ce dont leurs ouailles ont besoin, de ce à quoi ils ont droit, de ce qu'ils peuvent supporter, de ce qu'il peuvent apprendre et découvrir, de ce qu'ils doivent connaître et transmettre, etc., dans l'immense champ du patrimoine de l'Eglise pour ce qui est du culte public et de la vie chrétienne. A cette droiture du clergé correspondrait la confiance renouvelée des fidèles.
Car nous pouvons nous dire que les deux formes du rite romain sont à la fois relativement semblables et profondément différentes, répondant l'une et l'autre à deux axes majeurs du Mystère chrétien, qui se complètent et ne sauraient être réduits l'un à l'autre; d'où également l'importance d'honorer la cohérence de chaque forme en s'abstenant absolument de les mélanger.
Ce que « la nouvelle messe » met en œuvre, c'est l'Action sacrée par excellence, et tout doit concourir à en manifester la noble simplicité, car elle n'est pas de ce monde : le Peuple saint convoqué par son Dieu, rassemblé dans l'unité du Père et du Fils et du Saint Esprit, à la louange de sa gloire, pour annoncer les merveilles de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière. On incrimine souvent la pauvreté des rubriques et leur flou. Mais la sacralité sous cette forme du rite, s'exprime non pas précisément dans les choses, mais surtout par les personnes elles-mêmes et la Rencontre qu'il leur est donné de vivre : elles sont consacrées par le Christ, qui vient encore à elles comme leur Chef et leur Pasteur, c'est la portée théologique et eschatologique de la venue du prêtre à l'assemblée et qui lui fait face : « Il lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il l'a donné pour Tête à l’Église qui est son corps, accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude » (Ep 1, 22-23) ; le prêtre agit justement in Persona Christi Capitis c'est-à-dire dans la Personne du Christ Tête et non pas seulement en son nom, pour que tous aient part, chacun selon son état, à la triple fonction sacerdotale, prophétique et royale qui est celle de Jésus Christ. Car il n'y a pas d'Eglise auto-suffisante et auto-référentielle. Qui pourrait dire qu'il ne s'agit là de l'originalité absolue du culte chrétien dans toute l'histoire des religions ? La démythification radicale, l'instauration du culte en esprit et en vérité. Tout est de Dieu à Dieu par Dieu et pour Dieu, au point qu'on oublierait, du sein de cette plénitude divine, qu'on est encore sur la terre, qu'il faut mener le bon combat et garder la foi : si l'on est déjà ressuscité en espérance, la Croix demeure indépassable ici-bas.

Or, la forme extraordinaire du rite romain nous donne providentiellement de célébrer une messe « de combat », ciselée contre les effets délétères sur la Foi, de la sécularisation commencée à la Renaissance, dont la pseudo-réforme protestante fut l'accélérateur calamiteux, et dont le monde donne aujourd'hui l'abominable spectacle. Elle concentre donc sur une unique célébration tout l'ensemble de la foi, et répète à chaque pas l'adhésion au mystère de la Rédemption qu'elle donne de vivre en raccourci intégralement à chaque messe. En insistant sur la dimension surnaturelle de la vie chrétienne et la perspective de l'au-delà, ainsi que sur l'expression du sacré par la matérialité ponctuelle des gestes et des rites, elle garantit l'objectivité de la foi tandis que la source empoisonnée de la corruption de tout l'édifice chrétien était précisément le subjectivisme. Dès les premiers mots et jusqu'à la fin sans aucune interruption, elle entraîne littéralement dans le Royaume de Dieu pour y refaire son âme, ce que rendait possible l'usage universel du missel bilingue pour les fidèles, et ensuite revenir à ce monde pour une lutte sans merci contre l'adversaire, pour laquelle notre vigilance est aiguisée instant après instant. Splendide conjuration du sécularisme laïciste, que la lecture après l'envoi et la bénédiction finale, à chaque messe, de l'essentiel du Prologue de saint Jean ! En rentrant de nouveau dans le monde comme le Christ lui-même, à « ceux qui ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme », la Parole annonce encore une fois la victoire de l'Incarnation avant même le combat pascal : « et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire ». D'ailleurs, le retour fréquent des mêmes textes bibliques, et donc le lectionnaire restreint que l'on reproche au missel de saint Pie V pourtant choisi soigneusement et élaboré par des siècles de pratique, sert la vie chrétienne essentiellement militante, puisque à l'évidence il contribue à la mémorisation de la lettre même de l'Ecriture, pour que les textes au fondement de la foi de l’Église dans la Parole de Dieu, soient la possession tranquille de chacun dans son âme. Qui nierait l'efficacité de cette messe pour les temps de persécutions ?


04 mai 2020

"Qui étais-je, moi, pour empêcher l'action de Dieu?"


Plusieurs paroles en forme de court-circuit, dans les lectures de la messe de ce jour.
"Qui étais-je, moi, pour empêcher l'action de Dieu?" stigmatiserait de nos jours un certain cléricalisme dont les réflexions semblent se dérouler plus souvent devant le monde qu'au regard de Dieu. En fait, dans les Actes des Apôtres, c'est pour ratifier l'ouverture de l'Evangile aux païens: l'appel à la conversion et au baptême pour être sauvé, n'est pas réservé à ceux qui pratiquaient la loi de Moïse, mais s'adresse à tous les hommes qui veulent regarder vers Jésus avec foi, car c'est lui qui sauve dans l'effusion de sa grâce et le don du Saint Esprit.
Dès lors, ne mésentendons pas la parole de Jésus lui-même: "j'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos: celles-là aussi, il faut que je les conduise." Toute l'ambiance nous porte à fonder ici le relativisme religieux: peu importe l'enclos, de toute façon Jésus aime tout le monde. Alors qu'il insiste dans ce passage, comme dans beaucoup d'autres, étant donné la difficulté à le comprendre, sur l'ouverture de la grâce aux non-juifs, depuis son Incarnation, et dans sa Mort et sa Résurrection, par l'Effusion de l'Esprit Saint. Tous sont maintenant appelés, personne n'est exclu a priori: mais cela signifie que tous sont concernés, et reçoivent donc le défi d'avoir à répondre, qu'on soit d'origine juive ou païenne. Il affirme d'ailleurs juste dans la phrase suivante: "elles écouteront ma voix, il y aura un seul troupeau et un seul pasteur." On est bien d'accord. Encore faut-il avoir assez de charité pour annoncer l'Evangile à tous, sans paternalisme discriminatoire.
Comment entendre parler du loup, sans nous tourner avec gratitude vers le pape émérite, fidèle et courageux jusqu'au bout, qui avait supplié d'emblée à son pontificat, de ne pas se dérober devant les loups? On en a revu la queue récemment, il se pourrait qu'on en voit aussi les oreilles ou même la gueule. "S'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit; le loup s'en empare et les disperse. Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui."
Le maître-mot est en fait la transfusion de la Charité, que nous célébrerons à la Pentecôte, s'il plaît à Dieu. Elle passe éternellement du Père au Fils dans l'Esprit Saint; elle repose sur le Christ en son Incarnation, le consacrant Souverain Prêtre de la Nouvelle Alliance; Elle est transmise au moment où il consomme son Sacrifice à la Croix; Elle est répandue à la Pentecôte, jusqu'à la Manifestation glorieuse au Dernier Jour. "Ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne. j'ai le pouvoir de la donner, j'ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau: voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père."

03 mai 2020

"Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir."

Dessin de Yves Mathonat (crayon)
pour mon ordination sacerdotale

Ses brebis à lui, il les fait sortir! En temps de confinement qui se prolonge dans l'incertitude, la parole de Jésus nous va droit au coeur. Nous avons bien faits de nous confier essentiellement à lui pour tout ce qui nous concerne. Et nous comprenons comme par instinct que l'appel du Seigneur nous rend libres. D'autant que l'apôtre saint Pierre précise: il est le gardien de nos âmes. Et c'est ce que nous voulons retenir pour cette Journée mondiale de prière pour les vocations.
En fait, nous prions surtout pour les vocations sacerdotales et religieuses, parce que pour tout dire, on avance dans la voie du mariage assez naturellement, pour peu que l'on veuille être sérieux avec l'amour, avec la vie, avec le respect et la dignité de ce que nous sommes, et par création, et par grâce. Les vocations religieuses, en revanche, toutes tournées vers le Ciel, appellent un climat de foi surnaturelle et une grande espérance, dans les familles et dans les communautés chrétiennes, pour pouvoir éclore et aboutir: comme souvent, prière et conversion vont de paire.
Le point crucial, crucifiant faudrait-il dire, ce sont les vocations sacerdotales. Parce qu'elles ne sont pas à recevoir seulement dans la ligne d'un projet de vie pour quelqu'un: elles sont décisives pour l'existence même de l'Eglise et sa vie. Nous n'oublierons jamais les mises au point bouleversantes du pape émérite et du cardinal Sarah dans leur dernier livre Des profondeurs de nos coeurs. Le prêtre étant, non pas un autre Christ, mais le Christ lui-même, mystérieusement présent dans sa Personne, c'est dans l'être du prêtre, avant même son ministère, que le Christ Tête et Epoux vient à l'Eglise pour en faire son Epouse, son Corps mystique et le sacrement de sa grâce en ce monde.
De sorte que l'Eglise tout entière est comme suspendue d'abord à l'appel que Jésus adresse au plus profond des coeurs de ces garçons, et ensuite à la réponse qu'ils donneront en se livrant de tout leur être. Voilà pourquoi nous devons prier, prier, prier. En associant à vrai dire toujours dans un seul mouvement, les prêtres et les séminaristes: parce que c'est un même et unique mystère qui se joue en eux. Le sacerdoce apparaît dans l'étreinte du Christ et de l'Eglise, aux Trois Jours Saints de Pâques: le prêtre ne s'appartient plus lui-même; il est in persona Christi capitis et in persona Ecclesiae; il rend présent le Christ à son Eglise, et présente l'Eglise au Christ.
Le Saint Père parcourait dans son Message pour ce jour, les quatre mots: gratitude, courage, fatigue, louange. Ce ne sont pas tant les étapes d'une vocation, quelle qu'elle soit, mais bien l'unité vivante d'un coeur dont le Christ s'est emparé, et qui s'est laissé séduire.

02 mai 2020

MANIFESTE DE CHARTRES

"Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle."


Au lendemain du Premier Vendredi du mois, qui était aussi la fête de saint Joseph, travailleur, et le premier jour du mois de Mai consacré à Marie, nous célébrons le Premier Samedi du mois, dans le cadre de la dévotion au Coeur Immaculé de Marie. Nous ne pouvons mieux faire que de nous associer au Manifeste de Chartres qui vient d'être publié par plusieurs personnalités: voici enfin la confession publique et le ferme propos de réparer, que nous espérons depuis le début du corona virus. Nous sommes donc fondés à penser que l'épidémie va désormais décroître rapidement, car les perspectives de "l'après" sont enfin éclairées par un regard de foi.
Rappelons, en effet, que "l'expiation" n'a pas le sens détestable qu'on lui attribue généralement. Il s'agit au contraire d'une merveille de la Miséricorde divine, qui, devant notre échec à demeurer fidèlement dans son Alliance, propose "une oeuvre" précise, concrète et accessible facilement, qui servira "d'expiation". Pour la faire, il faudra surtout piétiner notre orgueil, et c'est justement ce qui fait que la plupart du temps, on ne fait pas l'oeuvre demandée, et on reste enfermé dans le mal et nos péchés, car on n'aime pas vraiment Dieu. Mais si nous la faisons, alors le Seigneur la prendra comme satisfaction pour le mal que nous avons fait, et il considérera ce retour comme le commencement d'un acte d'amour, qu'il perfectionnera par sa grâce en même temps qu'il soutiendra notre vie nouvelle.
Telles sont les prières enseignées par l'ange et par la Vierge Marie à Fatima; telle la pratique des Cinq premiers Samedi du mois; telle la récitation quotidienne du chapelet; telles les pratiques de la Miséricorde divine enseignées par le Seigneur Jésus à sainte Faustine et données pour notre temps; telle enfin la consécration au Coeur immaculée de Marie. Le faire précisément ou faire quelque chose de semblable n'a pas la même portée: notre orgueil analyse rationnellement que c'est équivalent et même mieux, de se consacrer au Sacré Coeur de Jésus; mais l'expiation proposée était la consécration au Coeur immaculé de Marie. Nous n'avons pas piétiné notre orgueil, nous ne sommes pas entrés dans l'humilité, en commencement d'amour réparateur par le renoncement à nous-mêmes: caramba, encore raté! Ce qui compte ce n'est pas nous ni ce que nous faisons, mais l'amour de Dieu et ce que Dieu veut: telle est la conversion radicale à laquelle les épreuves nous acculeront le temps qu'il faudra; et que ce Manifeste proclame comme advenue enfin! On remarquera notamment, que contrairement à bien des prières officielles ou pas, on n'y demande pas d'être délivrés du virus surtout, mais on fait la vérité sur nos vies lamentables, et on supplie le Seigneur de nous ramener vers lui, pour vivre désormais selon sa volonté et sa grâce, la seule chose qui compte vraiment aux yeux de Dieu, parce qu'elle nous ouvre la ferme espérance de la vie éternelle.

MANIFESTE DE CHARTRES
Devant les malheurs qui frappent notre pays et le monde entier et ceux plus grands encore qui peut-être nous menacent,

Devant la pandémie qui immobilise nos forces et nous laisse dans une attente impuissante,

Devant la tristesse d’une Église désolée qui ne peut même plus s’occuper de ses enfants,

Nous mettons toute notre confiance en Dieu et dans l’intercession de la Sainte Vierge Marie.

Nous voulons faire un acte de remise complète de nous-mêmes entre les mains de notre Père des cieux, car nous savons qu’il est bon et qu’il aime à pardonner ceux qui reviennent vers lui, il ne se venge pas mais relève et console.

Nous reconnaissons que nous n’avons pas toujours marché droit dans les voies de la justice et de la foi, que nous avons profité de la facilité de la consommation, que nous nous sommes complu dans des biens matériels, que nous avons tout attendu de la technique et lui avons confié nos vies, que nous nous sommes étourdis de bruits et de divertissements, que nous avons pactisé avec la lâcheté, reconnu désormais inévitables les atteintes à la vie et à la dignité du mariage, fermé les yeux sur l’écrasement du pauvre, l’isolement et la détresse des personnes âgées, que nous n’avons pas été fidèles aux rendez-vous que nous fixait l’Église, que nous avons négligé de partager notre foi avec les cœurs qui ont tous faim et soif de la vérité…

Si le Seigneur nous donne un répit et nous permet une existence plus heureuse, nous ne voulons pas continuer comme si rien n’était arrivé,

Nous voulons être fidèles aux appels que Dieu nous adresse par sa Parole révélée, par nos pasteurs, par ses saints, par les messages de Marie notre Mère,

Nous voulons faire à la prière une vraie place dans nos vies, commençant par elle et finissant par elle nos journées, nous voulons sanctifier le Jour du Seigneur, écarter au maximum du dimanche les occupations professionnelles, être assidus à la messe dominicale, même au prix des grands dérangements, nous efforcer de faire du vendredi un vrai jour de pénitence, jeûnant ou au moins nous privant substantiellement ce jour-là. Nous profiterons des églises ouvertespour rendre visite au Seigneur présent au Saint Sacrement. Nous voulons nous avancer vers la sainte communion avec plus de préparation et de respect.

Nous demandons à Dieu la grâce de nous ouvrir à la misère des autres, de ne pas avoir peur de partager notre pain, notre logement et aussi la Bonne Nouvelle du salut que le Seigneur a remise entre nos mains.

Nous répudions les compromis dans lesquels nous avons pu vivre, nous acceptons d’un cœur sincère les enseignements de l’Église sur la chasteté avant le mariage, la fidélité conjugale, la régulation des naissances, le respect de la vie, l’exigence de justice dans les rapports sociaux et avec les populations déplacées, la modération dans l’usage des ressources naturelles….

Sachant notre faiblesse, nous voulons faire un usage plus large et plus profond du sacrement de réconciliation pour repartir au combat et ne jamais nous résigner au mal.

Nous mettons ces résolutions toutes simples sous la protection de notre Mère, la Bienheureuse Vierge Marie, nous voulons faire d’elle la gardienne de l’espérance neuve qui naît aujourd’hui au creuset de l’épreuve.

Grâce à elle, nous savons que notre Église sera belle et lumineuse comme elle et que la France, notre pays, retrouvera quelque chose de sa vocation de fille aînée de cette Église. Une pandémie de grâces est possible…

Avec elle nous demandons au Père d’envoyer bien vite son Fils, pour nous ouvrir les portes du Monde nouveau. Que son Règne advienne ! Maranatha, Seigneur Jésus !

01 mai 2020

"Il ne fit pas beaucoup de miracles, à cause de leur manque de foi."

Ave verum Corpus natum de Maria Virgine,
vere passum immolatum in Cruce pro homine.

L'Hostie, la vraie Croix, l'Enfant dans la crèche: Emmanuel, Dieu-avec-nous, "Je Suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."
Pouvons-nous comprendre en cette atmosphère d'idéalisme philosophique forcené, et dégradé en virtuel même HD, que pour nous l'essentiel de la vraie foi est dans son contenu: le Verbe Incarné, l'Homme-Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ, mort et ressuscité, entré dans la gloire et qui reviendra comme Juge universel à la fin des temps, toujours avec nous comme il l'a promis, Source vivante et substance de tout ce qui est chrétien, de Qui procède incessamement, hier aujourd'hui et toujours, l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la Vie.
La tentation de notre temps pour l'Eglise, comme en ont averti les derniers Papes est celle de l'autosuffisance, de l'autoréférence, au point de penser même se réinventer et se redéfinir elle-même. Une tentation d'orgueil due aux infinies richesses dont son Epoux l'a parée. "Je connais ta conduite: tu as la réputation d'être vivant, et tu es mort. Sois vigilant, raffermis ce qui te reste et qui est en train de mourir, car je n'ai pas trouvé que ta conduite soit parfaite devant mon Dieu. Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu la Parole; garde-la fidèlement et convertis-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai te surprendre. Mais chez toi, à Sardes, il y en a quelques uns qui n'ont pas sali leurs vêtements; habillés de blanc, ils marcheront avec moi, car ils l'ont bien mérité." (Ap 3, 1-4)
C'est là que saint Joseph, protecteur de la sainte Eglise, est un merveilleux modèle par son humilité et un puissant intercesseur par ce qu'il est. Le Saint Père a fait rajouter sa mention au coeur de toutes les prières eucharistiques, achevant ainsi ce que son saint prédécesseur Jean XXIII avait initié sur le Canon Romain. Or il passe dans l'énumération avant les Apôtres, de même que l'Eglise elle-même est précédée par la Vierge Marie, la Mère de Dieu, qui surpasse en dignité toutes les créatures, bien qu'elle soit membre de l'Eglise, le plus éminent, et elle est son modèle quant à la virginité pour la pureté de la foi, et quant à la maternité pour la fécondité du Ministère et des Charismes.
Tout s'éclaire en prenant les choses par le Haut comme le fait saint Paul dans la Lettre aux Ephésiens, le cantique splendide de la prédestination avant la création du monde: Dieu nous a choisis dans le Christ, il nous a connus et aimés, et finalement rejoints et sauvés en Jésus Christ. De sorte que nous n'oeuvrons pas à un progrès linéaire constant que nous mènerons jusqu'à la plénitude du Christ: au contraire, nous découvrons peu à peu la place qui est la nôtre dans le Mystère du Christ déjà accompli, et nous tâchons de la rejoindre par chutes et relèvements avec le secours de la grâce, jusqu'à nous y conformer, nous y couler tout entiers, nous y lover pour l'éternité, car elle est dans son Coeur.
Dans un unique décret de prédestination, Dieu a vu le Christ et sa Mère, selon la lettre du dogme défini par Pie XII; un regard qui s'étend ensuite à saint Joseph et saint Jean Baptiste le Précurseur. Certes, la Tradition d'Orient et d'Occident mentionne le Baptiste d'abord, comme occupant la deuxième place, à droite et à gauche du Christ; mais il n'est pas impie de penser que cela est du en fait à la discrétion de saint Joseph, que le Seigneur se plaît désormais à manifester aux temps modernes. Car si le Précurseur est le sceau des préfigurations anciennes, et la plus ressemblante en sa conception, sa naissance, sa prédication et sa mort; saint Joseph, lui, et malgré son nom de patriarche, a été associé à l'intimité des réalités nouvelles explicites: et il l'a été au titre de sa consécration à Marie: "ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car ce qui est conçu en elle vient de l'Esprit Saint." Après quoi seulement, viennent les Apôtres, les évangélistes, les martyrs et tous les saints; et finalement nous autres, les chrétiens vivants et fidèles défunts.
Tous et chacun, déjà reconnaissants d'être de ce nombre là, suppliant pour le don de la persévérance finale au bon combat de la foi, toujours vivant dans l'espérance très sûre de l'éternité bienheureuse, parce que le Seigneur l' a promis, et qu'il tient toujours ses promesses.

30 avril 2020

"Si quelqu'un mange de ce pain il vivra éternellement."

Peinture de Nadia-Marie Fornerod

En sept versets, le Seigneur Jésus annonce quatre fois la vie éternelle: "je le ressusciterai au dernier jour; il a la vie éternelle; celui qui en mange ne mourra pas; il vivra éternellement". La foi et le Baptême nous ouvrent la route de la communion Eucharistique, gage très sûr de l'éternité bienheureuse dans la communion du Père et du Fils et du Saint Esprit; dont Jésus Christ s'est constitué en quelque sorte l'otage de son propre amour, en se confiant au sacerdoce des prêtres. En vérité, le Discours sur le Pain de Vie est accablant pour la prédication courante, pardon, pour les déclarations ambiantes, et pour la praxis officiellement imposée.
Cléricalisme, quand tu nous tiens! Que faisaient-ils donc pendant les cours d'Ecclésiologie? Tout est à reprendre. Un rappel majeur: il n'y a aucun intermédiaire ecclésial entre l'Evêque et le Collège des Evêques toujours avec sa Tête et jamais sans son Chef. Ainsi, les conférences épiscopales, sont de l'ordre du fonctionnement collectif, et ne constituent pas un échelon de subsidiarité ecclésiale à proprement parler; un conseil permanent n'est pas non plus l'assemblée plénière, seule habilitée à parler "au nom de tous" justement parce que tous y sont présents. De sorte qu'au-delà et en deçà du soutien et des négociations que peuvent mener ces instances pour la liberté de l'Eglise et le bien surnaturel des fidèles, yesss, la responsabilité de l'Evêque pour procurer la vie chrétienne de la portion du Peuple de Dieu qui lui a été confiée reste plénière, souveraine dans le cadre de la discipline universelle, et non transférable: c'est lui qui décide personnellement et comme Chef, de faire ceci et de ne pas faire cela, et en répond au seul Pasteur.
Autre rappel non moins important: les laïcs sont eux-mêmes et au titre de leur Baptême, l'Eglise; tout autant que le sont les clercs, car il y a entre eux une différence non pas de degré, mais de nature, dans la participation à l'unique sacerdoce du Christ et ses trois fonctions sacerdotale, prophétique et royale. Et leur domaine propre, c'est à dire qui leur est confié non pas par délégation de la Hiérarchie mais par le Christ Seigneur, c'est le monde et la vie séculière dans laquelle les engage leur état. On ne doit donc pas les exhorter toujours à prier, mais à s'engager, à s'activer, et promouvoir leurs initiatives et les soutenir dans une sorte d'expertise qu'ils ont, par grâce d'état, pour ce qui concerne l'Eglise dans le monde.
Il est quand même stupéfiant de voir de plus en plus de laïcs réclamer la restauration du culte public, parce que tout leur apostolat est adossé à la vie sacramentelle; et qu'ils ne rencontrent au mieux que de la compassion émotionnelle, au pire l'exigence purement formelle d'obéir, comme on dirait aux enfants d'être sages pendant que les adultes discutent au salon. Mais quand tout cela sera mis en perspective du bilan sanitaire définitif de ce qu'aura été réellement le covid-19?

29 avril 2020

Fête de sainte Catherine de Sienne, co-patronne de l'Europe


Une citation impressionnante de sainte Catherine de Sienne figure dans la dernière page du livre du Pape émérite et du Cardinal Sarah Des profondeurs de nos coeurs (Fayard, 2020). Elle peut nous aider à sentir ce que c'est que la liberté de ton dans l'Eglise, quand on a la foi surnaturelle, et c'est bien ce que la sainte peut nous aider à retrouver en ces temps si particuliers, précisément dans le patronage de sa vigoureuse intercession.
Nos deux auteurs écrivent: 

En ces temps difficiles, chacun doit craindre d'entendre un jour Dieu lui « adresser ces paroles acerbes en manière de réprimande : Maudit sois-tu, toi qui n'as rien dit. Ah ! Assez de silence ! Criez en cent mille langues. Je vois qu'à force de silence le monde est corrompu, l'Epouse du Christ est toute pâle, elle a perdu ses couleurs, parce qu'on lui suce le sang, le sang du Christ qui est donné par grâce. (…) Ne dormez plus du sommeil de la négligence. Faites promptement ce que vous pourrez ». Et ils indiquent en note: Sainte Catherine de Sienne, Lettre 16 (84) à un grand prélat.

C'est revenir sur le quiproquo de la Doctrine Sociale de l'Eglise à propos de l'Europe: la paix et l'unité des nations européennes comme grand corps vivant, forgé au long d'une histoire dont les sources civilisationnelles fécondes sont connues; avec pour expression institutionnelle un corpus de règlements surtout financiers, qui vise surtout la circulation sans obstacle des capitaux, des biens et des personnes, et peine à trouver son épaisseur réellement politique. Le quiproquo aurait pourtant dû être dissipé à l'occasion de la bataille du tandem Chirac-Jospin contre la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution avortée, et qui ne figure pas non plus dans le traité ultérieur de Lisbonne: un déni de réalité tel qu'il ne permet plus en principe d'équivoque.

On remarque souvent dans les déclarations ecclésiastiques, comme si on se faisait un point d'honneur à n'employer que des expressions et des arguments rationnels, disons naturalistes pour utiliser la terminologie théologique précise, accessibles "à toutes et à tous, à chacun et à chacune". Mais il y a là, on s'en rend compte avec le recul du temps, un effet pervers, parce que si la grâce suppose la nature, ce n'est pas la nature qui sauve, mais bien la grâce. Cet effet pervers consiste en une double dérive sur un point capital: celui de la liberté personnelle.

Jusqu'à Vatican II inclus, cela figure explicitement encore dans la Déclaration Dignitatis Humanae (1965) ainsi que dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique qui la cite (1992), on formule toujours la distinction entre la liberté religieuse qui concerne toute personne à la fois comme individu et comme collectivité (d'où liberté de conscience et liberté de culte), et la liberté de l'Eglise parce qu'elle n'entre précisément pas dans ce cadre. Qu'est-ce à dire?

La liberté religieuse est attachée à la nature spirituelle de la personne: elle ne doit pas être contrainte extérieurement de se soumettre à la vérité, mais ne doit y adhérer librement que par la force de la vérité elle-même, reconnue loyalement par la conscience. La liberté de l'Eglise, en revanche, n'est pas attachée à la "nature" de la personne, mais elle est un fruit du "salut" accompli par le Christ par son Incarnation, sa Mort et sa Résurrection: "Si le Christ nous a libérés, c'est pour que nous soyons vraiment libres" (Ga 5, 1). Elle n'est pas précisément la revendication d'une communauté qui voudrait au nom de sa confession s'affranchir de l'ordre commun, par un traitement à part. Elle est beaucoup plus profondément la libération réalisée par la grâce de l'Esprit Saint, de l'aliénation infernale du péché et de la mort, qui tyrannise tous les hommes sous son joug depuis les origines.

Or la première dérive, actée déjà depuis longtemps nous ne pouvons que le constater, c'est que le discours officiel dans l'Eglise, a glissé rapidement d'une liberté à l'autre, et n'envisage plus guère la liberté de l'Eglise qu'au "plan naturel" de la liberté religieuse: comme un culte parmi d'autres; et semblent même se faire une gloire de ne rien revendiquer pour soi-même seulement, comme attitude supposément évangélique. Mais il ne s'agit pas du tout de soi-même: il s'agit du Christ Sauveur et de son rapport à tous les hommes qu'il veut encore sauver; il s'agit de la "dimension surnaturelle" de l'existence, offerte et accessible dans l'Eglise, ses institutions, sa prédication, sa mission, et là seulement. Ce que le monde ne connaît pas ou refuse dans son délire d'auto-suffisance sécularisée, le mandat du Christ ressuscité nous fait un devoir de l'annoncer et de le partager à qui veut s'en rendre digne par la foi.

La deuxième dérive est en train d'advenir sous nos yeux, à l'occasion de la crise dite du covid-19. C'est un nouveau glissement opéré subrepticement dans les déclarations et les comportements de la sidération initiale, et codifié depuis dans les lois d'exception de ces jours funestes: la liberté de culte est désormais réduite à la simple liberté de réunion. Dès lors, elle relève essentiellement et sans appel, de sa gestion par les pouvoirs publics. Ces derniers, dans une optique résolument matérialiste qui fait passer insensiblement le régime, de la laïcité à l'athéisme d'état, propose la consultation éventuelle des responsables concernés, en englobant pêle-mêle le large spectre des opinions philosophiques et religieuses, supposément et a priori consensuelles.

On sait quels fruits ont donné les expériences d’athéisme d'état pour le malheur de l'humanité. Quoi qu'il en soit, si l'on ne revient pas fermement sur cette dégradation de la liberté de culte en liberté de réunion, elle pourrait bien devenir l'un des verrous les plus efficaces que les chrétiens aient à redouter: piétinant la liberté de culte, bafouant la liberté de l'Eglise.

28 avril 2020

"Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir et te croire?"

Notre Dame du Perpétuel Secours

Aujourd'hui, fête de saint Louis-Marie Grignon de Monfort. C'est lui qui enseigne la vraie dévotion à Marie, qu'il a lui-même résumée dans un petit opuscule, "le secret de Marie". Le secret est de se consacrer à Marie, comme moyen le plus sûr, le plus efficace et le plus facile pour être fidèle aux promesses de son baptême. Nous sommes donc au coeur de la foi et de la vie chrétienne. En quoi consiste donc cette consécration? Tout simplement à faire.. ce que Jésus lui-même a fait: s'en remettre totalement à Marie en tout et pour tout. Depuis le premier instant de son Incarnation, à sa Nativité, pour son soin et son éducation, et tout le reste: il a été et a tout fait en elle, avec elle, par elle et pour elle, "à la plus grande gloire de Dieu dans le temps et l'éternité", comme nous le reprenons à notre compte en récitant la consécration que nous propose saint Louis-Marie.
Mais il est aussi celui qui a entrevu les apôtres des Derniers Temps, tout à Jésus par Marie, la croix dans une main et le chapelet dans l'autre, persécutés par tous, mais au coeur ardent et à la parole de feu, instruments vivants entre les mains de celle qui prépare le Dernier Avènement du Christ comme elle fut artisan de sa première Venue, celle que l'Ecriture reconnaît comme plus terrible aux démons qu'une armée rangée pour la bataille.
Toute la prédication de ce missionnaire apostolique, envoyé non pas dans les terres lointaines, mais dans l'Ouest de la France fille aînée de l'Eglise, selon les mots du Pape à qui il venait demander où il devrait se dévouer, reposait sur la méditation des mystères du Christ et la récitation du rosaire quotidien. Précisément ce que Marie est venue demander lors de ses apparitions à Fatima, qui dominent encore les temps où nous sommes. Tandis que François nous recommande spécialement le chapelet ce mois d'Octobre, reprenons docilement et en totale humilité et confiance, les prières que la Vierge a demandées;  nous en remettant à elle, quant aux intentions et quant aux fruits. Car il devient en effet évident même à ceux qui ne sont pas fins observateurs, que ce n'est plus vraiment le covid 19 qui nous menace au premier chef, mais bien ce qu'il a provoqué et à la faveur de quoi un certain nombre de pions sont avancés sur le grand échiquier de l'histoire humaine.
Saint Louis-Marie Grignon de Monfort, souligne, pour montrer l'unicité de son secret, que cette dévotion va plus loin que toute pratique spirituelle dans l'Eglise, parce qu'elle consacre à Marie même "la valeur de nos bonnes actions passées, présentes et futures", c'est à dire le trésor le plus intime d'une âme, à savoir ses mérites de grâce en vue de son éternité bienheureuse. S'en remettre à Marie même de cela, c'est réellement s'être dessaisi de tout soi-même en absolue confiance, et c'est pourquoi cette dévotion est un chemin rapide et sûr de la plus haute sainteté: qui imaginerait que la Vierge Marie ne soit la patronne la plus apte à savoir quelle est la volonté de Dieu et la plus puissante à la réaliser dans une âme?