Peinture originale de Nadia-Marie Fornerod
Prône
à la Supplique pour le retour du roi, Pontmain le 17 juillet A.D.
2023
"Le
Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il règnera
sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin." Nous
nous enorgueillissons d'être fils de ce royaume, non pas qui s'est
consacré au Christ, mais que Jésus Christ s'est suscité pour
exercer par lui sa souveraineté temporelle, comme il s'est donné
l'Eglise romaine pour exercer son pouvoir spirituel. C'est ainsi que
le roi de France, était lieu-tenant du Christ à partir de son
sacre, par analogie aux Evêques, dont la plénitude du sacerdoce à
partir de leur sacre, s'exerce in persona Christi Capitis, dans la
Personne même du Christ.
"Etait"
et non pas "est"? A l'imparfait, oui, parfaitement! Car le
droit divin s'est évanoui en France, lorsque le roi lui-même jura
fidélité à la Constitution. Certes, le roi martyr expia ensuite sa
faute dans son propre sang, car c'est bien le Christ que l'on voulait
anéantir en immolant sa personne et en s'acharnant sur sa famille.
Mais l'acte au plan officiel et public demeure, et pratiquement
personne encore aujourd'hui, et malgré l'effondrement sans précédent
de notre pauvre pays, n'envisage qu'il faille y revenir.
Or Jésus
Christ n'a pas renoncé à sa royauté sur la France, comme il ne se
résigne pas à ce que sa Croix soit rendue vaine pour trop d'âmes
qui se perdent. Il a donc fait dire au roi, par Sainte Marguerite
Marie Alacoque, que son Coeur Sacré soit brodé sur ses étendards.
Louis XIV, pourtant Dieudonné, ne le fit pas. Lorsque Louis XVI
promit de le faire, dans son testament de Noël, il n'était plus roi
et n'avait plus que sa pauvre vie à offrir pour que la France ne
pérît point. Napoléon III s'attira cette apostrophe cinglante du
futur Cardinal Pie, archevêque de Poitiers: si ce n'est pas le
moment pour le Christ de régner, ce n'est pas non plus le temps pour
les régimes de durer. Et ce fut le désastre que l'on sait, mieux
que partout ailleurs, ici à Pontmain. La dernière tentative du
Christ, sans résultat non plus, fut qu'il envoya Claire Ferchaud à
Poincaré, avec de quoi le convaincre personnellement, et cette
promesse hautement politique: la France sortira vainqueur de la
Grande Guerre et redeviendra la première nation du monde. Le
président ne fit rien ; et d'autres surent se rendre présents
tels les ouvriers de la onzième heure, pour engranger les moissons
et présider à une paix qui ferait d'eux, effectivement, la première
nation du monde pendant un siècle, au prix de combien de guerres,
après la der des ders?
Nous
n'hésitons pas à juger sévérement tous ces dirigeants. Mais ne
les accablons pas pour autant: car ils ont pour circonstances, non
pas aggravantes mais atténuantes, d'être pris dans les filets de la
politique, lesquels font que des décisions nécessaires et bien
fondées, peuvent apparaître comme humainement impossible, si ce
n'est dans un acte de foi héroïque dont ils n'ont pas été
capables. Or qu'en est-il de nous-mêmes? Le gouverneur de la Charte
de Fontevrault s'adresse aux pèlerins de la Supplique pour le retour
du roi avec de plus en plus d'insistance, et doit encore nous écrire:
il est intimement convaincu que nous devons joindre aux prières de
la Supplique, ici à Pontmain, les actes d'une pénitence non pas
seulement personnelle, comme c'est le lot de tout chrétien en cette
vie de combat spirituel, mais aussi collective, officielle, publique,
en réparation du reniement de la royauté de droit divin, qui fut
lui aussi public, officiel, collectif.
Nous
reprochons à nos chefs successifs d'avoir refusé cet acte
d'expiation somme toute dérisoire, de faire broder le Sacré Coeur
espoir et salut de la France, sur les drapeaux redevenus ainsi ceux
du seul vrai roi, ouvertement confessé et reconnu. Refus quelquefois
brutal, auquel n'a pas manqué l'arrogance confondante de gens
d'Eglise butés, plongeant les peuples dans le malheur jusqu'au
comble de l'horreur et de l'abjection, qui nous prennent désormais à
la gorge et pouraient bientôt nous engloutir. Que faudra-t-il donc,
pour que nous acceptions de faire pénitence, c'est-à-dire, pour
parler latin, de faire demi-tour, ou pour parler grec, de nous
convertir: non pas seulement à titre personnel, mais officiel et
public, comme en représentance de tous les habitants du royaume?
Après
tout, prière et sacrifice pour la conversion des pécheurs, c'était
déjà dans les demandes de Notre Dame à Fatima: et les deux petits
enfants qui l'ont fait avec générosité et jusqu'à l'héroïsme,
sont devenus saints en moins de deux ans. Prière et sacrifice à la
miséricorde divine comme ultime planche de salut, c'était le Petit
Journal de soeur Faustine Kowalska: mis à l'index par l'Eglise, puis
propulsé sur les devants de la scène par l'archevêque de Cracovie
devenu pape, lequel canonisa sainte Faustine, et authentifia sa
spiritualité en mourant au cours de la Vigile de la fête de la
Miséricorde divine qu'il avait lui-même instituée, selon ses
demandes.
Mais
aurons-nous, en plus, assez de foi, assez d'humilité, assez de
courage et de cran, sommes-nous suffisamment conscients des
circonstances absolument exceptionnelles que nous traversons, pour
accepter de renoncer à notre volonté propre, et être comme dit
saint Paul, livrés en spectacle à Dieu, aux anges, et aux hommes?
Sortirons-nous de notre mutisme pour dire loyalement, clairement, à
temps, à contre-temps et à tous, y compris aux prêtres, qu'il n'y
a d'autre espoir et salut de la France que dans le Coeur Sacré de
Notre Seigneur Jésus Christ? Ou bien abandonnerons-nous les peuples,
canards sans tête qui répandent partout leur propre sang en vain,
dans les guerres les plus sauvages, les guerres civiles? Voulons-nous
plutôt porter l'emblême du Coeur de Jésus Christ sur notre
personne, étendards vivants? Ou revêtir une étole, châle, foulard
ou mantille, par modestie et en signe de deuil, comme Notre Dame de
Pontmain elle-même, jusqu'à ce qu'il règne à nouveau sur nous?
"Le
Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il règnera
sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. Bienheureuse
celle qui a cru aux paroles qui lui furent dites de la part du
Seigneur."
Basclergeensabots
Nous allons maintenant faire réparation au Verbe incarné, le Christ notre roi, en récitant le Psaume 50 : psaume de David, son aïeul, après que celui-ci ait péché avec Bethsabée, ce qui l'a conduit au meurtre et à la félonie, puisqu'il fit porter la lettre de condamnation à mort par le mari trompé; avec la complicité servile des chefs de l'Armée, envers l'autorité devenue arbitraire.
Nous récitons en alternant les versets, clergé et fidèles, en représentance de tous les habitants du royaume: acte de souveraineté que nous exerçons au titre de notre consécration baptismale.
"Pénitence publique de la Supplique pour le retour du roi, en représentance de tous les habitants du royaume.
Pitié, Seigneur, car nous avons péché.
Pitié pour moi, mon Dieu dans ton amour, etc."