"Parce que tu ne m'as pas refusé ton fils."

La liturgie a quelquefois des court-circuits qui ouvrent d'immenses perspectives. C'est ainsi qu'avec l'évangile de la Transfiguration pour le deuxième Dimanche de Carême, nous avons cette année.. le sacrifice d'Abraham en Gn 22. De sorte que nous passons brusquement de la lumière de la Transfiguration aux ténèbres de la Passion. Ça c'est pas mal puisque cet évangile est mis au début du parcours quadragésimal, justement pour nous acheminer peu à peu à une plus grande union au Christ qui va donner sa vie pour nous; et ainsi nous disposer à renouveler les promesses de notre Baptême au cours de la nuit pascale. Mais surtout, nous sommes soudain centrés sur le Père, qui n'a pas épargné son Fils pour nous sauver. A cause de son trop grand amour, s'exclamera quelque part saint Paul. Le dialogue bouleversant entre Abraham et son fils Isaac a été coupé dans la première lecture, mais nous le connaissons par coeur, et il nous suggère la splendide lucidité et magnifique obéissance du Christ, amour du Fils bien aimé en qui le Père se complaît.. et il ne voit plus nos péchés, dit saint Thomas. Abîmes de la Charité trinitaire exposés sur la Montagne!

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

 "Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent."

C'est l'originalité déconcertante du christianisme. Mais qu'en faisons-nous? Un idéal irrejoignable, éventuellement donné comme la grâce des grâces, aux martyrs que nous tâchons résolument de ne pas risquer de devenir? Mais c'est le B. A. BA de l'enseignement du Maître, on est au tout début de l'Evangile, c'est juste sa mise en bouche avant de passer à la nourriture solide! Car nous n'avons même pas lu la fin du verset, ni ceux qui suivent: afin d'être les fils de votre Père qui est au Cieux. Autrement dit, c'est notre grâce et notre engagement depuis notre Baptême! Il y a un problème? Oui, évidemment: c'est que nous mettons la charité avant ou sans la foi, alors qu'elle procède de la Foi comme le Saint Esprit procède du Verbe et de son Père. Si nous croyons que nous sommes fils de Dieu, réellement et plus vrai que notre mort même, puisque nous sommes ensevelis avec le Christ et ressuscités avec lui, cachés avec le Christ en Dieu, alors évidemment nous regardons tout homme comme Dieu lui-même et chacune des Personnes de la Sainte Trinité le voit: un pécheur à sauver s'il est possible, un potentiel compagnon d'éternité. Voilà pourquoi il propose cette comparaison déjà à partir de l'ordre créé: la pluie et le soleil sur les bons et sur les méchants.. Si j'étais mon ami du Puy, j'évoquerais ce t-shirt que l'on porte quelquefois fièrement en Bretagne à ce propos.. mais lui n'en parle pas.

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

 "Vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux."

On vous a dit.. eh bien moi je vous dis..Oui, mais c'est plutôt ardu! Il faut tout de même entendre, en nous disant que le Seigneur est miséricorde, et il parle ainsi pour nous ouvrir la voie du Salut. A commencer par bien se mettre dans la tête que de nous-mêmes nous n'y arriverons pas: pour les hommes, c'est impossible, dira à un moment donné Jésus aux Apôtres eux-mêmes. Et comprendre aussi que si nous en restons à nos seuls moyens comme nous y induit l'arrogante auto-suffisance de la technoscience, il nous faudra payer jusqu'au dernier sou. En ces temps de dette exponentielle, nous entrevoyons ce que pourrait être cet enfer: car il n'y en aura pas pour tout le monde. En revanche, Jésus s'offre à payer pour nous, maître doux et humble de coeur, qui par miséricorde fera aussi justice. Ne succombons ni aux sirènes ou aux injonctions brutales, et trouvons refuge avec confiance auprès de la Mère de Dieu et notre Mère, pour garder jusqu'à la fin les promesses et la grâce de notre Baptême.

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

 "Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants."

On peut essayer de se représenter quelle amertume pourrait-être celle du Père: devoir se comparer aux plus mauvais des pères, et constater que les hommes les préfèrent encore à Lui, plutôt que de lui faire confiance, de tout attendre et de tout recevoir de lui. N'en pouvant plus, il a donné le Fils, et en lui il nous a tout donné. Enfin un coeur d'homme totalement livré à l'amour du Père: il est le Fils, en lui est toute ma complaisance. Et nous voyons ce que nous en avons fait: c'est exposé pendant la Passion. Quand ayant supplié avec un grand cri et dans les larmes, Dieu qui pouvait le sauver de la mort, il fut exaucé en raison de sa piété: le troisième jour, il est ressuscité comme il l'avait dit.

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

 "Cette génération est une génération mauvaise."

Pourquoi Jésus est-il si dur? Parce qu'on ne se convertit pas. Entre endormissement et endurcissement, nous courons le risque de nous perdre. Comprenons bien: de nous damner. Un refrain scande les fléaux de l'Apocalypse: les hommes ne se repentirent pas, et continuèrent à blasphémer. N'y a-t-il donc pas assez de miséricorde dans le Coeur du Christ, comme accumulée pendant sa Passion? Si, et même infiniment plus que nécessaire pour nous sauver. Alors? alors à cause de cela, on peut encore se convertir: c'est-à-dire qu'on peut encore revenir à lui et voir qu'instantanément tout le mal est englouti dans le brasier ardent de son amour. Au fond, ce ne serait plus nos péchés comme tels, qui nous perdraient; mais l'arrogance avec laquelle nous repoussons le Christ et ne revenons pas à lui, malgré tous les signes merveilleux qui devaient faire réfléchir même les plus obtus. Voilà pourquoi Jésus et la Mère de Dieu n'ont qu'une demande pour ces jours où nous sommes: voulez-vous prier et offrir des sacrifices pour les pauvres pécheurs, afin qu'ils puissent se convertir et ne soient pas damnés?

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

Duel prodigieux

 

Peinture originale de l'auteur

C’est dans l’humanité, dans le creux de son cœur,

Qu'un virus s’est tapi, dans l’ombre ricanant.

Il déploie sa force, libérant sa noirceur,

Il atteint sans pitié les esprits chancelants.

Il n’est pas terrestre, on le nomme le MAL,

Il se glisse sans bruit, pas à pas lâchement,

Il en fait un sosie pour tuer le mental,

Dans un cheval de Troie, il attend patiemment.

Sosie faux ennemi, pour nous anesthésier

Par l’angoisse et crainte des lendemains sinistres,

Pour nous neutraliser et nous robotiser,

Devenir complices d’une marche funèbre.

Cloîtrés en cellule, nos aînés esseulés,

Solitude forcée, pour une fin de vie,

Une prophylaxie, mensongère et voilée,

Leur dignité volée pour des jours en sursis.

Masqués et muselés, notre monde agonise,

Plus de noces blanches, plus de rires d’enfants.

Oh! grande ignominie, on ferme nos églises!

Les cloches se sont tues, un silence pesant.

De tes veines s’écoule un torrent de misère,

Dans ton cœur se répand un liquide glacé,

Dans ton regard perdu, éteinte est la lumière,

Dans ton esprit soumis, aucune liberté.

Ma mort sur une croix t’a fait un être libre,

Que ne soit pas si vain mon sacrifice ultime.

Reviens vite vers moi, tu n’auras plus à craindre,

JE SUIS ton bouclier pour protéger ton âme.

De ton cœur jaillira le bonheur immortel,

Mon sang dans tes veines brisera tes entraves,

Ton regard éclairé de joyaux éternels,

Libéré et aimé, ton esprit se relève.

 

Nadia-Marie FORNEROD

Genève, février 2021

"Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens."

 Le rapprochement des deux lectures, nous invite à prendre conscience qu'en fait, le Notre Père est par lui-même efficient au dedans de nous: il façonne notre filiation divine, tandis qu'il nous révèle le centre de l'âme du Christ et ce qui habite identiquement le Coeur immaculé de Marie. "J'ai pour moi une nourriture que vous ne connaissez pas: ma nourriture, c'est de faire la volonté du Père qui m'a envoyé."

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

 "Tu es Petrus, et super hanc petram, aedificabo Ecclesiam meam."

 Aujourd'hui, fête de la Chaire de saint Pierre, et vénération du mystère du Magistère authentique dans la sainte Eglise. C'est traditionnellement l'occasion pour tous les pasteurs et fidèles de prier pour le Pape, Successeur de Pierre et Vicaire du Christ: il exerce en effet à titre personnel, le charisme de l'Eglise universelle de ne pas errer en matière de foi et de moeurs. On a été frappé, d'ailleurs, dès l'élection de François au trône de Pierre, de son insistance curieuse: il ne termine aucune de ses interventions publiques sans demander, "s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi".

On sait que la prière pour le Saint Père est l'un des piliers de la dévotion au Coeur immaculé de Marie, telle que demandée à Fatima en 1917. Ce que faisait avec un zèle confondant la petite Jacinthe, canonisée en 2017 par le Pape François à l'occasion de son pèlerinage à Fatima pour le centenaire des apparitions. Lors de la publication du troisième secret, le Cardinal Razinger avait expliqué en l'an 2000 que la vision de l'évêque en blanc, tiré par balles, pouvait s'entendre de l'attentat contre Jean Paul II le 13 mai 1981, précisément le jour de la fête de Notre Dame de Fatima, et que par conséquent, on pouvait considérer que le chapitre était clos. 

On comprenait alors qu'à des dizaines d'années de distance, la petite sainte, son frère canonisé aussi, et Lucie, avaient contribué d'avance, par leurs prières et sacrifices, à sauver la vie du Pape. Mystère de la communion des saints dans l'Eglise. Mais devenu lui-même Pape en 2005, Benoît XVI, comme se ravisant, lors de son pèlerinage à Fatima pour le dixième anniversaire de la béatification des deux petits pastoureaux, affirmait: celui qui penserait en avoir fini avec le message de Fatima se tromperait; puissent les sept années qui nous préparent au centenaire des apparitions, hâter le triomphe du Coeur immaculé de Marie à la plus grande gloire de la sainte Trinité. Benoît XVI était alors à quelques semaines de la conclusion de l'Année sacerdotale dont on se souvient du déchaînement inédit qu'elle fut; et le centenaire serait célébré par son successeur. Sainte Jacinthe priait toujours ainsi en offrant ses sacrifices, selon ce que l'ange et la Vierge Marie avaient enseigné aux enfants: "Mon Dieu c'est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, en réparation des outrages au Coeur immaculé de Marie, et pour le Saint Père".

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

Premier Dimanche de Carême

 "Dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan."

L'évocation des tentations du Christ, et la façon avec laquelle il met en déroute l'adversaire, peut nous aider à retrouver la coloration proprement chrétienne du Carême. Au lieu d'essayer de gravir un à un les échelons de la sainteté, il faut partir du sommet, en Dieu là où se trouve notre vie cachée avec le Christ, et de là-haut monter et descendre les différents degrés tantôt consolants et tantôt éprouvants: comme sur l'échelle de Jacob à Bethel où Dieu est là, les anges montaient et descendaient, après tout il sont appelés par l'Apocalypse nos compagnons de service, et Dieu est toujours là pour nous.

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

"Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison."

 Une drôle de façon de se préparer en début de Carême: attablés à un festin.. avec des publicains et des pécheurs. Ah d'accord! Mais saint Luc précise justement à la fin de l'Evangile de ce jour: "afin qu'ils se convertissent". Ce qui dissipe le malentendu fatal de homo festivus impénitent; et plus profondément encore révèle le mystère de la Miséricorde que nous devons embrasser de toutes nos forces en ces jours où nous sommes, car c'est ce qui habite le Coeur du Christ et le Coeur immaculé de sa Mère: prière et sacrifice pour la conversion des pauvres pécheurs, afin qu'ils puissent faire pénitence et ne pas se damner. Tout le reste est moins important, et il se pourrait bien que l'Eglise n'ait été fondée que pour cela.

Le mot de mon ami, le Curé du Puy, avec son aimable autorisation

Mercredi des Cendres. Entrée en Carême

 "Faudra-t-il qu'on dise: où donc est leur Dieu?"

Puisque les tentatives scélérates d'éradiquer jusqu'au souvenir de Dieu sur notre terre, en sont au paroxysme, le plus important pendant ce Carême ne serait-il pas tout simplement de demeurer auprès de notre Dieu, et de consoler son Coeur, comme disent les mystiques? Afin qu'il trouve au moins en notre âme, d'emblée un séjour où se refaire, tandis qu'il porte encore les péchés du monde pour nous en débarrasser.

16 février: Hommage aux militaires de la Gendarmerie décédés cette année

dans l'exercice de leurs fonctions

 "J'ai vu qu'au sein de cette génération, devant moi, tu es juste."

 La coïncidence de cette journée d'hommage avec le Mardi gras accuse encore ce que l'existence humaine a de dramatique. Mais la lecture du Déluge dans la Genèse nous aide à comprendre comme le destin des multitudes est souvent suspendu à la droiture de quelques uns: qu'il s'agisse de ceux qui font profession de servir; qu'il s'agisse de nous qui prions maintenant pour eux, intercédant aussi pour ceux que le Seigneur ne se résigne pas à perdre, puisque la conversion est encore possible.

 "Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et tout leur déploiement."

 

Un certain nombre de rappels salutaires: rappelons-nous.. "lavage de coupes, de cruches et de plats; et beaucoup de choses du même genre.. Vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez".

 "Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville."

L'attitude de Jésus dans l'Evangile avec les lépreux, est aux antipodes de ce que nous faisons des injonctions gouvernementales dans la gestion de la crise sanitaire: alors que faisons-nous?