PRÔNE DE LA SUPPLIQUE À PONTMAIN POUR LE RETOUR DU ROI
In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen
"Comment cela va-t-il se faire?"
Chers Pèlerins de la Supplique à Pontmain pour le retour du roi, c’est la question que nous nous posons de plus en plus, et qui reçoit la même réponse: «l’Esprit Saint viendra sur toi, et la Puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre.» On la retrouve même dans le langage courant: «par l’opération du Saint Esprit», puisque ce qui est français est catholique au moins dans l’origine; mais avec une telle dégradation, car l’expression «par l’opération du Saint Esprit», avec un petit sourire en coin signifie plutôt: «redevenons sérieux, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes». Pourtant, et pour faire un peu d’érudition, les noms des archanges désignent leurs fonctions, et Gabri-El signifie: Force de Dieu; comme aussi en arabe: Jabr-Allah, Puissance de Dieu, jabarout: Dieu des Puissances! Lorsque l’archange Gabriel annonce l’Incarnation du Verbe, il annonce donc un Mystère de Puissance: que nous attribuons généralement plutôt au Duel prodigieux chanté par la Liturgie le Jour de Pâques.
Arrêtons-nous donc quelques instants sur l’opération du Saint Esprit lors de l’Annonciation. Ce qui advient, c’est ce que saint Jean exprime ailleurs en ces termes: Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils. Il s’agit donc de la Génération éternelle du Verbe, prolongée désormais à sa sainte Humanité. Il s’agit de l’Engendrement éternel du Fils bien-aimé, rejoignant un Corps et une Âme d’Homme, dont il est maintenant l’unique Sujet: ce sont le Corps et l’Âme du Fils de Dieu en notre chair. C’est donc aussi le Don que le Fils, Deuxième Personne de la sainte Trinité, fait de lui-même en assumant sa sainte Humanité comme l’instrument de sa Divinité, pour l’oeuvre de notre Rédemption: pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du Ciel; par l’Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Cette immense Charité, il la tient du Père, comme tout ce qui est en lui: il lui a inspiré cet Amour, et il le lui a donné en l’engendrant, gignendo dedit, pour reprendre l’expression du Concile de Florence. C’est enfin l’Onction du Saint Esprit, envoyé immédiatement par le Père et le Fils sur la Sainte Humanité du Christ, pour la sanctifier en plénitude, l’enrichir de toutes les grâces créées, dons surnaturels, naturels, capacités spirituelles, intellectuelles, physiques, pour être l’Homme parfait, le Juste; consacrant d’emblée Jésus Christ Souverain Prêtre, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, seul Médiateur entre Dieu et les Hommes, Tête de son Corps mystique la sainte Eglise, et Chef de l’humanité nouvelle.
Pour se faire une idée de la puissance de ce qui advient en cet instant dans le sein de la Vierge Marie, on peut prendre la comparaison avec la puissance déployée dans l’acte créateur au commencement: Dieu dit et c’est fait.. comme la goutte au bord d’un seau, nous dit Isaïe! Voilà la proportion entre la création de l’univers visible et invisible, et l’Incarnation du Verbe: tout l’univers n’est qu’une goutte au bord d’un seau; mais Lui, Il Est, Il Etait, et Il Vient.
Pour se faire une idée de la puissance de ce qui advient en cet instant dans le sein de la Vierge Marie, on peut prendre la comparaison avec la puissance déployée dans l’acte créateur au commencement: Dieu dit et c’est fait.. comme la goutte au bord d’un seau, nous dit Isaïe! Voilà la proportion entre la création de l’univers visible et invisible, et l’Incarnation du Verbe: tout l’univers n’est qu’une goutte au bord d’un seau; mais Lui, Il Est, Il Etait, et Il Vient.
Non seulement cela, mais encore: la plénitude de grâce qui est dans le Christ, passe dans l’instant à la bienheureuse Marie toujours Vierge, est déjà voudrait-on dire identiquement la plénitude de grâces de la Mère de Dieu. Car lorsque Marie dit à l’ange: voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole; le Christ dit en entrant dans le monde, selon la Lettre aux Hébreux: tu n’as voulu ni holocaustes ni sacrifices pour le péché, mais tu m’as façonné un corps; et j’ai dit: voici que je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté. On a trop souvent une fausse idée de la place de Marie, ressassée à longueur de sermons mariaux depuis quelques décennies: non, elle n’est pas une servante que l’on a engrossé et à qui on prend l’enfant, avant de la renvoyer et qu’elle disparaisse, que Dieu me pardonne! Cela, c’est le stratagème de Saraï avec sa servante Agar, indigne du Père éternel. Au contraire, l’âme et le sein de la bienheureuse Marie toujours Vierge, tout son être, ont été enrichis de tous les dons et grâces, dont la mise en oeuvre jusqu’à un héroïsme pour nous insondable, a fait d’elle la très Sainte Vierge Marie, la Mère de Dieu. Sa stature véritable affleure dans des pages choisies de l’Evangile et du Nouveau Testament que nous ne nous lasserions pas de parcourir toujours, mais c’est le Dogme qui exprime le plus clairement à quelle hauteur de dignité elle surplombe l’ensemble de l’histoire humaine, et combien elle surpasse en sainteté toutes les créatures. «Assumée au terme de sa vie terrestre à la gloire du Ciel en âme et en corps»; «préservée de la tâche originelle dès sa Conception, par une grâce venant déjà de la Croix du Christ»; elle est «unie au Verbe incarné dans un unique décret de prédestination», et ainsi établie avec la sainte Humanité de son Fils, tissée de sa chair et nourrie de sa substance, juste en dessous de la Divinité.
Voilà les grandes réalités qui viennent à nous; voilà à quoi nous avons touché, lorsque nous nous sommes mêlés de royalisme! Car la Supplique à Pontmain pour le retour du roi, n’est pas du tout un jeu de rôles, comme en jouent les enfants à voix haute: on dirait que je serais le Dauphin, et toi, on dirait que tu serais Jeanne d’Arc, et puis on dirait que tu devrais m’emmener à Reims pour le sacre; et on dirait qu’il y aurait les méchants anglais qui ne voudraient pas toussa, ceux qu’on a vu au stade et encore récemment aux Champs Elysées.. Non, il s’agit ici de Jésus Christ qui reprend son empire sur le monde, et pour cela revendique Son droit divin à la Royauté en France. C’est qu’en effet, le Seigneur Jésus après son triomphe dans la Résurrection et par les mérites infinis de sa Passion, s’est donné la sainte Eglise pour l’exercice de son pouvoir spirituel; il s’est donné ensuite la France pour protéger l’Eglise dans sa mission, en l’exaltant à la tête des Nations pour cela; afin que par ce rayonnement à la fois puissant et délicat, un peu malicieux, à la française, le monde soit conduit avec autant de fermeté que de douceur, à la façon même de Dieu.
En général, nous pensons à cette manifestation glorieuse du Christ, en l’aplatissant dans la fraction de seconde où, montrant sa Majesté, le ciel et la terre s’enroulent comme un manteau: et, tout est fini! De la sorte, nous ne prenons pas garde que nous neutralisons le règne du Christ, de la même façon que les Epicuriens neutralisaient la peur de la mort: quand elle est là, nous ne sommes pas là; et quand nous sommes là, elle n’est pas là; nous ne nous rencontrons donc jamais. Alors que le Seigneur pour établir son Royaume, prend le temps d’être comme apprivoisé, reconnu, espéré dans ses dons, accepté enfin dans ses grâces, loué dans son action, adoré dans sa Personne, sanctifié dans sa Venue, exalté dans son Triomphe. De fait, la royauté de Notre Seigneur Jésus Christ, ne s’exerce pas seulement sur les âmes immortelles de façon invisible, mais doit s’exercer aussi sur les sociétés au-dehors, et sur tout ce qui est humain, comme sur toutes les créatures. Comment cela se fera-t-il? En réordonnant, en redonnant l’une à l’autre la France et l’Eglise. Que voyons-nous actuellement, hélas? Une France affaissée, parce qu’elle a tourné le dos à la sainte Eglise et abdiqué la dignité de sa mission temporelle auprès d’elle. Mais nous voyons aussi l’Eglise, sans le soutien de la France, sans la défense du fils aîné qui doit protéger sa Mère, appelé roi très chrétien pour cela même, livrée à ses vieux démons de l’ancienne alliance, tyrannisée par un cléricalisme féroce et corrompu comme jamais. Il lui manque cruellement au plan temporel, cet «évêque du dehors" comme on l’appelait après le sacre.
Voilà donc pourquoi on nous parle désormais, de joindre aux prières de la Supplique, la pénitence: nous seulement parce que, effectivement, ayant renvoyé notre souverain, nous devons demander pardon et le rappeler, en prenant conscience de la gravité de ce que nous avons fait, à nous-mêmes, et à la sainte Eglise, et au monde; mais parce que ces réalités sont en elles-mêmes immenses. Nous sommes un peu comme Moïse à l’aube de sa mission de salut, qui entend, avant même la révélation du Nom divin: «enlève tes sandales; car le lieu où tu te tiens est sacré!»
In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.
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