10 mai 2020

"La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle."


Saint Pierre, dans la deuxième lecture de ce Cinquième Dimanche de Pâques, expose magnifiquement le culte nouveau en esprit et en vérité, que nous exerçons par le Christ, avec le Christ et dans le Christ. Ce qui par contraste, nous permet d'apprécier avec plus de justesse, la manière lamentable dont a été traitée la question du culte public dans le cadre des restrictions sanitaires dues à la pandémie du corona virus. On a en effet parlé dans la plus totale indistinction, du mystère même de Jésus Christ, Verbe incarné, vrai Dieu et vrai Homme, à Qui nous associent les actes de notre sainte religion. Le comble est sans doute de considérer que le Corps du Christ eucharistique soit "la" menace, selon les modalités insolubles de sa distribution et de sa réception.

Avons-nous donc perdu à ce point le sens de la dignité chrétienne: pierres vivantes entrant dans la construction du temple éternel où la sainte Trinité, le seul vrai Dieu, le Dieu vivant, reçoit l'unique culte qui lui soit agréable, celui que le Fils rend à son Père dans l'unité du Saint Esprit; et qu'il étend désormais jusqu'à nous das la puissance du même Esprit, par l'onction sacerdotale de son Incarnation rédemptrice: il nous consacre par le Baptême prêtres, prophètes et rois de la nouvelle Alliance, nous donnant de nous offrir nous-mêmes en sacrifices spirituels, don de l'amour en retour pour ce Dieu qui nous a tout donné et s'est donné lui-même jusqu'à nous partager sa propre vie.

On le comprend maintenant, surtout avec l'usure rapide du confinement qui n'en finit pas de finir: la fausse dichotomie entre la communion spirituelle et la participation effective, rituelle, au culte de l'Eglise est en réalité insécable. Car le sacrifice du Christ est rendu réellement présent à la messe, lors de la Consécration: c'est cela la source et le sommet de notre propre offrande spirituelle, que nous joignons à l'offrande de Jésus lui-même en Personne. Là se scelle notre union à lui, dans l'Action de son passage de ce monde vers le Père. Union qu'il nous est donné, quand c'est possible, de vivre aussi sacramentellement en recevant l'Hostie, en mangeant le Corps du Christ.

Autant l'assistance réelle à la Messe est incontournable, autant la communion se prend au vu de la situation et des circonstances: empêchement d'une situation irrégulière, délicatesse de conscience ou crainte révérencielle, conversion différée, délai du jeûne eucharistique, maladie, contagion à éviter, etc. D'ailleurs, l'assistance à la messe est donnée comme de précepte tous les Dimanches et fêtes carillonnées; par contre, la communion sacramentelle n'est commandée par l'Eglise qu'une fois par an après s'être confessé, pour "faire ses Pâques". Telle est la proportion qui devait guider nos réflexions et nos choix.

C'est donc probablement par manque de théologie aussi, qu'on a été dans le tout ou rien en écho aux directives civiles. En réalité, ce qu'il faut garantir essentiellement c'est la participation effective au saint Sacrifice de la Messe, l'exercice du culte public, laissant à la responsabilité du pasteur et de chacun des fidèles, d'envisager la communion sacramentelle selon les situations locales et de chacun, au plan sanitaire, personnel, spirituel. L'avantage quand même, c'est que l'organisation sûre de la participation à la Messe est justement plus facile à assurer que le reste.

Mais le "tout ou rien" indistinct a des effets ravageurs aussi sur d'autres pans de notre activité, comme on peut le lire dans l'Appel pour l'Eglise et pour le monde, du 7 mai dernier.
"Nous croyons aussi que dans certaines situations les mesures de confinement prises, y compris la fermeture des activités commerciales, ont conduit à une crise qui a submergé des secteurs entiers de l'économie, ce qui favorise l'ingérence des puissances étrangères, avec des répercussions sociales et politiques graves. Ces formes d'ingénierie sociale doivent être empêchées par ceux qui ont la responsabilité du gouvernement, en adoptant des mesures pour protéger les citoyens, dont ils sont les représentants et pour les intérêts desquels ils ont l'obligation de s'engager. Il est également nécessaire d'aider la famille, cellule de base de la société, en évitant de pénaliser déraisonnablement les personnes faibles et âgées par la séparation forcée et douloureuse de leurs proches. La criminalisation des relations personnelles et sociales doit également être jugée comme une partie inacceptable du projet de ceux qui favorisent l'isolement des individus afin de mieux les manipuler et les contrôler."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.