08 avril 2020

MERCREDI SAINT


L'Evangile de ce jour nous fait basculer dans les événements. La trahison effective de Judas, connue de Jésus, semble devoir entraîner inexorablement toute la suite. Et de fait, le tissu sacramentel est comme interrompu, de sorte que les prochaines célébrations de l'Eglise ne seront qu'une façon pour elle de rejoindre le Christ dans ce qui se passe, les Trois Jours Saints de Pâques. Encore faut-il garder à l'esprit que la marche des événements, que l'on dirait emmenés par l'iniquité, doit l'essentiel à la détermination de Jésus: "ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne"; détermination qu'il explique ainsi: "car j'ai pouvoir de la donner pour la reprendre ensuite, tel est le commandement que j'ai reçu du Père." Il s'agit donc de sa volonté d'obéir jusqu'au bout, comme s'il effaçait ainsi toutes nos transgressions. Et il s'agit par conséquent encore avant cela, de la fidélité de Dieu à l'Alliance: "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, non pas pour juger le monde, mais pour le sauver." Voilà pourquoi on va pouvoir aller "jusqu'au bout".
On comprend mieux alors la maîtrise qui s'exprime dans deux versets comme antagonistes de l'Evangile. De l'un il affirme: "malheureux celui par qui le Fils de l'homme est livré! Il vaudrait mieux pour lui qu'il ne soit pas né, cet homme-là!" autrement dit: complètement hors-jeu. A l'autre il avait envoyé dire: "c'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples." Pourrait-on dire que les circonstances actuelles nous désignent de quel côté nous sommes? Confinés chez nous, la parole de Jésus se fait étonnamment consolante: il veut venir chez nous pour Pâques.
Ce qui nous restera de "toussa", c'est que Jésus est lui-même, en Personne, le premier à faire, à agir, à mener. A nous, il revient de consentir, d'accepter, de faire confiance, de nous en remettre à lui. De nous-mêmes, la question était encore: "Que faut-il faire pour travailler aux oeuvres de Dieu?". Mais voici que nous commençons à être capable d'entendre la réponse de Jésus: "l'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé." Et de fait, il ne reste plus que Jésus seul qui marche vers sa Mort et sa Résurrection; l'Eglise elle-même est comme en filigrane, et c'est chez nous, chacun, que ça va se passer.

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