18 avril 2020

"Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu."

Notre Dame des Loges

Il est significatif que l'Evangile selon saint Marc conclue le résumé des apparitions du Christ ressuscité à ses disciples, par la reprise en point d'orgue, de ce qui était comme un refrain déjà lorsqu'il les instruisait en marge des trois années de son ministère public: "il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs coeurs parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient contemplé ressuscité." Puis il leur dit: "Allez dans le monde entier. Proclamez l'Evangile à toute la création." Ce qui signifie au moins deux choses.
D'abord, le fait que les Apôtres eux-mêmes, et leurs successeurs encore plus, devront toujours revenir à l'humble acte de foi qu'ils demandent par ailleurs aux autres. Ils ne sont pas les maîtres des choses de Dieu, mais les intendants; et ce qu'on attend d'un intendant, affirme saint Paul, c'est en somme qu'il soit fidèle. Le Concile Vatican II, prophétique à plus d'un titre, recommande dans la Constitution Dei Verbum sur la Révélation divine, que le Magistère n'est pas au-dessus de la Parole de Dieu.
A cet égard, et maintenant que la première sidération passée, nous sommes plus attentifs à certaines invraisemblances aux conséquences incalculables, et dans la perspective d'un assouplissement progressif du confinement général, il serait approprié de transposer ainsi les mots des Actes: "Quant à nous, il nous est impossible de réserver ce sur quoi nous avons été établis pour le distribuer." Car une chose est dispenser les Sacrements pour le bien spirituel des âmes, une autre différer les fêtes où la communauté se plaît à se retrouver à l'occasion de l'oeuvre de Dieu.
Mais il faut aussi comprendre que la prédication apostolique n'épuise pas la vitalité salvifique de la Parole, qui va bien au-delà de la foi vécue du disciple missionnaire ou du ministre. Caïphe lui-même, étant grand prêtre cette année-là, fut prophète, on sait pour quelle abjection. Notre Eglise a opportunément retrouvé les ressources cachées de la communion spirituelle et de la grâce comme vie de l'âme, et la fécondité du sacerdoce royal des fidèles, en une saine autonomie qui ne les réduit pas aux taches de suppléance au ministère des prêtres, dont nous nous sommes volontiers arrangés. De sorte que le dernier mot de l'Evangile selon saint Marc, est justement l'affirmation réconfortante: "Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient."
De quoi nous remplir d'espérance, tandis que le Cénacle du Jeudi Saint va devenir dans les semaines qui viennent, celui de la Pentecôte. Nous ne pouvons pas ne pas être de ce Rendez-Vous.

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