27 avril 2020

"Lui que Dieu le Père a marqué de son sceau."


"Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau." Après la multiplication des pains, et la traversée de la mer en marchant sur l'eau, va s'ouvrir le discours sur le Pain de Vie: enseignement sur l'Eucharistie par Jésus lui-même, qui prend soin d'insister avant, sur la nécessité de la foi pour avoir accès au Mystère. Tandis que les foules ne sont jamais au bon endroit, puisque Jésus est toujours sur l'autre rive, de l'autre bord, il nous faut nous laisser prendre tout entiers par la Personne même de Jésus, "lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau."
Qu'y a-t-il donc d'écrit sur le sceau? DIEU. Jésus est vrai Dieu, de la Divinité qu'il reçoit éternellement du Père, comme Fils unique et bien-aimé, réellement identique à sa Personne, qui divinise maintenant aussi depuis le temps de son Incarnation et pour toujours, sa sainte Humanité. Car la Grâce Incréée d'union dans la Personne du Verbe, irradie dans l'âme humaine de Jésus la plénitude de toutes les grâces créées qui lui permettent d'être réellement, effectivement et authentiquement l'âme du Fils de Dieu. Ce qui veut dire qu'il vit sa Filiation non seulement dans la puissance éternelle qu'il a en commun avec le Père, mais depuis son Incarnation, aussi dans toutes les fibres de son être spirituel, psychologique, corporel: toutes les puissances de sa nature humaine qu'il a en commun avec nous, sont enrichies de grâces et élevées au point qu'elles peuvent dire en vérité Qui il est; elles réussissent à exprimer la réalité de sa vie personnelle comme Fils.
Saint Jean explique dans le Prologue de son Evangile: "de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce après grâce." Ce qu'il nous faut essayer de comprendre pour l'adorer, confondus par tant de miséricorde et de merveille, c'est que la grâce et le salut ne nous viennent pas précisément "de Dieu", comme on se représente la Providence par laquelle Dieu accompagne avec bonté sa création à la fois de façon universelle et toute particulière envers chacun. Non, la grâce et le salut nous viennent justement de la plénitude de grâce "du Christ": c'est-à-dire, non pas exactement comme une sorte d'intermédiaire ou de canal pour nous transfuser les biens divins; mais comme Médiateur, par participation à ce que lui-même vit dans sa sainte humanité, en son âme et son corps.
Autrement dit, nous sommes sanctifiés par la sainteté de Jésus, nous sommes lavés par le sang de Jésus, nous sommes nourris par le corps de Jésus, nous sommes aimés par le coeur de Jésus; nous obéissons dans son obéissance, nous mourons dans sa mort, et nous ressuscitons dans sa résurrection; nous sommes enfantés par sa Maman, et protégés par saint Joseph qu'il appelait "papa" sur la terre; nous évangélisons dans l'ardeur de son zèle, et nous proclamons sa parole; nous connaissons dans sa lumière, nous servons dans son ministère, nous aimons dans son amour. L'âme et le corps de Jésus, sa sainte humanité, sont la plénitude de la vie à laquelle nous avons part chacun selon sa grâce, selon sa vocation, selon ce qu'il est et ce qu'il veut devenir. Quand Jésus proclame qu'il est le chemin, la vérité et la vie, il ne dit pas autre chose que "venez à moi et demeurez en moi". C'est l'invitation à entrer dans sa Personne, comme dans une demeure d'éternité: appel effrayant et fascinant du Côté ouvert comme une Porte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.