19 mars 2021

Solennité de saint Joseph

 "Ton père et moi, nous t'avons cherché, tout angoissés."


Le plus bel éloge de saint Joseph se trouve sans doute sur les lèvres de Jésus lui-même, au chapitre 5 de l’Evangile selon saint Jean : « Tout ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement : car le Père aime le Fils et il lui montre tout ce qu’il fait. » Evidemment le Seigneur révèle ici sa filiation éternelle et le mystère de la très Sainte Trinité : mais Jésus n’a pas pu dire ces paroles sans avoir en même temps devant les yeux l’image de saint Joseph, dans la maison de Nazareth et son atelier de charpentier. Une sorte de juxtaposition du Père éternel et de saint Joseph que nous retrouvons aussi dans l’Evangile de la solennité, en saint Luc : « mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi nous t’avons cherché, angoissés. » Réponse de Jésus : « Pourquoi m’avez-vous cherché ? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait ; il rentra avec eux et il leur était soumis ».

Pourtant, malgré ces paroles sans équivoque de l’Ecriture, -l’Evangile que nous venons d’entendre parle par deux fois de « ses parents »-, nous avons quelque réticence, avouons-le, à considérer que saint Joseph soit en vérité le père de Jésus. C’est qu’en notre époque d’érotisation exacerbée, il nous semble que sa paternité soit comme l’ombre d’elle-même, on comprend pourquoi. Or saint Jean Paul II remarquait déjà ceci : tout les papa du monde ont la révélation de leur paternité, non pas par l’oeuvre de chair elle-même, mais sur la parole de leur épouse qui leur dit : je suis enceinte ! Alors il éclate de joie : ça y est, c’est formidable, je suis père ! De même qu’à la naissance de l’enfant, le père pose un acte d’adoption par lequel il reconnaît comme son enfant, celui que elle vient d’enfanter. D’ailleurs, pour le droit civil depuis l’antiquité, la mère est en principe toujours certaine, c’est celle qui met l’enfant au monde ; tandis que le père est présumé être l’homme qui vit avec la mère.

Pour bien comprendre cela, il faut prendre en compte que la paternité n’est pas une « maternité bis ». La paternité n’a pas besoin d’être d’abord viscérale pour être réelle : mais elle se donne dans l’exercice de l’autorité. Autrement dit, le père ne transmet pas l’humanité à ses enfants en leur donnant le sein ou les biberons, même s’il peut en faire chauffer quelques uns, mais en façonnant en eux l’obéissance filiale, par les commandements qu’il leur donne. Nous avons dans le prophète Osée cette tendre image, appliquée à Dieu : Israël est pour moi un petit garçon, je lui prends les bras et je lui apprends à marcher. Mais plus profondément, comprenons quelle assurance, quelle force représente pour un enfant, l’obéissance à son père : « je fais comme papa m’a dit ! » Et voilà que c’est réussi ! Alors il revient tout heureux vers son père et lui montre ce qu’il a fait : et les deux exultent en cette œuvre commune, pour la joie de ce que le petit est devenu, « sur sa parole », en grandissant. Don mutuel et bienheureux du père et du fils, par la merveille du commandement et de l’obéissance, dans le juste exercice de l’autorité !

Dans le cas de Jésus, saint Joseph a façonné par son autorité, l’obéissance filiale du Christ, en laquelle toutes les fibres de sa sainte Humanité sont devenues capables d’exprimer sa Filiation divine, précisément dans l’obéissance jusqu’à la mort et la mort de la Croix, qui ferait notre Rédemption en même temps qu’elle glorifierait le Père, en lui offrant toute satisfaction. De sorte qu’au cours de la Passion, Jésus livre le secret de son âme, par ces mots qui font écho à ceux que nous citions tout à l’heure : « Voici qu’il vient, le prince de ce monde. Sur moi il n’a aucun pouvoir, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père et que je fais comme le Père m’a commandé. » A la Croix de Jésus se tenait sa Mère, debout dans le mystère insondable de sa compassion maternelle. Mais la participation de saint Joseph, pourtant déjà disparu à l’Heure de la Rédemption, consistait dans l’empreinte décisive sur la sainte Humanité du Verbe incarné, de son autorité paternelle.

On pressent alors ce que fait vraiment le Pape François lorsqu’il décrète brusquement une année de saint Joseph, elle même promue dans une année de la famille. Il ne s’agit pas simplement, comme le soulignent les médias, de mettre en lumière ceux qui servent dans l’ombre. Il s’agit surtout de confier à la prière de saint Joseph, intercesseur puissant aux multiples patronages, la restauration de l’exercice juste de l’autorité dans l’Église et dans le monde. Contre la déferlante totalitaire qui est en train de réduire en esclavage l’humanité tout entière, la juste autorité en participation de celle de Dieu, est le seul moyen d’avoir encore des hommes libres. Sans doute est-ce le cas de rappeler que le 13 octobre 1917, lors de la dernière apparition de Notre Dame à Fatima, tandis que les dizaines de milliers de personnes assistaient au miracle, « la danse du soleil », les trois petits pastoureaux, eux, avaient la vision de la Sainte Famille, de Notre Dame des Douleurs, de Notre Dame du Mont Carmel, saint Joseph portant l’Enfant Jésus, les deux bénissant le monde.

 

Le mot de mon ami, le curé du Puy, avec son aimable autorisation

 

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