11 août 2025

Textes en souffrance - 4 : Réconciliation liturgique

 

 

LA RÉCONCILIATION LITURGIQUE
à la lumière de la Messe Perpétuelle
 
 


Sur la Messe avant Vatican II il n’y a rien à dire, sinon ce que chacun peut lire dans la Bulle Quo Primum Tempore en première page du Missel Romain, à perpétuité. Elle est appropriée à la Messe Perpétuelle, à cause de l’accent qu’elle met sur la dimension cultuelle et sacrificielle, d’expiation et de réparation. Il ne faut pas pour autant exclure la Messe après Vatican II de la série des messes successives, parce que celle-ci est également l’offrande que Jésus Christ fait de lui-même à son Père, sous les espèces sacramentelles ; c’est elle qui est pratiquée par la majeure partie du clergé et des fidèles, et elle met l’accent sur la dimension festive, de participation et de communion. Elle avait été demandée par le Concile, comme une version allégée de la Messe, mieux adaptée au rythme de nos vies et à nos besoins dans le monde moderne, avec une ouverture plus large au trésor de la Parole de Dieu. Cependant, elle a provoqué de profondes déviances, comme le montrent les multiples interventions disciplinaires et doctrinales de Rome au cours des cinquante dernières années, et pèse gravement sur la doctrine même de la Foi ; il faut oser le penser et le dire, et nous aurons l’occasion d’y revenir.

Il ne saurait être question, pour y remédier, de broyer ensemble les rubriques au gré de chacun. Au contraire, la Messe doit absolument être respectée dans sa cohérence propre : avant Vatican II, elle exprime la sacralité objective des rites qui s’accomplissent ; après Vatican II, elle exprime la sacralité personnelle de ceux qui participent à l’Action, consacrés par le Baptême pour les fidèles, ainsi que par le sacrement de l’Ordre pour les prêtres. Par exemple, il ne faut pas rajouter à la messe après Vat II des signes de croix ou génuflexions pour mettre en relief la sacralité objective des rites, alors que cette messe est tournée vers la sacralité des personnes ; de même, à l’inverse, il ne faut pas avoir dans la messe avant Vat II, une préoccupation inopportune de ceux qui y assistent, en termes de compréhension et de dialogue par exemple, puisque cette messe est tournée vers la sacralité des choses de Dieu lui-même.

Ce que nous recommandons, quand nous ne disons pas la messe d’avant Vat II qui reste inchangée, « rite intouché » disait Claire : c’est de mettre à profit les possibilités de choix et d’adaptation de la messe après Vat II, en renonçant clairement à son accentuation festive et de communication, afin qu’elle ne risque plus d’être comme l’accessoire mondain de nos événements. Elle ressemblera alors davantage à la messe d’avant, et entrera comme elle, d’emblée, dans l’esprit de la Messe Perpétuelle : sublime adoration, profonde action de grâces, intégrale expiation, irrésistible imploration.

Dès lors, cette Messe se célèbre tournés vers le Seigneur, et plutôt dans le registre de la messe basse ; on emploie plutôt le latin pour l’ordinaire, et plutôt le français pour le propre ; le prêtre fait lui-même les lectures, ou les servants, mais personne ne monte de l’assemblée ; on ne donne pas la communion dans la main, mais à genoux et sur la langue, éventuellement par intinction sous les deux espèces, selon l’intuition de Claire ; il n’y a pas de femme dans le sanctuaire. Les rites initiaux se déroulent au pied de l’autel, jusqu’à la formule d’absolution qui conclut l’acte pénitentiel. On monte ensuite à l’autel pour l’antienne d’ouverture, le Kyrie (s’il n’a pas été dit dans l’acte pénitentiel) et la suite. Après l’Évangile et éventuellement l’homélie, on prend un petit temps de méditation. On veille au choix des quatre Prières Eucharistiques principales, pour ne pas donner à penser qu’elles pourraient être invalides sauf la Première. L’acclamation de l’anamnèse après la Consécration est comme les trompettes d’argent en l’honneur du Roi des rois. Après la Communion, on prend un petit temps de méditation.

 
 

Basclergeensabots

25 novembre A.D. 2024

10 août 2025

Textes en soufrance - 3 : Discipline liturgique (2)

 


Textes choisis sur la discipline de la Liturgie et la vigilance de tous (2)

 
 Trois raisons sont partout répétées :
1. Le Christ se donne lui-même, ce qui appelle un respect absolu et une totale docilité.
2. Les fidèles ont le droit à la Liturgie telle que l’Église l’a établie.
3. Le prêtre est éduqué par la célébration elle-même, à la profondeur de son propre mystère.
 
 
 

Motu Proprio Summorum Pontificum (7 juillet 2007)

Art. 2. Aux Messes célébrées sans le peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le Bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.

Art. 4. Aux célébrations de la sainte Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément.

Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du Bienheureux Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent être proclamées en langue vernaculaire, en utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.

« Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium » (Card. Sarah, 5 juillet 2016)

Je veux lancer un appel à tous les prêtres. .. Il est de première importance de retourner aussi vite que possible à une orientation commune des prêtres et des fidèles, tournés ensemble dans la même direction – vers l’est ou du moins vers l’abside – vers le Seigneur qui vient, dans toutes les parties du rite où l’on s’adresse au Seigneur. Cette pratique est permise par les règles liturgiques actuelles. Cela est parfaitement légitime dans le nouveau rite. En effet, je pense qu’une étape cruciale est de faire en sorte que le Seigneur soit au centre des célébrations.

Aussi, chers frères dans le sacerdoce, je vous demande humblement et fraternellement de mettre en oeuvre cette pratique partout où cela sera possible, avec la prudence et la pédagogie nécessaire, mais aussi avec l’assurance, en tant que prêtres, que c’est une bonne chose pour l’Eglise et pour les fidèles. Votre appréciation pastorale déterminera comment et quand cela sera possible, mais pourquoi éventuellement ne pas commencer le premier dimanche de l’Avent de cette année.. prêtons l’oreille aux lamentations de Dieu proclamées par le prophète Jérémie : « Car ils tournent vers moi leur dos, et non leur visage » (Jr 2,27). Tournons-nous à nouveau vers le Seigneur ! Depuis le jour de son baptême, le chrétien ne connaît qu’une Direction : l’Orient. ..

Je voudrais aussi très humblement et fraternellement lancer un appel à mes frères évêques : conduisez vos prêtres et vos fidèles vers le Seigneur de cette façon, particulièrement lors des grandes célébrations de votre diocèse et dans votre cathédrale. Formez vos séminaristes à cette réalité : nous ne sommes pas appelés à la prêtrise pour être, nous-mêmes, au centre du culte, mais pour conduire les fidèles au Christ comme des fidèles compagnons unis dans une même adoration. Encouragez cette simple, mais profonde réforme dans votre diocèses, votre cathédrales, vos paroisses et vos séminaires.

En tant qu’évêques, nous avons une grande responsabilité, et un jour nous devrons en rendre compte au Seigneur. Nous ne possédons rien ! Rien ne nous appartient !


Pas de version française sur le site du Saint Siège, pour le Motu Proprio « Traditionis Custodes » ni pour la lettre de présentation aux Evêques. Il ressort de ces deux textes, que la révocation par le Pape François, des autorisations précédentes, est motivée par l’usage dévoyé par certains, du Missel Romain de 1962 : cela donne à penser à un refus sous-jacent du Concile Vatican II lui-même ; d’où la sévérité des mesures clairement soupçonneuses et inquisitoriales, puisque l’unité de l’Église est menacée.

Litterae apostolicae motu proprio datae Traditionis Custodes (16 juillet 2021)

Art. 1. Libri liturgici a sanctis Pontificibus Paulo VI et Ioanne Paulo II promulgati, iuxta decreta Concilii Vaticani II, unica expressio “legis orandi” Ritus Romani sunt.

Art. 2. Episcopus dioecesanus, ..Est illius ergo facultatem adhibendi Missale Romanum anno 1962 editum in dioecesi concedere, iuxta Sedis Apostolicae lineamenta. 

Art. 3 § 3. constituat, in loco statuto, dies quibus celebrationes eucharisticae secundum Missale Romanum a sancto Ioanne XXIII anno 1962 promulgatum permittuntur. [7] His in celebrationibus, lectiones proclamentur lingua vernacula, adhibitis Sacrae Scripturae translationibus ad usum liturgicum ab unaquaque Conferentia Episcoporum approbatis.

Lettre aux Evêques pour présenter Traditionis Custodes (16 juillet 2021)

Mi addolorano allo stesso modo gli abusi di una parte e dell’altra nella celebrazione della liturgia. Al pari di Benedetto XVI, anch’io stigmatizzo che «in molti luoghi non si celebri in modo fedele alle prescrizioni del nuovo Messale, ma esso addirittura venga inteso come un’autorizzazione o perfino come un obbligo alla creatività, la quale porta spesso a deformazioni al limite del sopportabile» [13]. Ma non di meno mi rattrista un uso strumentale del Missale Romanum del 1962, sempre di più caratterizzato da un rifiuto crescente non solo della riforma liturgica, ma del Concilio Vaticano II, con l’affermazione infondata e insostenibile che abbia tradito la Tradizione e la “vera Chiesa”.

.. È per difendere l’unità del Corpo di Cristo che mi vedo costretto a revocare la facoltà concessa dai miei Predecessori. L’uso distorto che ne è stato fatto è contrario ai motivi che li hanno indotti a concedere la libertà di celebrare la Messa con il Missale Romanum del 1962.

Rispondendo alle vostre richieste, prendo la ferma decisione di abrogare tutte le norme, le istruzioni, le concessioni e le consuetudini precedenti al presente Motu Proprio, e di ritenerei libri liturgici promulgati dai santi Pontefici Paolo VI e Giovanni Paolo II, in conformità ai decreti del Concilio Vaticano II, come l’unica espressione della lex orandi del Rito Romano.

Le indicazioni su come procedere nelle diocesi sono principalmente dettate da due principi: provvedere da una parte al bene di quanti si sono radicati nella forma celebrativa precedente e hanno bisogno di tempo per ritornare al Rito Romano promulgato dai santi Paolo VI e Giovanni Paolo II; interrompere dall’altra l’erezione di nuove parrocchie personali, legate più al desiderio e alla volontà di singoli presbiteri che al reale bisogno del «santo Popolo fedele di Dio». Al contempo Vi chiedo di vigilare perché ogni liturgia sia celebrata con decoro e fedeltà ai libri liturgici promulgati dopo il Concilio Vaticano II, senza eccentricità che degenerano facilmente in abusi.

Lettre apostolique Desiderio desideravi (29 juin 2022)

23. Soyons clairs : tous les aspects de la célébration doivent être soignés (espace, temps, gestes, paroles, objets, vêtements, chant, musique, ...) et toutes les rubriques doivent être respectées : une telle attention suffirait à ne pas priver l’assemblée de ce qui lui est dû, c’est-à-dire le mystère pascal célébré selon le rituel établi par l’Église. Mais même si la qualité et le bon déroulement de la célébration étaient garantis, cela ne suffirait pas pour que notre participation soit pleine et entière.

24. Si notre émerveillement pour le mystère pascal rendu présent dans le caractère concret des signes sacramentels venait à manquer, nous risquerions vraiment d’être imperméables à l’océan de grâce qui inonde chaque célébration. Les efforts, certes louables, pour améliorer la qualité de la célébration ne suffisent pas, pas plus que l’appel à une plus grande intériorité : même cette dernière court le risque d’être réduite à une subjectivité vide si elle n’accueille pas la révélation du mystère chrétien. La rencontre avec Dieu n’est pas le fruit d’une recherche intérieure individuelle, mais un événement donné : nous pouvons rencontrer Dieu à travers le fait nouveau de l’Incarnation qui, dans la dernière Cène, va jusqu’à désirer être mangé par nous. Comment pourrait-il arriver que le malheur nous fasse échapper à la fascination de la beauté de ce don ?

48. .. L’ars celebrandi ne peut être réduit à la simple observation d’un système de rubriques, et il faut encore moins le considérer comme une créativité imaginative - parfois sauvage - sans règles. Le rite est en soi une norme, et la norme n’est jamais une fin en soi, mais elle est toujours au service d’une réalité supérieure qu’elle entend protéger.

51. Je pense à tous les gestes et à toutes les paroles qui appartiennent à l’assemblée : se rassembler, marcher en procession, s’asseoir, se tenir debout, s’agenouiller, chanter, se taire, acclamer, regarder, écouter. Ce sont autant de façons par lesquelles l’assemblée, comme un seul homme (Ne 8,1), participe à la célébration. Effectuer tous ensemble le même geste, parler tous d’une seule voix, cela transmet à chaque individu l’énergie de toute l’assemblée. Il s’agit d’une uniformité qui non seulement ne mortifie pas mais, au contraire, éduque le fidèle individuel à découvrir l’unicité authentique de sa personnalité non pas dans des attitudes individualistes mais dans la conscience d’être un seul corps. Il ne s’agit pas de suivre un livre de bonnes manières liturgiques. Il s’agit plutôt d’une « discipline » – au sens où l’entend Guardini – qui, si elle est observée, nous forme authentiquement. ..

54. En visitant des communautés chrétiennes, j’ai remarqué que leur manière de vivre la célébration liturgique est conditionnée – pour le meilleur ou, malheureusement, pour le pire – par la façon dont leur pasteur préside l’assemblée. On pourrait dire qu’il existe différents « modèles » de présidence. Voici une liste possible d’approches qui, bien qu’opposées l’une à l’autre, caractérisent une manière de présider certainement inadéquate : une austérité rigide ou une créativité exaspérante, un mysticisme spiritualisant ou un fonctionnalisme pratique, une vivacité précipitée ou une lenteur exagérée, une insouciance négligée ou une minutie excessive, une amabilité surabondante ou une impassibilité sacerdotale. Malgré la grande variété de ces exemples, je pense que l’inadéquation de ces modèles de présidence a une racine commune : un personnalisme exacerbé du style de célébration qui exprime parfois une manie mal dissimulée d’être le centre de l’attention. .. Comprenez-moi bien : ce ne sont pas les comportements les plus répandus, mais il n’est pas rare que des assemblées souffrent d’être ainsi abusées.

57. Pour que ce service soit bien fait – et même avec art ! – il est d’une importance fondamentale que le prêtre ait tout d’abord une conscience aiguë d’être, par la miséricorde de Dieu, une présence particulière du Seigneur ressuscité. Le ministre ordonné est lui-même l’un des modes de présence du Seigneur qui rendent l’assemblée chrétienne unique, différente de toute autre assemblée (cf. Sacrosanctum Concilium, n.7). Ce fait donne une profondeur « sacramentelle » – au sens large – à tous les gestes et paroles de celui qui préside. L’assemblée a le droit de pouvoir sentir dans ces gestes et ces paroles le désir que le Seigneur a, aujourd’hui comme à la dernière Cène, de continuer à manger la Pâque avec nous. C’est donc le Seigneur Ressuscité qui est le protagoniste, et certainement pas nos immaturités qui cherchent, en assumant un rôle et une attitude, une présentabilité qu’elles ne peuvent avoir. Le prêtre lui-même devrait être submergé par ce désir de communion que le Seigneur a envers chacun. C’est comme s’il était placé au milieu entre le cœur brûlant de l’amour de Jésus et le cœur de chaque croyant, objet de son amour. Présider l’Eucharistie, c’est être plongé dans la fournaise de l’amour de Dieu. Lorsqu’il nous sera donné de comprendre cette réalité, ou même simplement d’en avoir l’intuition, nous n’aurons certainement plus besoin d’un Directoire qui nous imposerait le comportement adéquat. Si nous en avons besoin, c’est à cause de la dureté de notre cœur. La norme la plus élevée, et donc la plus exigeante, est la réalité même de la célébration eucharistique, qui sélectionne les mots, les gestes, les sentiments qui nous feront comprendre si notre usage de ceux-ci est ou non à la hauteur de la réalité qu’ils servent. Il est évident que cela ne s’improvise pas. C’est un art. Cela demande de la part du prêtre de l’application, un entretien assidu du feu de l’amour du Seigneur qu’il est venu allumer sur la terre (cf. Lc 12,49).

60. C’est la célébration elle-même qui éduque le prêtre à ce niveau et à cette qualité de présidence. Il ne s’agit pas, je le répète, d’une adhésion mentale, même si tout notre esprit ainsi que toute notre sensibilité doivent y être engagés. Ainsi, le prêtre se forme en présidant les paroles et les gestes que la liturgie met sur ses lèvres et dans ses mains.

Bulle Quo Primum Tempore (1570 S. Pie V)

Par notre présente Constitution qui est valable à perpétuité, Nous avons décidé et Nous ordonnons, sous peine de notre malédiction… que jamais rien ne soit ajouté, retranché ou modifié à notre Missel que nous venons d’éditer..

.. Et même, par les dispositions des présentes et au nom de notre autorité apostolique, Nous concédons et accordons que ce même Missel pourra être suivi en totalité dans la messe chantée ou lue, dans quelque église que ce soit, sans aucun scrupule de conscience et sans encourir aucune punition, condamnation ou censure, et qu’on pourra valablement l’utiliser librement et licitement, et cela à perpétuité. Et, d’une façon analogue, Nous avons décidé et déclarons que les Supérieurs, Administrateurs, Chanoines, Chapelains et autres prêtres de quelque nom qu’ils seront désignés, ou le religieux de n’importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la Messe autrement que nous l’avons fixé, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer à laisser ce Missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeure toujours en vigueur et valide, dans toute sa force..

Qu’absolument personne, donc, ne puisse déroger à cette page qui exprime notre permission, notre décision, notre ordonnance, notre commandement, notre précepte, notre concession, notre indult, notre déclaration, notre décret et notre interdiction, ou n’ose témérairement aller à l’encontre de ses dispositions. Si, cependant, quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul.


Basclergeensabots

La Vieille Poste, 3 octobre A.D. 2024

Textes en souffrance - 2 : Discipline liturgique (1)

  

 
Textes choisis sur la discipline de la Liturgie et la vigilance de tous (1)

Trois raisons sont partout répétées :
1. Le Christ se donne lui-même, ce qui appelle un respect absolu et une totale docilité.
2. Les fidèles ont le droit à la Liturgie telle que l’Église l’a établie.
3. Le prêtre est éduqué par la célébration elle-même, à la profondeur de son propre mystère.
 
 
 

Textes choisis sur la discipline de la Liturgie et la vigilance de tous (1)


Trois raisons sont partout répétées :

1. Le Christ se donne lui-même, ce qui appelle un respect absolu et une totale docilité.

2. Les fidèles ont le droit à la Liturgie telle que l’Église l’a établie.

3. Le prêtre est éduqué par la célébration elle-même, à la profondeur de son propre mystère.


PGMR III typica (2002)

24. Ces adaptations, pour la plupart, consistent dans le choix de certains rites ou de certains textes, comme les chants, les lectures, les oraisons, les monitions et les gestes, pour qu’ils répondent mieux aux besoins, à la préparation et à la mentalité des participants, et qui sont confiés à chaque prêtre qui célèbre. Le prêtre se souviendra, cependant, qu’il est au service de la liturgie et qu’il ne peut, de son propre chef, ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la célébration de la messe34.

Sacrosanctum Concilium (Vatican II)

22 § 1. Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l'autorité de l'Église: il appartient au Siège apostolique et, dans les règles du droit, à l'évêque.

§ 2. En vertu du pouvoir donné par le droit, le gouvernement, en matière liturgique, appartient aussi, dans des limites fixées, aux diverses assemblées d'évêques légitimement constituées, compétentes sur un territoire donné.

§ 3. C'est pourquoi absolument personne d'autre, même prêtre, ne peut de son propre chef ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie.

28. Dans les célébrations liturgiques chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques.


Instruction Redemptionis Sacramentum sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie (25 mars 2004)

4 -.. Cependant, «les ombres ne manquent pas». Ainsi, on ne peut passer sous silence les abus, même très graves, contre la nature de la Liturgie et des sacrements, et aussi contre la tradition et l’autorité de l’Église, qui, à notre époque, affligent fréquemment les célébrations liturgiques dans tel ou tel milieu ecclésial. Dans certains lieux, le fait de commettre des abus dans le domaine liturgique est même devenu un usage habituel; il est évident que telles attitudes ne peuvent être admises et qu’elles doivent cesser.

11 - Le Mystère de l’Eucharistie est trop grand «pour que quelqu’un puisse se permettre de le traiter à sa guise, en ne respectant ni son caractère sacré, ni sa dimension universelle». Au contraire, quiconque se comporte de cette manière, en préférant suivre ses inclinations personnelles, même s’il s’agit d’un prêtre, lèse gravement l’unité substantielle du Rite romain, sur laquelle il faut pourtant veiller sans relâche. Des actes de ce genre ne constituent absolument pas une réponse valable à la faim et à la soif du Dieu vivant, dont le peuple de notre époque fait l’expérience; de même, ils n’ont rien de commun avec le zèle pastoral authentique ou le véritable renouveau liturgique, mais ils ont plutôt pour conséquence de priver les fidèles de leur patrimoine et de leur héritage. En effet, ces actes arbitraires ne favorisent pas le véritable renouveau, mais ils lèsent gravement le droit authentique des fidèles de disposer d’une action liturgique, qui exprime la vie de l’Église selon sa tradition et sa discipline. De plus, ils introduisent des éléments d’altération et de discorde dans la célébration de l’Eucharistie elle-même, alors que cette dernière, par nature et d’une manière éminente, a pour but de signifier et de réaliser admirablement la communion de la vie divine et l’unité du peuple de Dieu. Ces actes provoquent l’incertitude doctrinale, le doute et le scandale dans le peuple de Dieu, et aussi, presque inévitablement, des oppositions violentes, qui troublent et attristent profondément de nombreux fidèles, alors qu’à notre époque, la vie chrétienne est souvent particulièrement difficile en raison du climat de «sécularisation».

- 12 - En revanche, tous les fidèles du Christ disposent du droit de bénéficier d’une véritable liturgie - et cela vaut tout particulièrement pour la célébration de la sainte Messe - qui soit conforme à ce que l’Église a voulu et établi, c’est-à-dire telle qu’elle est prescrite dans les livres liturgiques et dans les autres lois et normes. De même, le peuple catholique a le droit d’obtenir que le Sacrifice de la sainte Messe soit célébré sans subir d’altération d’aucune sorte, en pleine conformité avec la doctrine du Magistère de l’Église. Enfin, la communauté catholique a le droit d’obtenir que la très sainte Eucharistie soit célébrée de telle manière que celle-ci apparaisse vraiment comme le sacrement de l’unité, en excluant complètement toutes sortes de défauts et d’attitudes, qui pourraient susciter des divisions et la formation de groupes dissidents dans l’Église.

18 - Les fidèles ont le droit d’obtenir que l’autorité ecclésiastique gouverne la sainte Liturgie totalement et d’une manière efficace, afin que celle-ci n’apparaisse jamais comme «la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés».

27- Depuis 1970, le Siège Apostolique a fait savoir que toutes les expérimentations liturgiques relatives à la célébration de la sainte Messe, doivent cesser, et il a réitéré cette interdiction en 1988. Par conséquent, chaque Évêque en particulier, de même que les Conférences des Évêques, n’ont en aucun cas la faculté de permettre des expérimentations concernant les textes liturgiques et les autres choses, qui sont prescrites dans les livres liturgiques.

31 - En se conformant à l’engagement pris dans le rite de la sainte Ordination, qui est renouvelé chaque année pendant la Messe Chrismale, les prêtres doivent célébrer «pieusement et fidèlement les mystères du Christ, tout spécialement dans le Sacrifice Eucharistique et le sacrement de la réconciliation, selon la tradition de l’Église, pour la louange de Dieu et la sanctification du peuple chrétien». Ainsi, ils ne doivent pas évacuer la signification profonde de leur propre ministère, en défigurant d’une manière arbitraire la célébration liturgique par des changements, des omissions ou des ajouts. .. Il faut donc être attentif à ce que l’Église de Dieu ne soit pas blessée par les prêtres, qui se sont offerts eux-mêmes au ministère d’une manière aussi solennelle. Au contraire, ceux-ci doivent veiller fidèlement, sous l’autorité de l’Évêque, à ce que des actes de ce genre, qui défigurent la liturgie, ne soient pas commis par d’autres.

59 - L’usage suivant, qui est expressément réprouvé, doit cesser: ici ou là, il arrive que les prêtres, les diacres ou les fidèles introduisent, de leur propre initiative, des changements ou des variations dans les textes de la sainte Liturgie, qu’ils sont chargés de prononcer. En effet, cette manière d’agir a pour conséquence de rendre instable la célébration de la sainte Liturgie, et il n’est pas rare qu’elle aille jusqu’à altérer le sens authentique de la Liturgie.

91 - Au sujet de la distribution de la sainte Communion, .. Ainsi, tout baptisé catholique, qui n’est pas empêché par le droit, doit être admis à recevoir la sainte Communion. Par conséquent, il n’est pas licite de refuser la sainte Communion à un fidèle, pour la simple raison, par exemple, qu’il désire recevoir l’Eucharistie à genoux ou debout.

- 92 - Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche. Si un communiant désire recevoir le Sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège Apostolique, on peut lui donner la sainte hostie. Cependant, il faut veiller attentivement dans ce cas à ce que l’hostie soit consommée aussitôt par le communiant devant le ministre, pour que personne ne s’éloigne avec les espèces eucharistiques dans la main. S’il y a un risque de profanation, la sainte Communion ne doit pas être donnée dans la main des fidèles.

110 - «Que les prêtres célèbrent fréquemment, ayant toujours présent à l’esprit le fait que l’œuvre de la rédemption se réalise continuellement dans le mystère du Sacrifice eucharistique; bien plus, leur est vivement recommandée la célébration quotidienne qui est vraiment, même s’il ne peut y avoir la présence de fidèles, action du Christ et de l’Église, dans la réalisation de laquelle les prêtres accomplissent leur principale fonction».

- 111 - Un prêtre, «même inconnu du recteur de l’église», doit être admis par lui à célébrer ou concélébrer l’Eucharistie «pourvu qu’il lui présente les lettres de recommandation (ou celebret)» du Siège Apostolique, ou de son Ordinaire ou de son Supérieur, délivrées au moins dans l’année, «ou que le recteur puisse juger prudemment que rien ne l’empêche de célébrer». Les Évêques doivent veiller à supprimer les usages contraires.

112 - La Messe est célébrée en latin ou dans une autre langue, à condition d’utiliser les textes liturgiques, qui ont été approuvés selon les normes du droit. À l’exception des Messes, qui doivent être célébrées dans la langue du peuple en se conformant aux horaires et aux temps fixés par l’autorité ecclésiastique, il est permis aux prêtres de célébrer la Messe en latin, en tout lieu et à tout moment.

183 - Selon les possibilités de chacun, tous ont le devoir de prêter une attention particulière à ce que le très saint Sacrement de l’Eucharistie soit défendu contre tout manque de respect et toute déformation, et que tous les abus soient complètement corrigés. Ce devoir, de la plus grande importance, qui est confié à tous et à chacun des membres de l’Église, doit être accompli en excluant toute acception de personnes.

184 - Il est reconnu à tout catholique, qu’il soit prêtre, diacre ou fidèle laïc, le droit de se plaindre d’un abus liturgique, auprès de l’Évêque diocésain ou de l’Ordinaire compétent équiparé par le droit, ou encore auprès du Siège Apostolique en raison de la primauté du Pontife Romain. ..

186 - .. Les Évêques, les prêtres et les diacres, dans l’exercice de leur ministère sacré, doivent s’interroger en conscience sur l’authenticité et sur la fidélité des actions qu’ils accomplissent au nom du Christ et de l’Église dans la célébration de la sainte Liturgie. Chaque ministre sacré doit s’interroger, et même sérieusement, sur le point de savoir s’il a respecté les droits des fidèles laïcs, qui, avec confiance, se confient eux-mêmes et confient leurs enfants aux bons soins de leur ministère avec la conviction que tous exercent consciencieusement en faveur des fidèles ces fonctions, que, l’Église, par mandat du Christ, a l’intention d’accomplir en célébrant la sainte Liturgie. En effet, il faut que chacun se souvienne toujours qu’il est le serviteur de la sainte Liturgie.

Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (22 février 2007)

38. .. En effet, le premier moyen de favoriser la participation du peuple de Dieu au Rite sacré est la célébration appropriée du Rite lui-même. L'ars celebrandi est la meilleure condition pour une actuosa participatio. (114) L'ars celebrandi découle de l'obéissance fidèle aux normes liturgiques dans leur totalité, puisque c'est justement cette façon de célébrer qui a assuré, depuis 2000 ans, la vie de foi de tous les croyants, qui sont appelés à vivre la célébration en tant que peuple de Dieu, sacerdoce royal, nation sainte (cf. 1 P 2, 4-5.9). (115)

40. En soulignant l'importance de l'ars celebrandi, on met par conséquent en lumière la valeur des normes liturgiques. … les grandes richesses de la Présentation générale du Missel romain et de la Présentation des Lectures de la Messe… En réalité, ces textes contiennent des richesses qui conservent et qui expriment la foi et le chemin du peuple de Dieu au long des deux millénaires de son histoire. … La simplicité des gestes et la sobriété des signes, effectués dans l'ordre et dans les moments prévus, communiquent et impliquent plus que le caractère artificiel d'ajouts inopportuns. L'attention et l'obéissance à la structure propre du rite, tout en exprimant la reconnaissance du caractère de don de l'Eucharistie, manifestent la volonté du ministre d'accueillir, avec une docile gratitude, ce don ineffable.

Lettre aux Evêques à propos de Summorum Pontificum (7 juillet 2007)

Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise.

L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison des normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés de fidèles.

Les deux Formes d’usage du Rite Romain peuvent s’enrichir réciproquement: dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission « Ecclesia Dei », en lien avec les diverses entités dédiées à l’usus antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.

Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste… Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.

 
 

Basclergeensabots

La Vieille Poste, 3 octobre A.D. 2024

09 août 2025

Textes en souffrance - 1 : Sacerdoce

 

Quelques textes sont restés en souffrance depuis des mois. Le début du nouveau pontificat où nous nous prenons à croire que des choses peuvent se passer, semble propice pour leur publication. C'est en plus aujourd'hui 9 août, le 44ème anniversaire de mon ordination sacerdotale, à Saint Pierre d'Entremont; raison pour laquelle les photos seront des photos de Chartreuse. 

On a déjà compris que l'Eglise ne parviendra pas à s'arracher à ses ornières, sans le secours énorme de son Maître et Seigneur, Jésus Christ. Mais nous devons désormais prendre en compte que cela ne sera pas sans le consentement courageux et du fond de l'âme à une remise en cause radicale de tout ce que nous avons cru avoir de meilleur; ébranlement  commencé paradoxalement par François avec le Motu Proprio "Traditionis Custodes", qu'à vrai dire nous avons bien pris soin de mésentendre. Et là, nous sommes tous et chacun concernés, car nous n'échapperons pas à la Parole mystérieuse du Christ : celui qui a, on lui donnera encore; mais celui qui n'a pas se fera enlever même ce qu'il a.

Voici, pour commencer, le script des trois dernières chroniques faites sur Radio Espérance en juin 2024, sur le Sacerdoce.

Téléchargeable en pdf

 

SACERDOCE

- I -

Nous consacrons les toutes dernières chroniques du mois de juin, à parler du sacerdoce. Bien sûr, parce qu'avec la fin de l’année scolaire dans les Séminaires, c'est le temps des ordinations avant l'été, où les jeunes ordonnés pourront déjà exercer le ministère reçu ; avec la focalisation significative sur la solennité de saint Pierre et saint Paul, soulignant que les prêtres participent comme collaborateurs des Évêques de la mission apostolique universelle ; ainsi que la solennité de saint Jean-Baptiste, dont on sait que le Curé d’Ars, patron des prêtes de France et de tous les curés de l'univers, l'avait pris comme modèle en rajoutant son nom au sien au moment de sa Confirmation, expliquant que comme Saint Jean Baptiste, il amènerait les foules au Christ, ce qui fut fait. Mais, beaucoup moins folichon, c'est surtout parce que le sacerdoce continue d'être malmené : nous avons encore un problème avec les prêtres. Non pas cette fois, à cause des abus qu'ils commettent, ni les abus qu'ils subissent déjà comme séminaristes, encore et toujours et plus que jamais ; mais parce que le sacerdoce est de plus en plus dénaturé dans l’Église actuelle, le mot est précis théologiquement, et parce qu'il est probablement soluble dans la liturgie tel qu'elle est de plus en plus célébrée de partout.

Mais pourtant, le sacerdoce est l'amour du Cœur de Jésus, comme disait saint Jean-Marie Vianney, c'est-à-dire jaillissant de son Cœur au moment de son plus grand amour : lorsque donnant sa vie pour ses amis, il institue par les mêmes gestes et les mêmes paroles, de façon simultanée, l’Eucharistie et le Sacerdoce, dont la fonction essentielle est d'en assurer la célébration de génération en génération. Pouvons-nous le redire ? Il s'agit de la mise en œuvre par nous, pauvres hommes, de l'acte d'offrande du Saint Sacrifice de la Messe par Jésus en personne, le même qui s'offrit sur la Croix et qui s'offre encore sacramentellement à la Messe, par les mains du prêtre. On comprend que le Crucifix que Notre Dame montre à Pontmain, soit rouge et écarlate. Or, se répand dans le Peuple de Dieu de plus en plus largement, le sentiment diffus que quelque chose ne va pas, et qui appellerait une sorte de remise en cause de fond en combles, de ce qu’on croyait avoir fait de meilleur.. impossible ! Exactement, c’est sidérant d’y penser, comme dans la société civile, de plus en plus de gens perçoivent que la relation fondamentale du Pouvoir aux gens, est totalement faussée ; sans réussir à penser, toutefois, qu'il faudrait alors remettre en cause les fondements idéologiques les plus sacrés du régime en place. Mais jusqu'à quand pourrons-nous différer l’œuvre de vérité qui, pour crucifiante qu'elle puisse être, doit seule nous libérer ?

Au passage, disons bien fort que le mot « complotiste » ne sert qu'à neutraliser ceux qui tâchent d’échapper aux comploteurs, exactement comme l'accusation de « cléricalisme » sert surtout à disqualifier ceux qui s’opposeraient aux abus dans l’Église et s’efforceraient d’y remédier. Avant de mener notre petite enquête, posons a priori la base de l'esprit catholique, dont on ne peut trouver expression plus claire, que dans la première Lettre aux Corinthiens, par deux fois : à savoir qu'il n'y a jamais dans l’Église de retournement à 180 degrés, mais seulement un développement organique et harmonieux, qui fait éclore doucement et porter du fruit aux splendeurs divines du dépôt sacré de la Révélation et du Salut ; pour la gloire de Dieu, l'édification de l’Église, notre joie, et la confusion de l'adversaire. « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé ; sinon vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu.. » et il annonce alors la Résurrection du Christ. Mais juste avant il avait aussi transmis le mystère de l’Eucharistie en ces termes : « Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis. Le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et après avoir rendu grâce le rompit, etc.. ».

Et donc, le Concile Vatican II ne doit pas être pris comme un commencement absolu, évidemment, ou comme le résumé exclusif de tout ce qu'est la vie ecclésiale ; ni 1789 dans l'Église, comme l’a avoué follement un cardinal à l’époque : mais un simple aggiornamento, c'est-à-dire l'adaptation de ce qui vient des circonstances seulement, au rythme nouveau de nos existences ; et nullement un changement de la réalité chrétienne, encore moins l’abolition de ce qui a précédé, ni le délire de son interdiction téméraire. La seule loi ici dans l'Église, c'est la foi et les meurs : tout le reste est libre. Et là, pensons à cet avertissement de saint Paul dans la lettre aux Galates : « Il y a seulement des gens en train de jeter le trouble parmi vous, et qui veulent bouleverser l’Évangile du Christ. Eh bien, si nous-mêmes, si un ange venu du ciel vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème. Nous l'avons déjà dit et aujourd'hui je le répète, si quelqu'un vous annonce un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème. Il ne saurait être question de plaire aux hommes, mais à Dieu. »


- II -

En fait de sacerdoce, on est quand même parti de très loin ; ou plus exactement, on est allé très loin. Pas la peine de réécouter les chroniques quotidiennes de l'Année sacerdotale 2009-2010. Quand, loin d'imaginer d'inventer du nouveau, on s'est émerveillé des documents très riches, spirituellement, doctrinalement et disciplinaires, généralement oubliés, s'ils n'avaient été simplement ignorés. Toujours actuelle donc, puisque depuis toujours dans l'église, la présentation que fait saint Thomas d'Aquin du sacrement de l'Ordre à partir du sacrement de l’Eucharistie, reprit en cela par le concile de Trente : l’Eucharistie étant le Très Saint Sacrement, elle appelle la consécration non seulement de ses édifices et des objets de son culte, mais aussi des personnes qui la célèbrent. Le sacrement de l'Ordre est donc le sacrement qui consacre des personnes au service de l’Eucharistie : le sacerdoce qui donne le pouvoir de la célébrer, et les autres degrés dont le nombre et la dignité s'expliquent par leur proximité à l’Eucharistie. Ainsi du degré du Diaconat, qui n'est pas sacerdotal dans le sacrement de l'Ordre, parce qu'il ne célèbre pas l’Eucharistie, mais la distribue seulement ; et ainsi des ordres mineurs. Prolongée à Vatican II dans Lumen Gentium, comme pierre angulaire de la communion hiérarchique du Peuple de Dieu : nous lisons au numéro 10, « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence de nature et non pas seulement de degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre, puisque l'un comme l'autre participe à sa façon de l'unique sacerdoce du Christ. » Ce qui, somme toute, recoupe la distinction spontanée du sens commun, et même parmi les non-chrétiens : les hommes de Dieu d'une part, les simples fidèles d'autre part.

Mais comme l’Écriture elle-même emploie le mot « sacerdoce » aussi à propos de la consécration baptismale « prêtre, prophète et roi » de tous les fidèles, la distinction essentielle entre les deux va faire naufrage dans les eaux bouillonnantes de l’après-concile. Et voici comment : pas du tout par déviance ni abus, mais très officiellement en 1972, Paul VI motu proprio Ministeria Quaedam, supprime les quatre premiers degrés du sacrement de l'Ordre, qu’il remplace par des ministères laïcs, réduits à deux, lectorat et acolytat, éventuellement ouverts à la création d'autres ministères, réservés toutefois aux hommes, malgré un changement décisif d'orientation ; puisqu'on ne regarde plus vers l’Eucharistie au service de laquelle on serait consacré, par ce qui n'est déjà plus un sacrement, mais des ministères au service de la communauté. On a d'ailleurs du même mouvement, supprimé la tonsure et la prise de soutane qui l’accompagnait, pour renvoyer l'entrée dans l'état clérical au Diaconat, désormais premier degré du sacrement de l'Ordre. De sorte que l'homme jeune qui rentre au Séminaire après une année de propédeutique, où on aura bien veillé à offrir à son discernement toutes les vocations non seulement sacerdotales mais aussi religieuses et laïques, va parcourir les nombreuses années de la voie de sa formation sacerdotale, de nature prétendument différente de la voie baptismale commune, en n’ayant pour seules étapes scandant sa progression, que la réception des ministères qui sont identiquement ceux des laïcs ; désormais ouverts aussi aux femmes, ce qui interdit toute équivoque.

D'autant que, au moment où l'on forgeait la liturgie actuelle, la très belle Préface de la messe chrismale dans le Missel Romain, voit dans le Saint-Chrême les merveilles de l'onction des Baptisés, avec l'expression « dignité du sacerdoce royal », pour enchaîner avec le choix « des hommes qui, en recevant l'imposition des mains, auront part à son ministère », et donc on se dit : mais où est donc le sacerdoce ? Et en se reportant à la Préface de la liturgie traditionnelle, ô surprise, aucune mention des prêtres !.. Puisque le mémorial de l'institution du Sacerdoce des Prêtres, ce sera le soir du Jeudi Saint, en même temps que l'institution de l’Eucharistie, comme le donne à voir le Lavement des pieds, de douze hommes représentant les Douze Apôtres ; tandis que la messe chrismale du Jeudi matin est tout orientée sur la célébration des Sacrements de l'Initiation Chrétienne que recevront les baptisés de la nuit de Pâques, avec ces mêmes Huiles. Deux messes distinctes donc, pour deux Mystères qui ont entre eux une différence de nature et non pas seulement de degré.

Au contraire, avoir ajouté à la messe des Saintes Huiles le matin, une mention des prêtres et leur demander de renouveler leurs promesses sacerdotales, c'est les placer dans l'optique baptismale au service de laquelle ils sont établis par leur ministère ; dont le partenariat avec le Peuple de Dieu est comme renouvelé chaque année, finalement très loin de la consécration du sacrement de l'Ordre, au service de l'offrande du Saint Sacrifice Rédempteur et du culte eucharistique.. Prêtre pour l'éternité. On comprend alors ce qu'il y a de choquant à obliger les prêtres suspects, à participer à cette messe sous peine de disqualification ; et le scandale à exiger qu'ils y concélèbrent, malgré toutes les lois encore en vigueur qui garantissent leur liberté. Surtout quand cette messe chrismale est sortie du Triduum pascal et anticipée le plus souvent au Mardi Saint, comme si « le grand sacrement de toute l’Église ne naissait pas du côté du Christ endormi sur la croix ».


- III -

L'expérience abominable de ces dernières années à l'échelle mondiale, a confirmé l'efficacité massive du principe de l'injonction contradictoire : pour prendre le contrôle des populations et les soumettre, rien de plus simple, rien de mieux que de leur imposer des incohérences nécessaires ; véritable viol de l'esprit lui-même, qui anéantit la capacité de comprendre et détruit la pensée, dont la version vulgaire est le « deux poids, deux mesures ». Or il devient de plus en plus difficile de ne pas se rendre compte, que tel est le régime aussi dans la sainte Église de Dieu, et depuis fort longtemps. En fait, depuis qu'une minorité dite progressiste, se perpétue grâce à ce mode opératoire récurrent du cléricalisme triomphant. Car des contradictions énormes sur des vérités majeures de la Foi, nous en avons dès que nous entrons dans une église ; et leur effet confondant, c'est le cas de le dire, s'impose à nous dès que la messe commence.

Notre Seigneur Jésus-Christ est en principe le Maître, le Chef, la Tête de l’Église, et nous professons qu'il est réellement et substantiellement présent sous les espèces eucharistiques conservées au tabernacle. Or, ce n'est pas du tout cette Présence qui nous saisit d'emblée, puisque le tabernacle n'est pas au milieu du sanctuaire, et possiblement dans une chapelle latérale, voire dans un autre lieu ; pour les meilleures raisons du monde, et hautement spirituelles. Mais, en vrai, n'est-ce pas donner à comprendre, d'ailleurs c'est explicite dans les instructions, que cette présence-là gène le bon déroulement de la célébration ? Car lorsqu'il y a un maître-autel avec un tabernacle monumental, on l'utilise quand même malgré tout, parce que c'est plus pratique au moment de la communion. Mais, naturellement, la célébration a lieu sur une table ou un autel portatif qui sera placé devant ou en bas des marches, pour qu'on puisse en faire le tour. Et, de fait, c'est ce petit meuble que le célébrant en arrivant, après dans le meilleur des cas une génuflexion protocolaire vers le tabernacle, va vénérer d'un baiser, puis encenser comme si c'était Jésus lui-même ; alors qu'il lui tourne le dos au tabernacle, en l’ignorant superbement pendant toute la messe ! Comment donc les prêtres pourraient-ils ne pas être en court-circuit permanent, et éventuellement disjoncter carrément, à subir pareil traitement, quotidiennement, on nous ment, et au cœur de l'Action la plus sublime de leur ministère.

Et avant eux les Séminaristes, dont toute la formation se déroule sous le signe de la même injonction contradictoire. Ce dont on peut se convaincre, si l'on superpose les premiers numéros du Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, disons le produit fini ; et les premiers numéros de la dernière Ratio Fundamentalis promulguée par Rome et appliquée par chaque Conférence épiscopale pour son territoire, qui donne le plan de formation. En 2013, au numéro 1, le Directoire, en une fulgurance capitale, formule le fondement et la clé de voûte du sacerdoce catholique en ces termes : « le sacerdoce ministériel trouve sa raison d'être dans cette perspective de l'union vitale et opérationnelle de l’Église avec le Christ. En effet, grâce à ce ministère, le Seigneur continue à exercer au milieu de son peuple, les fonctions qui ne reviennent qu'à lui en tant que Tête de son Corps ». Autrement dit, il n'est pas dans l’Église comme l'une de ses fonctions, mais il survient continuellement comme Jésus en personne. Et le Directoire explique : « le sacerdoce ministériel prouve que le Christ n'a pas abandonné son Église, mais qu'il continue à lui donner la vie grâce à son sacerdoce éternel. Ce don institué par le Christ, a d'abord été conféré aux Apôtres, et se continue dans l’Église à travers leurs successeurs les Évêques, qui le transmettent à un degré subordonné aux prêtres. »

Mais en 2016, nous lisons au numéro 3 de la Ratio Fundamentalis exactement l'inverse : « la formation des prêtres s'inscrit dans la continuité d'un unique cheminement de formation du disciple, qui commence avec le baptême, se perfectionne avec les autres sacrements de l'initiation chrétienne, est accueilli comme point central de sa vie au moment de l'entrée au Séminaire, et se poursuit tout au long de l'existence ». Et plus loin « la vocation au sacerdoce ministériel s'insère dans le cadre plus large de la vocation chrétienne baptismale » ; tandis qu’en 2013, le Directoire affirme : « par l'ordination sacramentelle, il se produit dans le prêtre un lien ontologique spécifique qui unit le prêtre au Christ, Prêtre suprême et Bon Pasteur ». Alors qu'en 2016, la Ratio est passée à autre chose : « la vie entière d'un prêtre depuis le moment de son appel est une formation continue, celle d'un disciple de Jésus, docile à l'action de l’Esprit Saint, pour le service de l'Église ». Circulez, il n'y a plus rien à voir, c'est là en effet le lot de tout Baptisé.

Ce qu'il faut comprendre finalement, c'est que les prêtres ont été pris en otages de conflits qui n'auraient jamais dû advenir dans l'Église : et pour résoudre les difficultés, on a dépecé le Sacerdoce ; altérant si gravement la structure de l'Église, qu'Elle ne semble plus vouloir se reprendre. Mais les Prêtres sont encore le moyen et le gage du relèvement de l'Église et de la réhabilitation du Sacerdoce, par l'œuvre de la Messe Perpétuelle : demandée par le Sacré-Cœur dans les années 20 et jusqu'aujourd'hui encore refusée ; mais préparée dans l'invisible. Car après ce qu'il est convenu d'appeler le cataclysme, elle sera selon les mots de Claire Ferchaud : la sublime adoration, la profonde action de grâce, l'intégrale expiation, l’irrésistible imploration.

 

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juin A.D. 2024