Je Suis la porte, dit Jésus-Christ
Je Suis la porte, dit Jésus-Christ
On a pu se rendre compte en soixante ans, qu’il ne sert à rien de critiquer une messe par l’autre et réciproquement : les critiques sont inopérantes parce que la messe n’est pas prise dans la réalité du Mystère qu’elle porte et selon sa cohérence propre. Par contre c’est le meilleur moyen de continuer la guerre, malgré cessez-le-feu et armistices, jusqu’au retour du Christ : mais ne nous attendons pas à des récompenses ce Jour-là, mais à sa colère, tous autant que nous sommes. Car cet exercice délétère continué par les protagonistes, empêche de voir, de nommer, de penser et de s’attaquer à la question véritable.
En réalité, la hiérarchie cléricale a tourné le dos à la règle catholique et apostolique formulée deux fois solennellement par saint Paul dans la première Lettre aux Corinthiens, mais elle ne l’a pas dit clairement pour éviter de perdre toute crédibilité devant les fidèles : chapitre 11 à propos de l’Eucharistie, « je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », la nuit même où il fut livré, le Seigneur prit du pain, etc. ; et chapitre 15 sur le kérygme, cet Evangile qui peut vous sauver, si du moins vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé, « je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, le troisième jour il est ressuscité selon les Ecritures, et il est apparu à Pierre et aux autres Apôtres, etc.. L’histoire de la période est désormais l’objet de travaux universitaires, et leurs résultats sont accablants.
Le coup de force était venu des clercs, la résistance fut donc naturellement portée par les familles, premières intéressées à la transmission de la foi et de la vie chrétienne à leurs enfants. Qu’a-t-il donc manqué aux fidèles pour réussir à conjurer la trahison des clercs et empêcher l’Église de tomber dans une crise qui l’a désarmée, au moment-même où l’adversaire voyait toute proche l’heure de son triomphe ? Des prêtres non jureurs et réfractaires n’ont pas manqué, et les chrétiens ont eu la sagesse de les protéger au lieu de les exposer en se réfugiant derrière eux. Un évêque a mis sa vie dans la balance, peut-être son éternité, pour assurer du mieux qu’il a cru, la possibilité que la Messe soit sauvegardée.
Non, ce qui a manqué à ces familles courageuses dans la foi, c’est la famille royale ! C’est le roi très chrétien, pour parler aux Évêques, lui-même sacré en son ordre par le Christ vrai roi de France : « assez de chamboulements de votre propre initiative ! revenez à l’intégralité de la doctrine ! observez la discipline ecclésiastique ! respectez la liberté des enfants de Dieu ! honorez la vraie dignité de votre charge, puisque vous avez été élevés pour servir et non pour être servis ! ». Fils aîné de l’Église pour défendre sa Mère jusqu’au retour de l’Epoux dans la gloire, il pouvait interpeller respectueusement même le Souverain Pontife. L’autorité temporelle royale a manqué, et manque toujours, parce qu’elle est usurpée par « ces gens que l’Église méprise » comme dit saint Paul toujours dans la première Lettre aux Corinthiens, et par des pirates avec lesquels la hiérarchie cléricale a plus d’une accointance.
Pourtant Vatican II venait de rappeler avec insistance à l’époque, le rôle des laïcs dans l’Église, ainsi que la grâce et la responsabilité, par leur état de vie, de leur contribution à sa communion et à sa mission dans l’ordre des rapports avec le monde dont leur vie séculière est tissée. Or c’est de cela que les clercs, en une sorte d’aveuglement ou d’ivresse, se sont emparés en totale usurpation, sans renoncer pour autant au pouvoir sacré. Ils ont ainsi tout accaparé, de sorte que la manipulation originelle est devenue une spirale infernale qui accroît le désordre à chaque tour : le plus pervers est sans doute que le ressort en est, odieusement, la lutte contre le cléricalisme !
Ce qui aurait pu n’être que des tensions salutaires entre des Évêques et Sa Majesté dans des années par ailleurs troublées, est devenu par l’absence du Roi, la division d’un esprit qui n’a jamais été celui du Christ, dans une Église en roue libre ; incapable de se réformer elle-même malgré les tentatives de tous les derniers papes, parce qu’elle s’est réduite à l’autorité de la Hiérarchie dans la sphère spirituelle, et n’est plus capable de reconnaître en vérité l’autorité temporelle, confiée aux Laïcs chrétiens par l’onction du Baptême, et singulièrement au premier d’entre eux, par le sacre du Roi de France. Gageons que le retour du roi sur le trône, remettra de l’ordre dans l’Église elle-même : par l’opération du Saint Esprit, premier Ordre de France !
bascleregeensabots
La Vieille Poste, 16 novembre A.D. 2025
« Je suis la Mère du Bel Amour.. Penser à moi est plus doux que le miel, et vivre auprès de moi est plus agréable qu’un gâteau de miel. » Lorsqu’on parlait français, on avait cette expression : « Heureux comme Dieu en France ». On est chez soi, on est en famille, on est bien : on nous l’a dit souvent, la Vierge Marie est en chaussons et elle ne part pas à la fin de l’apparition de Pontmain ; elle reste à la maison, tout simplement. Hélas, on ne parle plus français. Peut-être connaissez-vous la prière de Claire Ferchaud pour la France : « Ô Marie conçue sans péché, regardez la France, priez pour la France, sauvez la France. Plus elle est coupable, plus elle a besoin de votre intercession. Ô Marie, un mot à Jésus reposant dans vos bras et la France est sauvée ; ô Jésus, obéissant à Marie, sauvez la France. Saint Michel archange, défendez-nous contre les ennemis de notre salut. » Comment résister à l’impression que cette prière est inexaucée ? En plus, un mot suffit : n’est-il toujours pas prononcé ? Et toutes ces Suppliques ? Et ce temps qui n’en finit pas de finir?
Je sais un abbé qui, revenu de Loublande, avait quelquefois attrapé le fou rire, comme si l’on disait, doigt levé en forme d’avertissement : « Sois un bon garçon ; obéis à ta mère ! »… Mais Claire écrit aussi, le 16 septembre 1943 : « Il faut cette dernière larme, cette dernière goutte de sang, ce dernier hoquet pour achever la Rédemption. Et sous ces paupières abaissées sur des yeux éteints, Jhésus a enfermé le salut de Sa France ! » Alors le rire lui reste dans la gorge : il ne s’agit pas du petit Jésus, mais de l’Homme des Douleurs, que la Pietà reçoit à la descente de Croix. Il a effectivement mérité le salut de la France, obéissant à sa Mère jusque dans la mort : dans un surcroît de miséricorde, comme un au-delà de sa charité infinie.
Le salut de la France est donc enfermé dans cet instant suprême de la Passion, où le Christ endormi dans la mort, repose dans la Compassion de Marie. Clairement inspiré, Louis XIII, en mémorial du Voeu qui consacrait sa personne et le royaume tout entier à Marie dans le triomphe de son Assomption, a fait reconstruire le maître-autel de Notre Dame de Paris, où lui-même est représenté offrant sa couronne et son sceptre, non pas à la Reine de gloire, mais à la Mère douloureuse. Car le roi n’a pas vraiment l’initiative : le vœu qu’il a formé au centre de son âme, et qu’il prend soin de faire enregistrer par les instances juridiques de l’État, est en réalité le reflet historique officiel du choix transcendant du Christ sur la France ; c’est la réponse humble et pleine de foi à l’amour prévenant de Notre Dame.
Les autres nations supplient la Providence, et elles en reçoivent ce qui est juste. Pour la France, il n’en est pas ainsi : elle est née du Baptême de son roi, lui-même désigné comme fils aîné et sacré pour être le glaive et le bouclier temporels de la sainte Mère Église. Il y a là une élection qui surpasse celle d’Israël, et déclare ancienne l’alliance du Sinaï ; or ce qui est ancien est près de disparaître, affirme la Lettre aux Hébreux. Telle est la raison métaphysique pour laquelle l’abolition du droit divin est contre-nature en France et la détruit. Telle est la raison mystique pour laquelle le peuple prétendument souverain n’est pas seulement une imposture grossière, un principe constitutionnel à la.. mode de chez nous de dupes, mais l’apostasie qui tue nos âmes. L’académicien Jean-François de La Harpe, qui voyait s’établir la Terreur en même temps que l’État de Droit, cité tout récemment par Upinsky, déclarait le 31 décembre 1794 : « Cet oubli du sens commun.. Ces Assemblées sans police, font couvrir de leur voix quiconque raisonnerait.. Les uns par persuasion, les autres par crainte, tandis que tout le reste garde un silence absolu : on céda la place, et la scélératesse extravagante, parvenue enfin à parler seule, devint LA LOI… Les tyrans à bonnet rouge osent bien plus que les tyrans à couronne, et peuvent bien d’avantage. »
De fait, on « applique la Loi » et tous sont formellement soumis ; tandis qu’à l’inverse, on « fait justice » : la main Royale règne par le Beau, le Vrai et le Bien auxquels tous aspirent naturellement. « Le règne de Dieu est le principe du gouvernement des états : sans ce fondement, il n’y a point de prince qui puisse bien régner, ni d’état qui puisse être heureux », écrit Richelieu dans son Testament politique. On se demande ce qui pourrait réveiller les Français. Encore faudrait-il prendre en compte la nature véritable de la léthargie qui les embrume: quand le régime, quand les institutions piétinent elles-mêmes leur propre légalité, tout est paralysé. C’est le cas en France, c’est aussi le cas dans l’Église ; et comment s’en étonner, puisqu’elle n’a plus le fils aîné pour la défendre contre les ennemis extérieurs et intérieurs ? Comme Louis XIII admonestait l’archevêque de Paris pour la procession du 15 août après les Vêpres solennelles, et les Évêques chacun en sa cathédrale, rien n’empêcherait le roi, pour le bien de ses sujets et du royaume, de signifier à qui de droit qu’il lui plairait que l’on portât l’habit ecclésiastique ou religieux, que l’on veillât à la dignité du culte divin, que l’on reprît sérieusement l’enseignement du catéchisme. Il pourrait même respectueusement présenter une supplique au Saint Père pour qu’il autorisât la Messe Perpétuelle, et honorât la fille aînée de l’Église en venant, personnellement ou par un légat, pour l’instaurer en ce lieu des Rinfillières : « que j’ai spécialement choisi, dit le Sacré-Cœur le 6 novembre 1925, pour répandre sur le monde ma miséricorde ». Tout semble tellement simple, presque immédiatement accessible : pourquoi ne le serait-ce pas ?
Parce que « Jésus dort à l’arrière, sur le coussin », comme dans l’Evangile de la tempête apaisée. « Sous ces paupières abaissées sur des yeux éteints, Jésus a enfermé le salut de Sa France » : le trône est scellé, et la France ingouvernable. Et nous ne voulons pas croire qu’il suffit de rappeler le Christ pour que tout soit sauvé et reprenne vie : pourtant, il est digne, l’Agneau immolé de recevoir le Livre et d’en ouvrir les sceaux ! Mais cela suppose pour nous, de faire amende honorable, de reconnaître que nous avons eu tort, que nous nous sommes trompés ; de confesser que nous avons été les artisans de notre propre malheur et les complices de nos bourreaux, lesquels nous remettons invariablement en selle à chaque élection à la.. mode de chez nous comme des dupes ; de demander pardon d’avoir trahi la mission de défendre l’Église après avoir renié l’élection qui nous fait encore ce que nous sommes : « la France, fille aînée de l’Église, alliée de la Sagesse éternelle pour le bonheur des peuples », selon le mot de Jean Paul II, qui pouvait nous être une expiation. Que de fois Jésus a-t-il mendié auprès de notre arrogance, cette unique démarche: que la France officielle revienne à moi ! Mon Sacré-Cœur sur les drapeaux de France et, reprenant sa place dans le monde, elle présidera à la paix des Nations. Ne haussons pas les épaules, pauvre abbé au rire facile, car Jésus a donné un signe éclatant en plein XXème siècle que c’était possible : épisode qui nous fait honte, tout comme le reste.
Une petite bretonne, Olive Danzé, bientôt Sœur Marie du Christ Roi, arrive en 1926 de la Pointe du Raz au couvent des Bénédictines du Très Saint Sacrement, 16 rue Tournefort, Paris Vème. Par elle, Jésus demande la construction dans le jardin du monastère, d’un sanctuaire de sa Royauté qui fasse pendant au sanctuaire de sa Miséricorde à Montmartre. Le Cardinal Dubois approuve le projet, on est un an seulement après Quas Primas. Les dons affluent du monde entier. En 1935, le Cardinal Verdier bénit la première pierre. En 1939 le gros œuvre et le clocher sont achevés, baptême des cloches le 29 juin par le Cardinal Verdier, et le 27 octobre 1940 en la fête du Christ-Roi, première messe solennelle. L’année suivante, le maître-autel est béni par le Cardinal Suhard. Le 16 juin 1956 le Cardinal Feltin vient présider la consécration du sanctuaire du « Christ Roi, Prince de la Paix, Maître des nations » triple invocation formulée par Jésus lui-même. Vingt ans plus tard, le 2 février 1977, le sanctuaire est livré aux pelleteuses des promoteurs, et toutes les démarches auprès des plus hautes autorités de l’État et de l’Église pour sauver l’affaire reçoivent la même réponse : ce n’est pas nous, pas nous, pas nous. Et là, se dresse orgueilleusement la Résidence du Panthéon.
« Si seulement le Bon Dieu ne nous avait pas tant aimés », s’est exclamé un jour le saint Curé d’Ars en pleurant.
Basclergeensabots
Pontmain, 17 septembre A.D. 2025
L’allégorie de la bassine de fromage blanc ou de yaourt
Dans notre union au Seigneur, nous oublions trop souvent que nous ne sommes pas Dieu ! Ce qui est en lui toujours en plénitude, est chez nous limité et à reprendre sans cesse, dans une persévérance qui est don de sa grâce en même temps qu’elle fait notre mérite. Le texte précédent est peut-être difficile à suivre, entre la Somme et le latin, toussa ; c’est pourquoi nous avons ici avec tout le respect dû à un si éminent sujet, l’allégorie de la bassine de yaourt. Comme dirait saint Thomas, l’abîme entre la Réalité et la comparaison de comptoir, nous évitera paradoxalement le reproche d’atteinte à la sainteté de l’objet. Ainsi, chaque élément sera à sa place et dans son rapport aux autres éléments, et nous pourrons mieux comprendre.
La bassine de yaourt, inépuisable, représente le Mystère du salut, dans la sainte Humanité de Jésus-Christ Souverain Prêtre, et le Cœur immaculé de Marie et la sainte Église Catholique. La Messe, ce sont les pots mis à disposition par l’Église, présentés au Seigneur et qu’il remplit toujours à ras bord de yaourt. Autant de cuillerées qu’on peut prendre dans autant de pots représentent notre participation au mystère du salut : notre joie d’être sauvés, les vertus théologales, nos communions, la vie chrétienne nourrie par la grâce.
Remarquons qu’en cela la gloire de Dieu est toujours première dans le culte qui lui est rendu ipso facto, puisque c’est lui qui fournit le yaourt, et les pots, et les cuillères ; Il nous fait même manger cuillerée après cuillerée, comme la Vierge Marie aussi avec une telle patience, ne jouons jamais les grands : « une cuillerée pour Jésus, une cuillerée pour Marie, une cuillerée pour la conversion des pécheurs, une cuillerée en réparation etc... ».
Les cuillères sont de deux sortes : en bois, celles des Baptisés ; en argent, celles des Prêtres, car il y a entre le sacerdoce royal des Baptisés et le sacerdoce Ministériel une différence de nature et non de degré. Ce sont les cuillères en argent qui ouvrent les pots. Précisons néanmoins que la grande cuillère en bois de la fille de ferme mystique en son humilité, peut très bien emporter plus de yaourt, que n’en emporterait la petite cuillère en argent de l’abbé de cour.
Certains peuvent offrir des pots à leurs intentions, et toute l’Église en profite. Les pots peuvent être individuels, ou en batteries de quatre, six, huit, douze, seize, ce qui est impressionnant, avec chacun sa cuillère en argent pour l’ouvrir. On peut avoir un seul pot, éventuellement remarquable, avec plusieurs cuillères en argent, dans lequel chaque prêtre puise la mesure de l’intention qu’il honore : c’est la concélébration.
Les pots de yaourt « nature », sont ceux de la messe romaine traditionnelle, comme la Manne en son austérité pour la traversée du désert. Les pots de yaourt « sucré », sont ceux de la messe romaine actuelle en latin ; avec éventuellement les différents arômes de l’adaptation aux langues vernaculaires, comme Panem de caelis omne delectamentum in se habentem. Les pots de yaourt « aux fruits », sont ceux des vénérables rites orientaux catholiques.
A chacun de prolonger l’allégorie pour formuler ses questions et y trouver les réponses.
Basclergeensabots
La Vieille Poste 6 septembre A.D. 2025, premier Samedi du mois
LA DÉMONSTRATION THÉOLOGIQUE
Les Sacrements agissent « en signifiant »
Les sacrement agissent « en signifiant ». Cela veut dire que l’effet que produisent les sacrements ou la grâce qu’ils communiquent, sont réalisés effectivement par les mots et les gestes qui signifient ces effets et ces grâces et nous permettent ainsi de les recevoir. Par exemple : « Untel, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » en versant de l’eau sur Untel, signifie et réalise l’effacement de la tache originelle et le cas échéant des péchés personnels, l’impression du caractère baptismal et le don de la vie divine. Telle est la dignité dans laquelle Dieu nous établit lorsqu’il nous touche : Son Esprit s’adresse à notre esprit pour signifier ce qu’il fait, afin que nous sachions qu’il le fait et y apportions le consentement du meilleur de nous-mêmes. C’est ainsi que rien n’est jamais purement automatique ou matériel dans les choses de Dieu avec nous, comme le serait une magie, mais toujours hautement personnel, y compris et surtout lorsqu’il s’agit d’entrer dans le mystère du Verbe incarné.
On comprend alors que l’intention du ministre soit décisive dans l’administration des sacrements. Il ne s’agit pas du contenu de sa conscience intellectuelle ou psychologique au moment où il célèbre, mais de la décision dans sa volonté de faire ce que veut faire l’Église dans cette célébration. Cette intention se voit dans l’attitude générale du ministre ; elle est présumée puisqu’il emploie les rituels, gestes et paroles de l’Église ; elle est simplement exprimée quand on dit : « je vais dire la messe », et non pas « je vais à la pêche » . Il n’est pas besoin de questionner la théologie ou la conception qu’il a du ministère sacerdotal, car « l’intention du ministre » ne se situe pas à ce niveau, mais dans la volonté qu’il a de faire ce que fait l’Église : le Christ et l’Église agissent, le ministre met sa personne à disposition pour que cela se fasse ; même s’il ne sait pas pleinement ce qui se fait.
Dès lors, en tout et pour tout, l’Église supplée si nécessaire, au positif et au négatif, puisque c’est elle la partenaire principale du Christ, en tant que son Épouse, et en tant que son Corps mystique dont il est la Tête. Par exemple, l’idéal est que nous soyons bien disposés avant de recevoir un sacrement : si ce n’est pas le cas, l’Église supplée, le sacrement est donné et reçu, nous manquons une partie des grâces, mais elles sont comme en sommeil, jusqu’à ce qu’elles puissent trouver chemin à leur éclosion dans notre âme. L’idéal est que les ministres soient accordés à la sainteté des biens qu’ils administrent : si ce n’est pas le cas, l’Église supplée, le sacrement est donné et reçu, sans bénéfice pour le ministre sinon un rappel à conversion, et les fidèles auront peut-être même un surcroît de grâce en offrant leur peine d’être mal traités au cœur des choses saintes. Mais l’Église soutient aussi au positif, en ce que les effets des sacrements ne se limitent pas à ce que le ministre même le plus saint en perçoit, ni à ce que les fidèles même héroïques en font, mais rejoignent l’immense trésor des mérites du Christ dans la communion des Saints, à laquelle les sacrements contribuent tout en en étant aussi la dispensation.
Ce principe-clé permet, pour les questions décisives qui nous occupent, une démonstration théologique claire et sûre, dont chacun pourra juger après y avoir réfléchi.
La Messe de Jésus-Christ
Validité de la messe dite de Paul VI et des ordinations après Vatican II. Remarque au passage, « le bref examen critique » souvent mentionné, n’a porté que sur une messe qui fut célébrée seulement quelques mois dans l’Église (promulguée en juin 1969, critiquée en septembre 1969 avec réponse deux mois plus tard) puis remplacée en 1970 après amendements, comme ensuite en 1975 (IIa editio typica) et encore en 2002 (IIIa editio typica) ; corrections, reprises, ajustements et développements allant généralement dans le sens de réduire l’écart avec la Tradition. Quoi qu’il en soit, saint Thomas pose la question : quand exactement la transsubstantiation est-elle opérée ? Et il répond tout simplement : lorsque les mots qui la signifient sont prononcés, parce que les sacrements agissent en signifiant ; et ces mots sont : « hoc est enim corpus meum » ; ainsi que « hic est enim calix sanguinis mei novi et aeterni testamenti ». Or ces mots figurent strictement à la Consécration dans toutes les prières eucharistiques de la messe de Paul VI. Et comme on a par eux la double transsubstantiation du Corps et du Sang séparés sur l’Autel, la mort du Christ est signifiée et donc aussi rendue présente (les sacrements opèrent ce qu’ils signifient): c’est donc bien identiquement le seul et unique sacrifice du Calvaire, sous les apparences sacramentelles non sanglantes du Corps et du Sang du Seigneur.
« Oui, mais ils ne croient pas à la Transsubstantiation et ne parlent jamais du Sacrifice ». Cependant, ils disent les paroles qui signifient ce qu’elles opèrent ; avec l’intention de dire la messe, c’est-à-dire de faire ce que fait l’Église quand la messe est dite. Dont acte.
« Mais sont-ils encore prêtres depuis qu’on a changé le rituel des ordinations ? » Je répondrai par mon cas personnel. Important, après tout : la messe que je dis depuis plus de quarante-quatre ans est-elle un simulacre ou bien la messe ? J’ai été ordonné par le Cardinal Léon-Etienne Duval, archevêque d’Alger, Mohamed Duval pour les intimes, qui était condisciple d’un certain Marcel Lefebvre au Séminaire Français de Rome dans les années 20, avec comme Recteur du Séminaire le fameux Père Le Floch (plus Action Française que lui, tu meurs), celui-là même qui fut l’intermédiaire pour l’audience que Benoît XV avait accordée à Claire Ferchaud, et que le Saint Père n’a pu honorer, rappelé à Dieu entre temps. Le Cardinal Duval était donc, sans nul doute, Évêque dans la succession Apostolique. Lorsqu’il ordonnait des prêtres en utilisant le rituel de l’Église, il avait l’intention de faire ce que fait l’Église depuis les Apôtres, et il faisait donc des prêtres. Pour mon ordination, le rituel était celui de Paul VI, avec comme signe l’imposition des mains en silence, puis les paroles consécratoires : « Nous t’en prions, Père tout-puissant, donne à ton serviteur que voici d’entrer dans l’ordre des prêtres ; répands une nouvelle fois au plus profond de lui-même l’Esprit de sainteté ; qu’il reçoive de toi, Seigneur, la charge de seconder l’ordre épiscopal.. » paroles qui réalisent ce qu’elles signifient et que le Cardinal a prononcées avec l’intention de faire de moi un prêtre comme le fait l’Eglise : je suis donc instantanément entré dans l’ordre des prêtres, consacré par l’Esprit Saint à la charge de seconder l’ordre épiscopal. Précisons que Pie XII avait déjà fixé l’imposition des mains, et si la « tradition des instruments » (patène et calice) restait le grand moment, elle figure bien dans le nouveau rite aussi, avec les paroles : «Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de la croix du Seigneur ». L’essentiel est là, clair et assuré. Pour le reste, si nécessaire, Ecclesia supplet.
Pourquoi dès lors, préférer sans réserve la messe de S. Pie V ? Encore pour la même raison : tout simplement parce que les sacrements déploient leur efficacité par la manière dont ils la signifient. Et là, il est évident que la messe traditionnelle a atteint un tel degré de signification et de perfection dans le culte divin, l’expression de l’intégralité de la foi, la nourriture de la vie chrétienne et le salut des vivants et des morts, que toute autre façon de faire en diminue le fruit spirituel ; raison pour laquelle S. Pie V l’a promulguée à perpétuité, autorisé à perpétuité tout prêtre à la célébrer sans scrupule de conscience ni besoin d’autre autorisation, interdisant à perpétuité qu’on empêche de la célébrer ou d’y assister, interdisant à perpétuité qu’on oblige à célébrer autrement. Il est tout aussi évident que la messe de Paul VI explicitement allégée, simplifiée et largement adaptable, n’emporte plus autant de signification ni d’universalité, ni par conséquent autant d’efficacité dans la grâce à recevoir (les sacrements agissent en signifiant), ni par rapport au culte, ni par rapport à l’édification de la vie chrétienne ou le salut des âmes. Il est donc le plus souvent préférable, lorsque c’est possible, d’avoir la messe traditionnelle.
Le même principe explique pourquoi la généralisation de la concélébration reste contraire à tous les textes liturgiques, malgré l’usage courant. Le problème n’est pas précisément les « intentions de messe » : il suffit de l’énoncer pour le comprendre. Chaque prêtre prend en charge l’intention pour laquelle il dit la Messe ; et il applique à cette intention les fruits du Sacrifice qu’il actualise et rend effectivement présent, comme on l’a vu ci-dessus, en disant les paroles qui le signifient et opèrent la double transsubstantiation : imposition des mains, paroles de la Consécration et geste démonstratif. C’est exactement ce qu’il fait en concélébrant : il a donc bien célébré le Sacrifice et honoré l’intention.
Le problème de la concélébration se pose en réalité au niveau de ce qu’elle signifie (et donc de ce qu’elle réalise) comme grâces auxquelles elle donne accès ; et c’est justement la raison pour laquelle il est indu de la généraliser au point qu’elle devienne comme la forme normale de la messe, et encore pire le critère discriminant de toute messe. En effet, les deux significations majeures, et donc les deux grâces principales qu’on tire de la concélébration, ce sont d’une part la manifestation (et donc le renforcement) de l’unité du Sacerdoce reçu des Apôtres (idéalement on concélèbre avec l’Evêque) ; et d’autre part la manifestation (et donc le renforcement) de l’unité de l’Église qui constitue le fruit ultime du Sacrifice eucharistique. On comprend qu’elle est donc normalement réservée à des occasions particulièrement significatives ou exceptionnelles, typiquement le Jeudi Saint dans la Cathédrale ; et ne saurait être banalisée sans dommage, surtout pour des raisons simplement pratiques qui seraient déjà un aveu de mauvais aloi. D’autant qu’à la vérité, la concélébration se paie, comme dans un marché de dupes, par l’occultation ou la contradiction de plusieurs significations et grâces plus ordinaires mais plus immédiatement ordonnées au bien des âmes dans la célébration de la messe, et donc plus courantes et nécessaires, comme s’en rend compte le peuple chrétien par instinct : « ils sont tous là ensemble et il n’y a personne à notre église pour dire la messe » ; remarque légitime puisque la multiplication des prêtres et des messes a eu pour raison au départ, d’en rendre les grâces plus facilement accessibles au plus grand nombre.
Plus profond et plus grave : l’unicité de l’Autel et de l’Hostie, occultent invinciblement la multiplicité de ceux qui exercent dans la Personne du Christ seul Prêtre dans l’acte de son Sacrifice, et occultent donc la participation multipliée à l’application de ses fruits ; au point que c’est l’objection courante mais inexacte à la concélébration : « une seule messe est dite », oui, mais on voit bien tous les prêtres en couronne, dire chacun à voix basse les paroles de la Consécration, pour le Sacrifice. Comment ne pas évoquer le cardinal Ratzinger restant sans voix dans la crypte d’une des abbayes de la Tradition, devant les multiples messes basses célébrées par chaque moine avec son servant à chacun des autels latéraux ? Vraiment la puissance de feu spirituel de l’Église, décuplée au niveau de ce qui est montré et par conséquent aussi de ce qui est réalisé, répandu, compris et reçu.
Le dernier mot revient certainement à l’intuition de Claire Ferchaud pour la Messe Perpétuelle demandée par le Sacré-Cœur à Loublande: « C’est donc au nom de l’Univers qu’un Autel sur un point précis, ferait monter vers le Père, Dieu Eternel, sans interruption, le Seul Très Saint, l’Unique efficace Sacrifice de l’Agneau sans tache, la sublime adoration, la profonde action de grâce, l’intégrale expiation, l’irrésistible imploration » (Les Rinfillières). On en approcherait l’idée, si dans les réunions de prêtres, au lieu d’expédier la concélébration avant l’apéro, la messe était célébrée successivement par chacun d’eux à la chapelle au fur et à mesure, depuis le matin jusqu’à la fin de la rencontre, comme en fondement de toute l’œuvre pastorale qui se discuterait pendant ce temps-là par les autres dans la salle de travail: cela donnerait à comprendre, et réaliserait donc, que la pastorale n’est pas notre œuvre pour Dieu, mais l’action du Seigneur pour nous ; un retournement à 180° ! Connaît-on cette vision de Claire Ferchaud, touchante d’intimité, qui dit on ne peut mieux, le mystère du prêtre ? Avant la messe, elle voit Jésus à l’entrée du sanctuaire, tourné vers l’Autel de son Sacrifice, et il se retourne un peu en arrière sur la droite, vers la porte d’arrivée de la sacristie dans l’attente du prêtre ; celui-ci arrive, revêtu des habits sacerdotaux, et parvenu à l’entrée du sanctuaire il se fond dans la Personne du Christ et la messe commence.
La Liturgie de l’Église
On aura enfin compris après cinquante ans de guerre liturgique, que les deux camps doivent définitivement abjurer l’esprit révolutionnaire qui s’infiltre partout, et ne voit l’issue que dans la néantisation de la position adverse ; comme si l’on pouvait, en matière liturgique, faire table rase de ce que l’Église a vécu une fois comme l’exercice public de son Culte au Dieu vivant et vrai : qu’il s’agisse de la messe des siècles que nous appellerons « traditionnelle » ou de celle des cinquante dernières années que nous appellerons « actuelle ». En vérité, abominable des deux côtés, le mépris avec lequel on ose parler de ce qui est réellement l’offrande du Christ à son Père, en expiation de tous les péchés ; odieux de se glorifier de n’y jamais participer, comme gage d’impeccabilité dans la vertu chrétienne, qu’elle soit traditionnelle ou actuelle ; un peu Ponce Pilate, que militer pour qu’on nous laisse tranquilles dire notre messe comme si nous n’étions pas concernés par ce que font presque tous les autres ; nouveaux Caïphe, qui repoussent hypocritement dans les marges ceux qu’ils accuseront ensuite de faire bande à part. Mais l’heure n’est plus aux règlements de comptes ; à l’Église d’oser penser que la querelle et les abus liturgiques détournaient l’attention, comme l’arbre cache la forêt, du profond dysfonctionnement déploré en vain par les derniers Papes : une Eglise auto-référentielle et qui s’auto-célèbre. La remise en cause de ce que nous avons cru faire de meilleur est maintenant inévitable, et tous ceux qui ont vécu la période, Pasteurs et Fidèles de tous bords, doivent s’y atteler.
Posons d’abord deux questions préliminaires pour nous situer. Comment se peut-il que la Messe ne soit jamais célébrée nulle part telle que décrite et codifiée dans la IIIa editio typica du Missale Romanum, même pas ou très rarement par le Pape lui-même à Saint Pierre de Rome ? Certes, les traductions approuvées et les adaptations encadrées en sont la juste expression ; mais le modèle typique lui-même n’est jamais mis en œuvre, pourquoi ? Parce que l’Église universelle n’est plus qu’une abstraction, n’existe plus que « dans les églises particulières et à partir d’elles » (LG 23), modelée et se réalisant au gré de la vie locale des communautés. Or, la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans la Note de mai 1992 « sur certains aspects de l’Église comprise comme communion », avait complété la formule de Lumen Gentium, en affirmant : les églises particulières existent « dans et à partir de l’Église universelle ». Car, expliquait la Note, dans cette intériorité mutuelle, l’Église Universelle précède chronologiquement et théologiquement les églises particulières parce qu’Elle les engendre à la foi apostolique comme leur Mère et en fait de véritables églises en se rendant Elle-même présente en elles. La réalité est donc à l’inverse de ce qui est généralement compris et vécu dans les diocèses, mais aussi dans les communautés de la Tradition : c’est bien en mettant en œuvre ce qui est de l’Église universelle, que les églises particulières sont continuellement façonnées comme de véritables églises à l’image de leur Mère la sainte Église Catholique, et se développent dans le lien de sa Communion pour participer à sa Vie. « La nature de mystère de ce rapport entre Église universelle et Églises particulières est évidente; ce rapport n'est pas comparable à celui qui existe entre le tout et les parties dans tout groupe humain ou société purement humaine » (Cf. nn. 7-9). On voit l’ampleur du travail à envisager, pour nous remettre dans la vérité de l’éclairage surnaturel de la doctrine catholique de l’Église, et de notre manière de vivre en son sein.
Mais à partir de cette première question, une seconde se pose, avec le même genre de réponse. Pourquoi y a-t-il eu un « après-Concile » au lieu de son application pure et simple ? Parce que le détournement de l’assemblée conciliaire a échoué, grâce notamment à la résistance courageuse de ceux qu’on a réduits comme la « minorité » traditionaliste, et grâce à la volonté tenace du Pape que les Documents soient adoptés à l’unanimité dans toute la mesure du possible : dès lors les textes ont dû comporter ce qui pouvait les rendre acceptables à la dite « minorité » aussi. Si bien que dès la fin du Concile, ceux qui s’appelaient fièrement les progressistes et étaient surtout quelques Evêques Français et Allemands avec leurs experts, ont écarté définitivement ces textes pourtant promulgués par le Pape et avec lui la quasi unanimité des Évêques, textes auxquels eux-mêmes avaient beaucoup travaillé mais qui ne pouvaient plus leur servir ; pour faire la promotion universelle d’un soi-disant « esprit du Concile » qui dissimulait de moins en moins bien la violence avec laquelle ils ont imposé leurs idées ; ce n’était au fond que la version ecclésiastique pédante du gauchisme bourgeois en plein essor à l’époque chez nous. Les derniers soubresauts de cette idéologie sécularisée, désormais exténuée non seulement dans le monde mais aussi dans l’Église, montrent par leur férocité, de quels endurcissements elle filait le masque débonnaire.
C’est pourquoi, au Manifeste de Notre-Dame de Chrétienté, après « Vérité » et « Justice », le mot « Réparation » serait plus approprié que celui de « Paix », car le Pardon qui s’oppose à la vengeance stérile, d’emblée acquis entre Baptisés, rend possible la justice et encourage la réparation, pour le plus grand bien de toute l’Église. Il y a eu scandale au plus haut niveau dans l’Église, et pas d’hier : or, François a mis en jeu l’unité de l’Église pour expliquer son intervention et la brutalité de son application en 2021 ; il n’est donc plus possible d’en rester au sentimentalisme et aux incantations, c’est au contraire l’occasion providentielle de faire enfin la vérité puisqu’il s’agit de la Foi, c’est à dire du dépôt sacré de la Révélation et du Salut donné, reçu, gardé, transmis.
Pour amorcer la pompe du repentir, osons enquêter sur la participation des fidèles laïcs au ministère des prêtres, vache sacrée de la pastorale, qui fit l’objet en août 1997 d’une Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avec plusieurs autres Congrégations et Dicastères romains, comportant des principes théologiques et des dispositions pratiques. Immédiatement, émergent les axes majeurs de la pratique commune en désobéissance ! Rome demande et explique pourquoi les prêtres doivent se libérer d’autres tâches s’il le faut, pour célébrer eux-mêmes personnellement les funérailles ; dans les diocèses français ils sont interdits d’enterrement même pour des membres de leur famille. Rome préconise que les visiteurs de malades ne se transforment pas en ministres ordinaires de la communion, mais préparent par leur soutien fraternel les malades à recevoir le prêtre qui leur donnera les sacrements, en particulier la confession, l’onction des malades et la communion ; dans les paroisses françaises et les maisons de santé, les hosties consacrées circulent partout dans les custodes ou les boîtes à pilules en toute charité. Et pour faire bonne mesure, tandis que des Évêques français prennent des décrets interdisant plus de trois mariages d’affilée, pour retarder s’il est possible, le burn out de leurs prêtres, Rome avait demandé qu’ils explorent plutôt en conférence épiscopale la possibilité que des fidèles laïcs assistent aux mariages au nom de l’Église, puisque les ministres du Sacrement en sont les époux eux-mêmes. Où en serions-nous, si nous n’avions pas désobéi : en fait d’évangélisation ? de banalisation de l’Eucharistie ? de communion hiérarchique vitale du Peuple de Dieu dans la distinction des Prêtres et des Fidèles ?
Nous n’éviterons pas non plus quelques sentences inquisitoriales, au goût amer de la loi détestable des suspects, appliquée comme un nouveau style des relations dans l’Église, piétinant les consciences et bafouant Dieu qui seul sonde les cœurs et les reins ; une manière pourrait-on dire alla bergogliana, soudainement interrompue par la mort du Pape, et tous sont dans l’expectative à l’aube du nouveau pontificat. Que personne ne joue les victimes : se soumettre aux abus, c’est s’en rendre complice. Par contre, il n’est que justice et la réparation appelle, que les rôles soient inversés au moins une fois, ne serait-ce que pour retrouver la confiance. Que ceux qui ont imposé aux « suspects » de prouver leur reconnaissance de la messe actuelle en la célébrant et en y participant un Dimanche par mois, prouvent à leur tour que la messe actuelle est bien la suite organique de la messe traditionnelle, en la célébrant et en y assistant un Dimanche par mois dans leur paroisse. Ces mêmes qui prétendent croire encore à la transsubstantiation malgré des apparences douteuses, qu’ils prouvent leur bonne foi en communiant au moins une fois par mois à genoux et sur la langue. Que ceux qu’on accuse maintenant de ne plus savoir que la messe est avant tout un acte de culte envers Dieu, se disculpent en célébrant au moins un Dimanche par mois tournés vers le Seigneur et non pas les uns vers les autres.
Conclusion : c'est la même chose
"mais non pas dans notre façon de signifier"
L’Église a bon dos, elle a aussi les épaules larges ; elle en a vu d’autres, et elle a promesse de vie éternelle jusqu’à la Manifestation glorieuse de son Maître et Seigneur, tandis que le Juge est à nos portes. « Vous annoncez la Mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’Il vienne » dit l’Apôtre. Béni soit Dieu pour son Don ineffable, qui nous dépasse infiniment. Il y a la Messe où il nous élève jusqu’à lui pour le culte divin et trinitaire ; et la Messe où il vient à nous pour sanctifier nos vies. Même si Jésus Christ me fait face dans le grand Crucifix du maître-autel, plus simplement que par le visage de ce prêtre qui me regarde. De la consécration des personnes ou de la sacralité des choses, il ne faut évidemment pas choisir ; puisque le déroulement de l’Action par excellence, culmine dans la Présence substantielle qui surpasse tout.
On voudrait quelquefois trancher entre le subjectivisme de la célébration actuelle, et l’objectivité du rituel traditionnel, sans considérer la priorité réciproque de ces deux pôles dans notre être même. Saint Thomas l’exprime magnifiquement en deux formules métaphysiques. « La personne est ce qu’il y a de plus excellent en raison de sa nature rationnelle », elle est le « subpositum », le Sujet et ultime référent de son existence même, c’est pourquoi tout l’ordre sacramentel dans ce qu’il a de plus sacré, est fait « pour nous les hommes et pour notre salut » ; on reconnaît ici la légitimité de la messe actuelle, sa tonalité, son orientation. Mais la personne est aussi « en quelque sorte en puissance par rapport à ses actes », c’est-à-dire qu’elle ne peut s’accomplir pleinement qu’en s’unissant par ses actes spirituels à ce qui objectivement la dépasse et se donne à elle, capacité qui fait précisément son excellence. Et là, resplendit la perfection insurpassée de la messe traditionnelle.
Dès
lors, il faut renoncer définitivement à reprocher à la messe ce
qu’il lui manque par rapport à l’autre : en particulier
pour les fidèles, c’est une terrible tentation qui mine la
dévotion eucharistique en s’imaginant la préserver.
Il faut pareillement renoncer, pour les prêtres, à essayer de les
rendre identiques à défaut d’avoir pu en supprimer une : ces
ajustements personnels sont la ruine de la discipline liturgique ;
nul prêtre n’en a la faculté et ils sapent
le respect que tous doivent à la Messe. Car chacune doit être reçue
de l’Église dans sa cohérence propre, avec
les grâces qu’elle exprime et qu’elle communique : le
prêtre, en intendant fidèle, donnera
à chacun au mieux de ce qu’il peut recevoir, de
l’une et de l’autre, sa
part de blé jusqu’au Retour du Maître. Peut-être
faut-il alors simplement
appliquer à la Messe aujourd’hui, la solution de saint Thomas à
tant de problèmes théologiques inextricables pour les autres :
Elle est une seule chose en réalité ; mais non pas dans notre
façon de signifier. Ainsi le
Concile de Trente : session XXII sur le Sacrifice de la Messe ;
session XIII sur l’Eucharistie. De même Vatican II, Lumen
Gentium 1 : l’Église est
comme le sacrement, c’est-à-dire le signe et le moyen, de l’union
intime avec Dieu ; et de l’unité de tout le genre humain.
Finalement, les deux bras de la Croix: Jésus devait mourir; pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés.
basclergeensabots
La Vieille Poste, 21 août A.D. 2025, mémoire de S. Pie X