Pourquoi Jésus aime-t-il les petits enfants ? Pourquoi veut-il les avoir autour de lui, au point même de se fâcher si on les éloigne ? Parce qu’il est le premier des prêtres… grrrr. Pourquoi se sent-il bien au milieu d’eux ? Pourquoi les donne-t-il en exemple pour entrer dans le Royaume de Dieu ? En tout cas, pas à cause de leur innocence, puisque le Baptême va dans quelques instants effacer la tache originelle, dans l’âme du tout petit. Alors qu’est-ce qui peut donc nous aider à être sauvés dans leur façon d’être ? La simplicité ; la confiance ; la docilité.
La simplicité. Ils vivent et réagissent en tout au premier degré : quand ils sont contents, cela se voit tout de suite ; lorsqu’ils sont en colère, impossible de ne pas le savoir ; lorsqu’ils sont malheureux, nous le sentons également. C’est qu’ils n’accèdent pas encore au troisième de degré d’abstraction métaphysique, où nous-mêmes embrouillons toutes nos turpitudes.
La confiance, justement. Lorsqu’ils mentent, c’est pour protéger leurs vulnérabilités, couvrir leurs faiblesses, excuser leurs fautes. Mais ils ne peuvent même pas imaginer que les adultes, qui sont grands, qui sont forts, qui savent, puissent mentir. Voilà pourquoi mentir à un enfant, est une profanation.
La docilité, enfin. Car, même après avoir désobéi, ils se soumettent à l’autorité qui s’impose à eux, parce qu’elle ne les avilit pas, mais elle leur permet de grandir.
Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, mais c’est bien sûr ! C’est exactement le contraire de ce que nous avons fait au paradis terrestre :
Simplicité
- alors, comme ça, Dieu a dit.. ?
- Non, il n’a pas dit.. mais il a dit.. et donc voilà..
Confiance
- pas du tout, mais il sait bien que..
- ah, o.k… pourtant..?!..
Docilité
- mais alors.. au fait.. eh ben, tiens !
(black out)
Jésus nous donne les enfants en exemple, parce qu’ils nous montrent sans même y penser, ce qu’il nous faudrait faire, pour commencer à remonter le courant de nos péchés qui nous entraînent toujours plus loin, toujours plus bas, toujours plus mal. Mais il y a plus profond, si vous m’accordez encore quelques minutes. Jésus aime les petits enfants parce qu’il reconnaît en eux ce qu’il est lui-même, depuis le commencement; il veut les avoir autour de lui, parce qu’ils sont l’expression humble et splendide de quelque chose au plus intime de sa Personne ; il se sent bien au milieu d’eux et les donne en exemple, parce qu’il retrouve en eux des petits reflets de son Engendrement éternel par le Père : il est le Fils.
Evidemment, nous n’en parlons jamais parce que nous sommes complètement perdus dans ces grands Mystères. Mais il nous faut réussir à penser que la Divinité, la Nature divine, ce par quoi Dieu est Dieu, l’Esprit infini et tout-puissant, la Vérité subsistante, la Bonté absolument parfaite, que la Divinité, en somme, est éternellement donnée par le Père, que la Divinité est éternellement reçue par le Fils, que la Divinité est éternellement aimée dans l’Esprit Saint. Le seul vrai Dieu, le Dieu vivant, est l’Amour et la Source de l’Amour, la Sainte Trinité du Père et du Fils et du Saint Esprit.
On comprend alors que le tout-petit puisse devenir enfant de Dieu, par toutes les grâces que lui apporte le Baptême. On comprend aussi ce qu’est la communion dans l’Église, comme l’Apôtre dit dans la Lettre aux Galates : « il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus l’esclave et l’homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, tous nous ne faisons plus qu’un dans le Christ ». Non pas que ces différences soient effacées ou à déconstruire, mais elles sont transcendées par la grâce du Christ, c’est-à-dire qu’elles sont traversées et élevées : au point de n’être plus seulement les structures fondamentales de la vie en sociétés humaines au titre de la création, mais les relations nouvelles du royaume des Cieux au titre du salut
Comme on le voit dans la famille : les grands sont mis au service des plus petits. Tout le contraire des mœurs du monde. L’opposition est donc frontale entre l’idéologie dominante et la vie chrétienne. C’est pourquoi après le Baptême, on reçoit la Confirmation, l’Esprit de Force et de Vérité, pour combattre en bon soldat du Christ et témoigner même jusqu’au martyre. Et on reçoit l’Eucharistie, comme en viatique, pour la traversée d’ici-bas, Pain des Forts qui a la capacité de nous faire passer de ce monde jusque dans la vie éternelle. En travers du plan diabolique qui tyrannise le genre humain pour le mener à la perdition, le Christ s’est mis lui-même, et sa Mère plus terrible qu’une armée rangée pour la bataille, et son Eglise, et les Chrétiens, et même les tout-petits, pour confondre l’orgueil des puissants d’ici bas qui se croient immortels, et en un instant disparaissent.
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