"Va, et désormais ne pèche plus."
L'Evangile de la messe de ce jour reçoit une lumière incomparable du fait précisément qu'il est lu alors que nous sommes entrés dans le temps de la Passion. Sans cela, nous risquerions de nous empêtrer dans des considérations dévoyées sur la justice, en reprenant toute l'affaire à partir du sens frelaté que nous avons du péché, et de la perspective en partie inintelligible pour nous, du châtiment et de la peine. De telles discussions, le texte se fait l'écho, puisque nous comprenons bien: si Jésus dit de lapider la femme, c'en est fini de son enseignement de miséricorde; mais il va l'absoudre et alors on pourra le condamner, puisque c'est de lui que l'on est déjà résolu à se débarrasser.
Or Jésus n'est pas venu abolir la Loi qu'il a lui-même promulguée sur le Mont Sinaï au temps de Moïse, mais l'accomplir, c'est-à-dire la remplir de lui-même, comme il en avait averti les foules dans le Discours sur la montagne, au début de son ministère public. Il commence donc par nous faire passer du plan légaliste, au plan éthique ou spirituel: celui des relations de personne à personne, ici l'alliance de Dieu avec les hommes.
De fait, en donnant ses Commandements, Dieu manifeste son amour et révèle quelque chose de son être, en donnant en même temps le moyen de lui répondre, de lui correspondre. Car, en obéissant aux Commandements, les hommes sont non seulement rétablis dans la vérité de leur humanité, mais ils sont surtout élevés à la dignité d'honorer Dieu dans leur personne, en lui offrant ce qu'ils ont de meilleur: leur volonté propre.
Jésus dénonce donc d'abord l'injustice universelle: "celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter une pierre." Et il révèle ensuite le mystère de la Justification qui s'accomplira dans sa chair, aux Jours saints de Pâques. Jésus ne condamne pas, parce qu'il est venu prendre sur lui toute iniquité, au point qu'on lui préférera même un bandit. Mais surtout, par son sacrifice très saint, "jusqu'aux extrémités de l'amour" dira saint Jean, il nous rend la capacité, par lui, avec lui, et en lui, de faire le bien, et le bien souverain d'aimer Dieu comme il nous a aimés.
"Va, et ne désormais ne pèche plus": en sauvant la femme, il se livre lui-même. Comme dit l'Apôtre: "en mourant il a détruit nos péchés; en ressuscitant il nous a rendu la Vie".
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