16 novembre 2025

L'arbre qui cache la forêt

 

 

On a pu se rendre compte en soixante ans, qu’il ne sert à rien de critiquer une messe par l’autre et réciproquement : les critiques sont inopérantes parce que la messe n’est pas prise dans la réalité du Mystère qu’elle porte et selon sa cohérence propre. Par contre c’est le meilleur moyen de continuer la guerre, malgré cessez-le-feu et armistices, jusqu’au retour du Christ : mais ne nous attendons pas à des récompenses ce Jour-là, mais à sa colère, tous autant que nous sommes. Car cet exercice délétère continué par les protagonistes, empêche de voir, de nommer, de penser et de s’attaquer à la question véritable.

En réalité, la hiérarchie cléricale a tourné le dos à la règle catholique et apostolique formulée deux fois solennellement par saint Paul dans la première Lettre aux Corinthiens, mais elle ne l’a pas dit clairement pour éviter de perdre toute crédibilité devant les fidèles : chapitre 11 à propos de l’Eucharistie, « je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », la nuit même où il fut livré, le Seigneur prit du pain, etc. ; et chapitre 15 sur le kérygme, cet Evangile qui peut vous sauver, si du moins vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé, « je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu », le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, le troisième jour il est ressuscité selon les Ecritures, et il est apparu à Pierre et aux autres Apôtres, etc.. L’histoire de la période est désormais l’objet de travaux universitaires, et leurs résultats sont accablants.

Le coup de force était venu des clercs, la résistance fut donc naturellement portée par les familles, premières intéressées à la transmission de la foi et de la vie chrétienne à leurs enfants. Qu’a-t-il donc manqué aux fidèles pour réussir à conjurer la trahison des clercs et empêcher l’Église de tomber dans une crise qui l’a désarmée, au moment-même où l’adversaire voyait toute proche l’heure de son triomphe ? Des prêtres non jureurs et réfractaires n’ont pas manqué, et les chrétiens ont eu la sagesse de les protéger au lieu de les exposer en se réfugiant derrière eux. Un évêque a mis sa vie dans la balance, peut-être son éternité, pour assurer du mieux qu’il a cru, la possibilité que la Messe soit sauvegardée.

Non, ce qui a manqué à ces familles courageuses dans la foi, c’est la famille royale ! C’est le roi très chrétien, pour parler aux Évêques, lui-même sacré en son ordre par le Christ vrai roi de France : « assez de chamboulements de votre propre initiative ! revenez à l’intégralité de la doctrine ! observez la discipline ecclésiastique ! respectez la liberté des enfants de Dieu ! honorez la vraie dignité de votre charge, puisque vous avez été élevés pour servir et non pour être servis ! ». Fils aîné de l’Église pour défendre sa Mère jusqu’au retour de l’Epoux dans la gloire, il pouvait interpeller respectueusement même le Souverain Pontife. L’autorité temporelle royale a manqué, et manque toujours, parce qu’elle est usurpée par « ces gens que l’Église méprise » comme dit saint Paul toujours dans la première Lettre aux Corinthiens, et par des pirates avec lesquels la hiérarchie cléricale a plus d’une accointance.

Pourtant Vatican II venait de rappeler avec insistance à l’époque, le rôle des laïcs dans l’Église, ainsi que la grâce et la responsabilité, par leur état de vie, de leur contribution à sa communion et à sa mission dans l’ordre des rapports avec le monde dont leur vie séculière est tissée. Or c’est de cela que les clercs, en une sorte d’aveuglement ou d’ivresse, se sont emparés en totale usurpation, sans renoncer pour autant au pouvoir sacré. Ils ont ainsi tout accaparé, de sorte que la manipulation originelle est devenue une spirale infernale qui accroît le désordre à chaque tour : le plus pervers est sans doute que le ressort en est, odieusement, la lutte contre le cléricalisme !

Ce qui aurait pu n’être que des tensions salutaires entre des Évêques et Sa Majesté dans des années par ailleurs troublées, est devenu par l’absence du Roi, la division d’un esprit qui n’a jamais été celui du Christ, dans une Église en roue libre ; incapable de se réformer elle-même malgré les tentatives de tous les derniers papes, parce qu’elle s’est réduite à l’autorité de la Hiérarchie dans la sphère spirituelle, et n’est plus capable de reconnaître en vérité l’autorité temporelle, confiée aux Laïcs chrétiens par l’onction du Baptême, et singulièrement au premier d’entre eux, par le sacre du Roi de France. Gageons que le retour du roi sur le trône, remettra de l’ordre dans l’Église elle-même : par l’opération du Saint Esprit, premier Ordre de France !

 

bascleregeensabots

La Vieille Poste, 16 novembre A.D. 2025

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