Me permettez-vous un propos plus personnel en cet anniversaire de ma première Messe le 10 août 1981, fête de saint Laurent?
J’ai reçu avec les lectures de cette fête, les clés de mon sacerdoce : « Dieu aime celui qui donne avec joie ; si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il donne beaucoup de fruit ». Enthousiasme reconnaissant du jeune prêtre qui donne tout, sans rien savoir de ce que sera sa vie, sinon que la fécondité véritable sera mystérieusement celle du sacrifice. Quarante-et-un ans plus tard, totale actualité de la même Parole : action de grâce confondue pour la générosité du Seigneur qui a donné au-delà de tout ce que l’on pouvait demander ou même imaginer, dans l’union mystique au seul Sacrifice. En faisant mon testament, je me suis dit que ce seront de belles lectures pour la messe de mes funérailles, si le Seigneur m’en rend digne : « Dieu aime celui qui donne avec joie ; si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il donne beaucoup de fruit ! »
De fait, l’ordination donne en viatique au nouveau prêtre, ces mots qui accompagnent la traditio instrumentorum, la remise du calice et de la patène : « recevez l’offrande du peuple saint pour le sacrifice ; prenez conscience de ce que vous célébrez ; et conformez-vous au mystère de la croix du Seigneur. » Ce que j’ai commencé à faire dès le lendemain vers le soir, comme aujourd’hui. Dans une de ces fulgurances que l’on a parfois, je me suis demandé ceci, pendant la Messe du Jeudi Saint en pleine année du Sacerdoce, au coeur du tourbillon frappant l’Église d’Irlande, à la lumière de la lettre que leur adressait le Pape Benoît XVI : qui pourra dire lequel des deux est plus prêtre ? Du jeune prêtre splendide qui remplit les églises et fait courir les foules ; ou du vieux prêtre expiant ses crimes au fond d’une prison, où on l’a mis à l’isolement parce que les autres détenus ont horreur de lui. La croix du Seigneur peut être glorieuse ; elle est souvent d’ignominie : mais Jésus y est toujours le Crucifié en premier, et nous y venons seulement ensuite.
Peut-être savez-vous que saint Jean Bosco avait emprunté sa devise à saint François de Sales : « da mihi animas, cetera tolle ! Donne-moi des âmes, et enlève le reste ! » J’enviais cela, sans oser me l’approprier. Dieu soit béni pour son don ineffable. Prions les uns pour les autres, pour nous entraider à persévérer dans le bien : que le Seigneur qui nous reçoit ce soir à sa table en pèlerins, nous rassemble un jour au festin éternel dans son Royaume. Ainsi soit-il.
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